Dakarmidi – C’est une véritable démonstration de force. Après Dakar et ses environs, la cité religieuse a déroulé le tapis rouge à l’ancien président. Une foule nombreuse, composée d’hommes, de femmes, de jeunes filles et de garçons, tous âges confondus, est sortie massivement pour accueillir le Pape du Sopi.
Annoncé à 13 heures à Touba, c’est finalement vers les coups de 16 heures passées que l’ancien président de la République s’est signalé à l’entrée de Mbacké. Il est escorté par une kyrielle de voitures. De Ngabou à Touba en passant par Mbacké, les rues étaient noires de monde. « Gourgui Ya bari Dolé », s’époumone une dame, la quarantaine consommée, la carte d’électeur en l’air.
A côté d’elle, un vieil homme, tient entre ses mains une photo sur laquelle on peut voir Abdoulaye Wade et le défunt Khalife général des mourides, Serigne Saliou Mbacké, assis côte à côte, en toute complicité. « Nous sommes sortis spontanément. Les tee-shirts et les 2000 francs CFA que certains distribuent ne peuvent pas nous mobiliser. Touba te porte dans son cœur », déclame le vieux. « On dirait le Magal de Touba », s’enorgueillit un jeune homme vêtu des couleurs du Pds, dégoulinant de sueur.
Tout de blanc vêtu, Abdoulaye Wade se tient debout sur son véhicule pour communier avec la foule. Pendant plus de 3 tours d’horloge, il a fait sa marche bleue avant de terminer sa procession à la résidence Khadimou Rassoul où il a été reçu par le Khalife général des mourides, Serigne Mountakha Mbacké. L’ancien chef de l’Etat a choisi ce lieu symbolique pour livrer son message.
« Je suis le président le plus diplômé d’Afrique »
D’entrée, Me Abdoulaye Wade a retracé ce qui le lie avec la confrérie mouride. Il dit entretenir des rapports très particuliers avec les fils et petits du fondateur du mouridisme, Cheikh Ahmadou Bamba. Et, cela date de très long. « Tout ce que j’ai eu dans ma vie, c’est grâce à Serigne Touba », rappelle Me Abdoulaye Wade. Les fidèles approuvent par des claquements de doigts et des « Euskey ». Revigoré par cette marque de sympathie, Abdoulaye Wade poursuit en déclarant qu’il est le président africain le plus diplômé. « Je suis titulaire de 19 diplômes mais je ne m’en glorifie pas », renseigne-t-il. Poursuivant son propos, il indique avoir gouverné le pays dans les règles de l’art. D’autant qu’il n’a jamais détourné les derniers publics. « Après ma défaite, quand je quittais le Sénégal, je n’avais que 700 mille francs CFA en poche. Un montant que j’ai après distribué aux nécessiteux. Je n’ai pas de compte bancaire nulle part dans le monde. Vous pouvez aller vérifier où vous voulez mais personne ne verra dans les banques un compte qui m’appartient. Mais, mon successeur ne pourra pas dire cela. Aussitôt après son élection en 2012, il avait déclaré avoir un patrimoine de 8 milliards de francs CFA. Il disait que c’est moi qui les lui avais offerts. C’est faux. Je lui ai offert un franc », précise-t-il.
Non à la violence électorale
Comme à Dakar, le Pape du Sopi a réitéré sa requête pour le report de l’élection présidentielle à un mois. Ce, justifie-t-il, parce que toutes les conditions ne sont pas réunies pour tenir une élection libre transparente et démocratique. « Macky Sall a institué le parrainage pour éliminer ses adversaires les plus dangereux. Je lui ai demandé de reporter la présidentielle pour une durée d’un mois. Ainsi, il pourra dialoguer avec l’opposition pour redéfinir les règles du jeu », a-t-il soutenu. S’agissant du discours va-t’en guerre qu’on lui assigne, Abdoulaye Wade a fait savoir qu’il n’a jamais incité les gens à la violence et il ne fera jamais. « Je ne prône pas la violence et je ne suis pas venu pour mettre le pays dans le chaos. Je vais engager une lutte pacifique pour amener Macky Sall à reporter la présidentielle. Il sera responsable de toute violence qui aura lieu dans ce pays s’il s’entête à tenir l’élection présidentielle », a laissé entendre Me Wade. Après son discours, il a eu un entretien à huis clos avec le Khalife général avant de faire cap sur Ndiassane.