Dakarmidi – Le président gambien sortant Yahya Jammeh, qui est revenu sur la reconnaissance de sa défaite électorale, va contester les résultats devant la Cour suprême, a annoncé son parti dans la nuit de samedi à dimanche.
Dans une déclaration télévisée vendredi soir, M. Jammeh a effectué une brutale volte-face en annonçant, une semaine après accepté les résultats donnant la victoire à l’opposant Adama Barrow au scrutin du 1er décembre, qu’il les rejetait, exigeant un nouveau vote.
Ce revirement a suscité une vague de condamnations de la communauté internationale, qui l’a pressé de reconnaître sa défaite et de céder le pouvoir au président élu.
Cette déclaration télévisée « était un prélude au recours que l’APRC (Alliance patriotique pour la réorientation et la construction, au pouvoir) est en train de préparer devant la Cour suprême contre une décision frauduleuse de l’IEC » (Commission électorale indépendante), selon un communiqué du parti.
Le parti cite la Constitution, selon laquelle seule la Cour suprême peut trancher les litiges sur les résultats électoraux.
Tout candidat à la présidentielle peut la saisir dans les dix jours suivant la proclamation des résultats, soit en l’occurrence le 12 décembre, mais lundi étant férié ce recours ne devrait être déposé que mardi, selon des juristes. Par ailleurs, la Cour suprême n’étant pas au complet, plusieurs juges devront être nommés avant qu’elle ne puisse statuer.
Le président élu a appelé samedi M. Jammeh à accepter sa défaite, rejetant sa demande de nouveau scrutin, et a invité ses propres partisans au calme.
« Je l’exhorte à changer de position et à accepter de bonne foi le verdict du peuple », a déclaré M. Barrow à l’issue d’une réunion de l’opposition, soulignant que le président n’avait pas le pouvoir constitutionnel de convoquer un nouveau scrutin.
« Tout comme j’ai loyalement accepté les résultats, en croyant que la Commission électorale était indépendante, honnête et fiable, je les rejette dans leur totalité », a affirmé M. Jammeh vendredi, dénonçant des « erreurs inacceptables » de la part des autorités électorales.
Il a pointé une erreur de comptabilisation reconnue par la Commission électorale, ramenant l’écart entre MM. Barrow et Jammeh à quelque 19.000 voix seulement, et fait état d’ »enquêtes » sur l’abstention révélant selon lui que de nombreux électeurs n’ont pas pu voter ou en ont été dissuadés par des informations erronées.