Dakarmidi – Ceci n’est qu’une fable. Toute ressemblance avec un contexte ou des personnages réels serait fortuite et involontaire.
Il était une fois, dans la partie orientale détachée du Gondwana, un État dénommé République Démocratique de Ndoumbéland (RDN).
Comme ailleurs sur ce continent à la fois vieux et neuf, le Président élu de la République rêva de se transformer en dictateur-roi, et autour de lui de nombreux princes tout d’un coup anoblis.
Et puisque nous nous trouvons dans cette partie orientale du Gondwana, un dictateur-roi ne l’est pour durer en fonctions et s’enrichir lui et sa proche famille.
Le Monde avait cependant évolué. Les contraintes à de tels projets étaient devenues nombreuses. La modification de la constitution était désormais opération fort délicate. Les rajouts aux durées promises et le trucage des élections restèrent les seuls moyens disponibles. Ils furent donc utilisés à outrance.
Au dictateur-roi limité dans la durée de l’exercice de son pouvoir malgré une ruse constitutionnelle pouvant lui donner trois plutôt que deux mandats, il ne restait donc plus que l’enrichissement à outrance et dans la précipitation. Et voilà que vinrent d’encourageantes nouvelles sur la découverte de gaz et de pétrole en RDN.
Un procédé de « haute facture intellectuelle » que l’on pourrait intituler le « courtage en sous sols » avait déjà été expérimenté avec beaucoup de réussite sur des périmètres miniers de la RDN prometteurs en or. L’attribution de ces derniers à des caciques du régime sans aucune compétence technique ni capacité d’exploitation leur permettait de les rétrocéder à des structures du métier contre enrichissement brusque, immédiat et illicite.
Cette leçon bien apprise, on alla donc chercher de parfaits voyous sur d’autres continents éloignés, habitués à spolier les habitants du Gondwana oriental avec la complicité de leurs dirigeants. Ils se firent attribuer des périmètres offshores par décrets scélérats et embauche de petits princes. Les plus values engrangées lors de l’étape de revente furent donc colossales, tout en préservant une rente sur petite participation résiduelle aux côtés des majors mondiaux du métier.
Alors que le scandale faisait rage et profitant des regards de tous braqués sur ces premières grosses affaires, le dictateur-roi de la RDN continua d’avancer ses pions.
Toujours sans grande imagination comme éléphant en magasin de porcelaines, imitant de vieilles pratiques gondwanaises dans d’autres pays riches en gaz et pétrole, on mit en place à l’étranger les structures de négoce pour la commercialisation des futures parts de production revenant à la RDN. Après choix du revendeur de ces parts par le dictateur-roi, petite commission par baril se comptant par cents, milliards de dollars seront vite amassés.
Dans la partie orientale du Gondwana, la boulimie est chose courante.
On pensa alors à autre chose : les services à l’exploitation des plateformes d’exploration et plus tard d’exploitation pétrolières. Des sociétés opportunément créées amassèrent ainsi des sommes considérables par du service héliporté et la fourniture d’autres biens et services.
Mais ce ne fut pas tout. Une partie du pétrole extrait devait être raffiné et le gaz revendu.
Survint alors une opération surprenante et curieuse de prise du contrôle de la vieille raffinerie de la RDN. Les marchés financiers affichèrent une grande tristesse, pleurant même à chaudes larmes face à cette opération menée dans une discrétion craintive.
Mais ce ne fut pas tout. Les capacités de stockage des hydrocarbures débarqués sur les côtes de la RDN se mirent à valoir de l’or. Leur contrôle et leur extension sont alors devenus un enjeu considérable. Une société dont on devine les actionnaires en profita.
Mais ce n’est pas tout. Toutes ces opérations de service, transformation et stockage de gaz et de pétrole nécessitant des investissements considérables, l’institution financière la plus liquide de la RDN dénommée « Trésor des Dépôts Considérables » fut retirée des mains d’un haut fonctionnaire et confiée à un prince. Les opérations financées par prise de participation purent au même moment, puis plus tard par privatisation dite «à la Ndoumbéland », permettre à la famille princière d’avoir main mise sur l’essentiel des richesses de la RDN.
Les habitants de la RDN avaient pourtant choisi de ne rien voir, aussi de ne rien entendre.
Puis un jour, la fable devint réalité, et…
Abdoul Mbaye
Le 23 octobre 2017