Dakarmidi – La campagne arachidière 2016-2017 bat de l’aile. Lancée le 1er décembre dernier, elle n’arrive pas encore à satisfaire la masse de producteurs malgré les efforts consentis par l’Etat dans la politique commerciale en portant le prix à 210 Fcfa cette année, soit une augmentation de 10 Fcfa par kilo. Il y aurait, d’après nos sources, un sérieux problème de décaissement de la part de l’Etat. En termes clairs, la production n’est pas encore écoulée d’une façon satisfaisante. C’est au compte-gouttes que les choses se font, malgré des promesses mirobolantes.
Conséquence, les producteurs sont dans le désarroi total. La preuve, ils comment même à brader les récoltes car c’est avec les fruits de leur labeur que ces paysans assurent un minimum vital. Malheureusement, aujourd’hui, ils n’ont plus rien à manger. Certains d’entre eux se rabattent sur le marché noir et bradent les produits aux prix modiques de 125 ou 150 FCfa. Les Chinois qui offrent une alternative profitent de cette situation, étant entendu que l’Etat a augmenté les taxes à l’exportation de l’arachide.
Il s’y ajoute le fait que certains agriculteurs voient leurs produits se détériorer avec les difficiles conditions de conservation. La Banque Cncas est elle aussi débordée. Car, des opérateurs privés peinent à payer leurs dettes du fait des manquements de l’Etat à ce propos, qui leur doit de l’argent. Le Président des opérateurs privés, stockeurs d’arachide, avait même tiré la sonnette d’alarme, estimant que si d’ici le 20 décembre, leur dette n’était pas réglée par l’Etat, ils seront dans l’impossibilité d’assurer une campagne arachidière digne de ce nom.
C’est dire que si l’Etat n’applique pas des solutions draconiennes et rapides dans le sens d’obvier cette situation, il faudra qu’il se prépare à pourvoir à des vivres de soudure, en relation avec le Commissariat à la sécurité alimentaire. Ce qui est une opération très coûteuse, même si les partenaires sont là pour apporter un soutien.
Pourtant, on avait annoncé il y de cela quelques jours, l’obtention par la Sonacos Sa d’un prêt de 45 milliards de la part de la Société Internationale Islamique de financement du commerce (ITFC), pour financer une partie de la campagne arachidière.
Mais force est de constater que cette société, reprise en main par l’Etat, ploie sous une dette de 54 milliards, en plus d’autres pertes sur le capital estimé à plus de 17 milliards. La CNCA et la BNDE qui devraient lever des fonds ne l’ont pas encore fait. Aujourd’hui, les engagements envers le monde rural ne sont pas respectés. Et ce n’est pas nouveau.
Durant le magistère du Président Wade, les bons impayés avaient défrayé la chronique, tant elles avaient causé des situations dramatiques de pauvreté et de famine dans un monde rural où les acteurs avaient pris conscience du fait qu’ils bénéficiaient de peu de considérations de la part des pouvoirs publiques. Si en effet l’agriculture constitue le talon d’Achille de notre politique d’émergence, il faudra davantage se serrer les coudes afin de financer et d’organiser ce secteur où les paysans ont fini d’acquérir un savoir-faire qui forge le respect.
Aujourd’hui, l’agriculteur, dans tous les secteurs, est exploité par des intermédiaires et autres profiteurs qui récoltent la plupart des dividendes de leurs productions. Dans ce jeu de dupes, il est important que l’Etat prenne le problème à bras le corps en rétablissant les équilibres par une politique agricole efficace, afin de relancer un secteur qui est le meilleur pourvoyeur d’emplois. Il n’est acceptable que les paysans soient ceux qui profitent le moins de leurs activités. Car, soit la production n’est pas bonne pour diverses raisons, soit si elle l’est, c’est la commercialisation qui fait défaut.
Assane Samb (Rewmi)