Dakarmidi – En Gambie, la Commission vérité, réconciliation et réparations promise par le nouveau gouvernement est en train de prendre forme. La majorité de ses membres ont été nommés, et son inauguration officielle devrait se tenir en octobre 2018. Pour autant, la population se pose encore de nombreuses questions sur son rôle, son indépendance, la place accordée aux victimes, les réparations. Une réunion publique était donc organisée, samedi 22 septembre, près de Banjul, pour que chacun puisse exprimer ce qu’il attend de cette Commission.
La salle est bondée, certains sont venus pour des précisions, d’autres partagent leur inquiétude, parfois même leur colère. Sainey Faye a été torturé par la NIA, l’agence de renseignements, au début du régime de Jammeh. Il espère que cette commission lui offrira enfin un espace pour s’exprimer : « A la NIA, ils nous déshabillaient, et nous donnaient des chocs électriques, sur les parties intimes, et puis ils approchaient une flamme près de nos oreilles, et nous forçaient à parler. Nous, les victimes, il faut que l’on dise notre vérité, avant de parler de réconciliation. Maintenant, on va pouvoir raconter ce qui s’est passé ».
Une telle commission a aussi besoin de temps pour s’installer. Et cela peut être frustrant comme l’explique Yama Lowe : « C’est vrai, la commission progresse, mais de façon très lente selon moi. Ici, en Gambie, tant que quelque chose n’a pas vraiment commencé, on n’y croit pas. Et cela fait deux ans que les victimes sont toujours en souffrance. Et pour ceux qui ont besoin de traitement, il devrait y avoir une procédure rapide ».
En face, on trouve des membres de la commission attentifs, comme Mustapha Kah, qui en profite pour rappeler quels seront ses pouvoirs : « Parfois les attentes dépassent le mandat de la commission. Nous ne sommes pas un tribunal. L’une de nos principales missions c’est d’enquêter sur ce qui s’est passé, et si nécessaire nous ferons parfois des recommandations pour des poursuites judiciaires ».
D’autres réunions devraient être organisées avant le lancement de la commission, pour que les Gambiens puissent participer à sa mise en place.