Dakarmidi – Les confrères du « Monde Afrique », ont constaté que l’Afrique forme des sociologues et des philosophes à la pelle, mais compte peu d’ingénieurs opérationnels. » Tel est aussi selonune analyse qu’ils ont réalisés sur le sujet, le constat d’Etienne Giros, président délégué du Conseil des investisseurs français en Afrique (CIAN). Pourtant les besoins sont énormes : bâtiment et travaux publics, génie civil, mécanique, électricité, maintenance, logistique (notamment gestion de la chaîne du froid), mines, agronomie, énergie, télécoms et numérique.
Les raisons de cette pénurie ? Le métier d’ingénieur, et plus généralement les professions techniques ne sont pas toujours valorisés et le continent souffre du syndrome de « l’ingénieur climatisé » présice la même source. Entendez par là celui qui délaisse le terrain au profit de son bureau. Quant aux formations, leur niveau est pour le moins disparate. « Nos membres se plaignent d’avoir à compléter, voire à reprendre la formation de leurs nouvelles recrues, illustre Etienne Giros. Il y a un vrai problème de qualité de l’enseignement et les formations ne sont pas assez tournées vers les entreprises. »
Laboratoires et programmes obsolètes
Dimitrios Noukakis, directeur des MOOC (formations en ligne) Afrique à l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne, enfonce le clou : « En Afrique subsaharienne, les conditions pour faire de la recherche ont un niveau qui va de très faible à très moyen. Les laboratoires sont souvent obsolètes. Il n’est pas rare que les étudiants travaillent sur des circuits électroniques qui n’existent plus ! Les programmes sont à dépoussiérer. » Pourtant, les capacités des étudiants africains ne sont pas en cause. Loin de là. « Le niveau des élèves des classes scientifiques au lycée est très bon, le problème se situe au niveau post-bac », souligne Jeanne Duvallet, membre de la Commission des titres d’ingénieur (CTI) et vice-présidente des relations internationales de Grenoble INP.