Dakarmidi – Si l’accession au pouvoir du populiste Donald Trump a un seul mérite, c’est bien celui de faire l’unanimité contre lui parmi les Américains musulmans et juifs, et de les fédérer comme jamais auparavant autour de rencontres interconfessionnelles qui réussissent le petit miracle de faire taire toutes les divergences, voire griefs, notamment au sujet d’Israël.
L’effet Trump ne libère pas que les pires pulsions de l’autre côté de l’Atlantique, il revêt aussi des aspects plus positifs, à l’image de la création d’un nouveau conseil consultatif judéo-musulman qui scelle une union sacrée contre la spirale infernale de la violence raciste. Quelle belle ironie du sort !
“Poussés à l’action par la vague d’incidents et d’agressions racistes qui a suivi l’élection de Donald Trump, les juifs et les musulmans américains sont en train de former une nouvelle alliance”, pouvait-on lire dans les colonnes de The New York Times.
“Ils mettent de côté leurs divisions à propos d’Israël, pour joindre leurs forces et résister à ce qui pourrait advenir”, explique le journal, en indiquant que de nouveaux groupes émergent et que les coalitions interconfessionnelles existantes “notent un regain d’intérêt et de participation”, dans le sillage délétère et inquiétant du 45e président des Etats-Unis.
Elles étaient plus de 500 à se rassembler sous la même banderole protestataire, dimanche 4 novembre, sur le campus de l’université Drew, à Madison, dans le New Jersey, des centaines de femmes musulmanes et juives ont fait cause commune contre la politique du pire et ses sinistres présages, représentant « l’un des plus gros rassemblements du genre jamais organisés aux Etats-Unis, selon ses organisateurs ».
Parmi les participants, l’imam Abdullah Antepli, responsable des affaires musulmanes à l’université Duke, y décèle la nature salutaire d’un « effet Trump » éminemment nuisible, en d’autres termes un mal pour un bien… “Je vois la communauté musulmane de plus en plus favorable à l’ouverture et à la mise de côté des anciens griefs”, a-t-il confié au New York Times.
Né dans le bruit et la fureur de la campagne menée tambour battant par le magnat new-yorkais de l’immobilier, le conseil consultatif judéo-musulman se veut largement rassembleur, par-delà les clivages politiques et les dissensions irréconciliables, mêlant en son sein des musulmans, des juifs, des démocrates et des républicains.
Ses objectifs prioritaires et ses axes d’action sont clairement établis, l’un d’eux s’imposant d’ores et déjà au-dessus de tous les autres : faire barrage au projet de registre spécifique recensant les immigrés issus de pays musulmans, et soutenir ces réfugiés que le sombre agitateur Trump a appelé, entre deux outrances et propos scabreux, à bouter hors du sol de la bannière étoilée.