Dakarmidi – Ultime nuit, ultimes chœurs, ultimes brasses, tel un silence sacré qui entourait les disciples de Khalifa Ababacar Sy (rta), un lundi balafré par des cris de douleur, qui a laissé essaimer des psalmodies à la hauteur du disparu.
1957, 60 ans déjà sonnaient aux portes des cœurs des hommes de Dieu, chapelet à la main, « Çalatul Fatihi » aux lèvres, les démiurges assoiffés de connaissance, ramaient vers ses ondes, la terre sacrée où convergeait le savoir dans les lucarnes des percepteurs et dans les arcanes des récepteurs, au grand soin du message codifié des décideurs en zone strictement réservée, le creuset de la pensée, telle une chirurgie mystique à coeur ouvert, administrée aux disciples immunisés du Saint Illustre (psl).
Son calme parlait à Dieu, son silence instruisait les serviteurs de l’Ineffable, ici comme ailleurs, Khalifa Ababacar avait tendu la main à ceux chez qui, Aboul Abbass raisonnent dans le coeur, la fertilité de l’âme en osmose avec les chœurs en multiples doses, n’osent y pénétrer que les quémandeurs de dons divins.
Son visage était le lieu où confluaient les lumières saintes, sa main soyeuse cicatrisait les blessures des cœurs trempés dans l’anxiété. Sa voix était le mur salvateur des maux. Il avait pour don Dieu, pour son le Prophète, pour ton Aboul Abbass et pour fond Maodo, Gaya témoigne sans cri, ni tri de la haute éminence de Mame Khalifa.
Et soudain, dans la satiété, la nouvelle génération brise le silence et cristallise son amour pour lui. Dans le reflet, la vieille garde se l’approprie, ô jalousie sacrée dévoile tes lianes enchevêtrées, ô courtoisie douce voile tes férus de tes essences aux fines senteurs, ô poésie volontariste entoile tes liturgies, les disciples de Khalifa rendent hommage à leur Illustre Maître.
Serigne Babacar Sy demeure à jamais dans nos cœurs en une veine fine, qui illumine nos mines massées au long des dunes, tel un pont hiératique qui relie l’amour à l’espoir, l’endurance à l’abondance, le quiétisme à l’altruisme. Il a vécu dans les rives divines, entraînant les foules sans trêve dans la voie céleste, l’Exalté au chevet de ses créatures, Serigne Babacar en connaissait l’herméneutique.
Le monde des initiés vaquent aux soins des opprimés, de ceux-là qui tendent la main à Dieu et qui attendent au retour, qu’un de ses serviteurs y dépose un don. À Dakar comme à Tivaouane, et partout dans les sphères du pays, le maître était le socle sur lequel reposaient les mystères de Maodo, il était devenu le sage héritier aux infinis dons paramétrés à son existence sur terre, et au-delà, une source intarissable de mansuétude, debout comme assis le monde lui avait tendu la main, et les ermites communiaient avec lui de nuit comme de jour. Il était la pleine lune, d’une beauté sublime qui a envoûté l’univers et ses locataires.
Les larmes ont agressé nos yeux, la souvenance de ta beauté nous plonge dans ta grandeur, amplifiée par les rayons divins, nos cœurs sont meurtris, rien qu’à l’idée de penser que tu es loin de nous, heureux nous sommes rien qu’à sentir ta présence éternelle à nos côtés.
Nos cœurs battent dans les affres de l’orphelinat, comme si le temps fait remonter dans nos gorges asséchées par les tourbillons de la finitude, des douleurs saillantes, et affligés, nous pleurons comme ces bouts de bois de Dieu qui cherchent désespérément à retrouver leur sauveur au milieu d’une infinie étendue envahie par des lions et des tigres affamés, et te voilà Sy Malick nous sauvant en toute aisance, domptant le mal et l’excitation
La gloire scintille aux allées de ton sublime visage, courtois, tissé des rives du meilleur des Mecquois, tu es ce connu inconnu, ô Khalifa Ababacar Sy. Ils t’ont préféré à tout autre guide, laissant de côté familles et amis, tournant le dos au cercle des plaisirs, des passions et des vices. Tes disciples se sont éloignés des désirs temporels et des dorures d’ici-bas, en Dieu est leur fortune, en Aboul Abbass est leur commerce et en son Illustre grand-père est leur bénéfice, exemptés de perte et d’impôts.
Le champ de bataille de tes illustres « Mouhadams » était le zikr, dans leur coeur retentissent la foi, la loi et la joie, leur quête perpétuelle du Seigneur est synonyme d’élévation et de sanctification, la sève de l’amour suinte à petites gouttes dans leurs veines, Serigne Babacar Sy repose dans son auguste palais à Tivaoune et dans d’autres demeures, partout ailleurs.
Shasty
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