Le Président de la République, Monsieur Macky Sall a fait adopter en Conseil des Ministres du 21 mars 2018 :
*un projet de loi portant révision de la Constitution,
*un Projet de loi portant modification du Code électoral.
Il s’agit d’introduire le système de parrainage pour l’ensemble des candidats à la présidentielle, candidats des partis politiques et coalitions de partis y compris et ce à raison de 1% des inscrits sur le fichier électoral. Ce qui pourrait exiger de chaque candidat un minimum de 70 mille signatures valides. Une fois voté, la loi qui en émanerait s’imposera à tout le monde. A y regarder de près, la loi en question comporte un certains nombre de pièges aussi vicieux les uns que les autres.
Le projet de loi sur le parrainage fait débat. L’opposition rejette en bloc ce qu’elle considère comme une trouvaille du pouvoir pour imposer sa loi, tandis que le camp de la majorité, banalise et se dirige imperturbable vers un forcing électoral au niveau de l’Hémicycle, où elle dispose d’une majorité mécanique, corvéable à merci.
En rangs dispersés, l’opposition ne semble pas bien mesurer la gravité d’un tel projet de loi qui, une fois voté, servirait de tremplin vers un deuxième mandat presqu’inéluctable.
M. Pape Diop, leader de Bokk Guiss Guiss a pourtant énuméré avec pertinence, quelques uns des innombrables pièges que renfermerait ce projet de loi.
En 2012, les candidatures de MM. Youssou Ndour et Kéba Kendé ont été invalidées par le biais du système de parrainage. D’ailleurs, son objectif principal déclaré est de réduire le nombre de candidatures. Le hic est qu’il fonctionne d’une manière dont le contrôle échappe aux différents candidats à la Présidentielle. Pour dire, qu’il s’agirait d’un outil juridique susceptible de faire éliminer d’éventuels candidats indésirables, sans aucune possibilité de recours ou de contrôle !
L’autre piège résiderait dans le fait qu’un tel système permettrait, à celui qui est au pouvoir, de disposer de données électorales voire de tendances de vote pour chacun des candidats à la présidentielle, bien avant le jour du scrutin.
Dans un système politique, où l’on a vu le désistement de candidats investis têtes de liste, à la veille des élections, il est serait imprudent d’adopter un tel système de sélection.
Ce projet de loi est un véritable test pour les acteurs de notre démocratie. Si l’opposition ne réussit pas à convaincre le peuple pour faire échec à un tel projet, je ne crois pas qu’elle serait assez forte pour battre le candidat de la majorité en février prochain. Pour dire que les enjeux du prochain vote ou non de ce projet de loi, sont déterminants pour l’issue de la Présidentielle de 2019. Les acteurs politiques seront-ils suffisamment mûrs pour transcender ce redoutable obstacle ?
La réponse viendra de la Place Soweto.
Mamadou Bamba Ndiaye
Ancien Ministre
Membre du CE du Grand Parti