Dakarmidi – La reine du royaume Ashanti, Nana Afia Kobi Serwaa Ampem II, est décédée lundi 14 novembre. Une semaine de commémorations a débuté jeudi 24 novembre. À cette occasion, Jeune Afrique revient sur cette figure traditionnelle de ce royaume situé dans l’est du Ghana.
Jeudi 17 novembre, un bulletin officiel du Palais Manyia de Kumasi annonçait le décès de la reine du royaume Ashanti, Nana Afia Kobi Serwaa Ampem II. Officiellement âgée de 111 ans, la Reine est partie « en paix, dans son sommeil » le lundi 14, selon le communiqué du palais. Nana Afia Kobi Serwaa Ampem II était la reine mère du royaume depuis 1977, et la treizième femme à porter ce titre.
La semaine de deuil avait commencé jeudi dernier, avec comme consignes l’interdiction formelle de procéder à des enterrements et de faire du bruit sur l’ensemble du territoire royal. Les chefs traditionnels sont réunis depuis hier à Kumasi, la capitale du royaume, pour élire une nouvelle reine. Selon la tradition, la désignation de sa remplaçante par le roi sera faite après les funérailles de Nana Afia Kobi Serwaa Ampem II. Aucune date n’a pour l’instant été fixée.
Dès l’annonce de son décès, tous les partis politiques du pays ont annoncé la suspension de leur campagne pour l’élection présidentielle du 7 décembre prochain. Les candidats, notamment le président sortant John Dramani Mahama et son principal opposant Nana Akufo-Addose étaient présents hier pour lui rendre hommage.
Mère du peuple Ashanti
Au Royaume Ashanti, implanté dans l’est de l’actuel Ghana et dont l’origine remonte au XIIIème siècle, la reine, bien que dépourvue de pouvoir politique, demeure la plus importante figure traditionnelle du royaume, avec une forte influence sur la population. Choisie tout comme le roi parmi les descendants du clan Oyoko – le clan fondateur du royaume qui unifia sept autres clans au sein du royaume – elle n’a pas le statut classique d’une reine, n’étant pas l’épouse du roi, ce qui ne l’empêche pas d’occuper une fonction considérée comme particulièrement importante par ses sujets.
Disposant de sa propre cour, son statut social correspond à celui d’un homme – dont elle porte les habits lors de ses apparitions en public – et lui confère une autorité morale sur les chefs traditionnels. Chargée de veiller sur sa communauté, elle préside aussi une cour de justice traditionnelle pour résoudre les conflits mineurs.
10 000 « reines mères »
En tant que Asantehemaa (« Reine mère ») du Royaume, elle a également autorité sur les 10 000 « reines mères » que compte le territoire Ashanti. Dotées de plus ou moins de pouvoirs, celles-ci nomment et révoquent les leaders communautaires. L’auteur Nkansa Kyeremanteng, dans son ouvrage Les Akans au Ghana : leurs coutumes, Histoire et institutions, compare la reine mère à la reine des fourmis dans une fourmilière.
Au royaume Ashanti, le lignage royal provient de la mère (filiation matrilinéaire) et il revient à la Reine de nommer le nouveau roi lorsque le précédent décède. Tous les rois devant rester dans la famille de la mère, Nana Afia Kobi Serwaa Ampem II a ainsi nommé son fils, Otumfuo Nana Osei Tutu II, sur le trône en 1999.
Jeune Afrique