Dakarmidi- D’emblée, le colonel Abdoul Aziz Ndao freine ferme : «Je ne reparle pas des affaires de la gendarmerie.» La mise au point faite avec autorité et fermeté, le colonel à la retraite parle de la tension latente qui empeste l’atmosphère du pays à deux mois de la Présidentielle. Lui l’auteur du livre, pour l’honneur de la gendarmerie parle dans cet entretien téléphonique accordé à IGFM sur le comportement que devrait adopter les forces de l’ordre dans des situations à enjeux. Comme toujours, le ton est haut et les vérités crues.
«Personne ne laissera ce pays se détruire…»
IGFM-Il y a une tension politique latente et le discours des uns et des autres est va-t-en-guerre, est-ce que tout ça ne fourgue pas la peur ?
Par principe, je n’aime pas trop me prononcer sur la situation politique pour interpréter les discours des uns et des autres. L’important pour moi, c’est que nous avons des forces de l’ordre assez responsables et qui sont bien conscientes de leur mission. Elles sont prêtes à remplir leur mission régalienne. Il y a deux choses qui me semblent primordiales. D’abord, il faut que chacun prenne ses responsabilités pour savoir que ce pays nous appartienne tous. Et je ne pense pas que l’Etat, les autorités politiques, les forces de l’ordre etc répondront en tenant compte des situations. Personne ne laissera ce pays se détruire. Donc s’il faut maintenir l’ordre les gens maintiendront l’ordre. Cela à mon avis, il n ‘y a pas de problème. Maintenant toute la légalité républicaine ça restera et j’ai confiance aux forces de l’ordre. Sans parti pris.
IGFM-Que peut-on faire pour que cette tension politique latente baisse d’intensité ?
D’abord, il y a l’appel des religieux, c’est le premier point, en second lieu il faut un discours responsable. L’élection présidentielle passera après le Sénégal restera le Sénégal. Et puis, il ne faut pas que les politiciens se trompent, ce peuple est assez conscient, mature on ne peut pas l’entrainer dans des choses qui ne tiennent pas la route, des histoires de calcul. C’est vrai qu’il y a un discours va-t-en-guerre qui est normal et c’est le jeu politique et démocratique qui voudraient que chacun tire le maximum pour avoir un minimum.
«Nos forces armées, le ciment de notre République»
IGFM-Quels conseils donneriez-vous aux forces de l’ordre par rapport à ces échéances là, par exemple le comportement à adopter ?
Je n’ai pas de conseils à leur donner. A mon avis, il y a eu plusieurs fois des élections au Sénégal. Et jusqu’à présent, il n’y a pas de dérapages imputables aux forces de l’ordre. Il y a pu y avoir des incidents, mais que délibérément des forces de l’ordre fassent des choses qui ne correspondent pas à l’exécution de la loi, ça non. Parce que j’ai confiance aux forces de l’ordre.
«Aucun officier n’exécutera un ordre illégal»
IGFM-Est-ce les forces de l’ordre ne doivent pas montrer parfois qu’ils sont du côté du peuple et que si on leur donne des ordres qui ne sont pas adéquation avec la loi qu’elles n’exécutent pas ?
On dirait que c’est la première fois que le Sénégal organise des élections. Vous savez en 2000, j’étais le directeur des affaires juridiques de l’armée. Pour les élections, j’ai tenu à ce que toutes les réquisitions se fassent dans un cadre légal et ça été fait. Le général Lamine Cissé était ministre de l’Intérieur, il a fait toutes les réquisitions qui étaient nécessaires et il n’y a pas eu de dérapages ou de crise. Je ne vois même pas un ordre illégal, aucun officier n’exécutera un ordre illégal. Les éléments des forces de l’ordre (la police, la gendarmerie) sont des Républicains. Maintenant, il ne faut pas commencer à poser des problèmes de confiance. J’ai entièrement confiance aux forces de l’ordre, elles vont jouer leur rôle. Honnêtement les hommes qui dirigent ces entités sont de responsables. Hier seulement je le disais les forces armées ; c’est le ciment de cette république et elles feront ce que l’Etat, la nation sénégalaise veulent. Et puis, des anciens présidents de la République ont perdu des élections ici.
IGFM