Qu’attendons-nous dans notre continent, pour « légaliser » cette boulimie du règne, consistant à ne jamais quitter le pouvoir ? Au point de n’accepter aucun autre citoyen de son terroir, fût-il de l’opposition, à aspirer à un fauteuil présidentiel. Ce que nous vivons en Afrique de l’Ouest, surtout chez et autour de nous, c’est tout comme.
Au pays de feu Papa Houphouët Boigny, l’actuel Chef d’Etat qui eut à bénéficier de la sympathie et de l’aide du reste du monde, sans oublier cette vérité politique venue à l’heure, avant d’accéder au pouvoir face à l’ex- régime policier et dictatorial de Gbagbo, joue en ce moment, tristement sa partition dans la symphonie démocratique. Piqué par ce virus scotchant nos Présidents à la tête de leur Etat, Abdoulaye Ouattara se noie, présentement, dans un océan clair-obscur, quant à ses déclarations incolores et inodores.
Et plus grave, son ancien collaborateur et compagnon de lutte aux temps des braises, qui eut à occuper d’importants postes — Premier Ministre, Président de l’Assemblée Nationale etc… — risque de ne pouvoir faire, de si tôt, un retour au bercail. Coupable d’afficher une certaine ambition politique, voire une candidature à la prochaine élection présidentielle. Or, un troisième mandat n’était même pas envisageable pour l’actuel premier magistrat ivoirien.
Des tractations et subterfuges d’une justice au service d’un exécutif —- Comme c’est le cas dans la majorité des pays africains — fut lancé un mandat d’arrêt international à l’endroit de Guillaume Soro. l’accusant d’un chapelet de délits : atteinte à la sûreté de l’Etat, détournement de derniers publics, complicité à des assassinats etc… Un seul dessein : le rendre inéligible.
D’ailleurs, Gbagbo lui aussi, après un exil à la Cour Pénale Internationale ( CPI ), nonobstant son élargissement par cette juridiction, se voit interdit de rentrer à Abidjan. La justice de son pays lui a encore trouvé des cafards judiciaires pour le condamner sévèrement.
En Guinée-Conakry, le Président Alpha Condé n’a pas encore fini de nous étonner. Sans scrupules, sans autre forme de procès, sans consensus quelconque avec la classe politique confondue du pays qu’il dirige, il tient coûte que coûte à engager une candidature d’un troisième mandat. Bien que la Constitution de Conakry ne le lui permette guère. Son coup de forcing anti-démocratique l’encourage malheureusement, aujourd’hui, à se fixer des dates de compétitions électorales. Celle d’un référendum lui permettant de tripatouiller le contenu du législateur guinéen, afin de pouvoir filer vers un troisième mandat; mais, également, celles des législatives couplées à la future présidentielle. Ah ! Prétentions farfelues quand vous nous tenez ! Dalein Diallo, autres opposants et forces démocratiques du terroir ont déterré la hache de guerre.
Une situation qui plonge les 3/4 des populations en constante ébullition. Entraînant des pertes de vies humaines, suite aux affrontements entre forces de l’ordre et manifestants. Une trentaine de morts parmi ces derniers qui ont décidé de ne plus lâcher la proie pour l’ombre. Présentement, l’atmosphère socio-politique de nos voisins guinéens et délétère et déplorable. Alpha Condé en est le principal concerné et responsable.
Chez nous, ce que nous vivons, se confond plutôt au cas ivoirien. Une médisance du first magistrat de notre terroir. Et une parmi tant d’autres. Ternissant ainsi la belle et historique avancée démocratique dont jouissait notre baraque. Plus les prochaines échéances ( locales et législatives renvoyées aux calendes grecques !) s’approchent, plus le « Roi » se colore en mi-figue, mi- raisin.
Après huit (08) ans et quelques mois d’une mauvaise gouvernance aux multiples scandales financiers et de privations de droits de liberté, voire d’un bilan économique aussi désastreux qu’inattendu, le président de la Coalition dirigeante de Ben Bokk Yaakar, de l’Apr et de la République du Sénégal, a servi la nuit du 31 Décembre 2019 au 1er janvier 2020, devant tout son peuple, une réponse de « Ni oui », « Ni non » à un confrère signataire d’une question fermée.
Jusqu’au moment où nous dessinons ces lignes, Kor Marième Faye Sall semble malicieusement se jouer des sénégalais que nous sommes, refusant de les fixer sur un mandat de trop sur lequel il ne jouit d’aucun doit. Lui aussi atteint par cette épidémie d’un règne sans fin.
Concernant ceux qui devraient être ses principaux adversaires électoraux, la condamnation pénale, l’exil forcé, l »inéligibilité deviennent les armes de chevet du « Roi ». Sauf miracle, les observateurs que nous sommes, ne voient pas encore une amnistie à l’endroit d’un Karim Wade du Pds et de Khalifa Sall le socialiste. Serait-il frileux des rencontrer frontalement à la prochaine présidentielle 2024 tant rêvée ?… Ce qui nous pousse à demander :— Où va notre Chère Afrique ?
Elhadj Yvon Mbaye
Journaliste-formateur
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