Les missiles russes S-400 livrés à la Turquie ne seront pas activés avant plusieurs mois – alors que leur armement était prévu pour ce 30 avril au plus tard – officiellement en raison de l’épidémie. La Turquie a aussi et peut être surtout besoin de ménager Washington pour des raisons de politique extérieure, mais aussi pour son économie.
Cette semaine la Banque centrale turque a abaissé son taux directeur pour la 8e fois, un signe parmi d’autres d’une économie en difficultés. Avec la récession mondiale qui menace la Turquie comme les autres, ce n’est pas le moment pour Ankara de risquer des sanctions économiques pour avoir armé les S-400.
Seconde raison de ne pas se fâcher avec Washington : l’économie turque aurait besoin d’un bol d’air et Ankara pense à un coup de pouce discret de la Banque fédérale américaine via un échange de devises.
Il y a également le dossier syrien, majeur pour Ankara. Enlisement du conflit, trop de soldats tués, l’intervention militaire turque n’a plus le soutien de l’opinion… L’occasion serait trop belle pour l’opposition de faire pression pour demander que ces missiles armés soient déployés en appui aux forces turques sur la frontière avec la Syrie. De quoi se mettre en difficulté avec Moscou. En n’armant pas ces missiles, Erdogan s’est surtout offert du temps, pour ne fâcher ni la Russie, ni les Etats-Unis.