Dakarmidi – Franchement, la politique, sous nos cieux, se passe de commentaire. Hier par exemple, on a entendu Idrissa Seck tresser des lauriers à Me Abdoulaye Wade, celui-là même qu’il qualifiait d’ancien spermatozoïde et de futur cadavre. Pour charmer l’électorat du PDS donc, voilà que le président du conseil départemental de Thiès affirme, en regardant ses compatriotes les yeux dans les yeux, que si Wade est écarté de la scène internationale, malgré sa « sagesse » et tout, c’est à cause de Macky Sall.
Pourtant, à chercher dans les archives, Idrissa Seck lui-même prédisait ce sombre avenir pour Wade en soutenant qu’il a bousillé son image en tenant coûte que coûte de donner le Pouvoir à son fils, Karim Wade. Ngorsi disait d’ailleurs avoir…pitié du vieux. Voilà ce qu’il disait exactement dans une interview accordée à Jeune Afrique et parue le 10 janvier 2012 sous le titre « Mon seul problème, c’est Wade » : « J’éprouve de la pitié pour lui (ndlr, Wade). Il avait le potentiel pour être un dirigeant africain exceptionnel. Il a été très bien élu. Il n’y a presque pas eu de troubles à l’ordre public pendant son premier mandat : aucune manifestation, une adhésion populaire exceptionnelle… Il avait de très bonnes idées. Mais tout cela s’est évaporé, son leadership a été fissuré par ce projet insensé de dévolution monarchique d’un pouvoir pourtant conquis de haute lutte, par la voix démocratique ».
A la question du journaliste : « C’est l’amertume qui vous fait parler? » Idy répond : « Non. C’est le même type de sentiment qu’a dû éprouver le général de Gaulle, qui connut Philippe Pétain en colonel vigoureux et intelligent à Arras, puis en héros à Verdun, et qu’il a vu, vieillard à Vichy, déshonorer la France. J’ai vu Wade opposant exceptionnel, avec des idées novatrices, je l’ai vu commencer par être un bon président… C’est après un bon président… C’est après que tout a changé. »
Libération