Dakarmidi – Emmanuel Macron a choisi d’attendre la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes pour s’exprimer sur ce sujet qui est au cœur de l’actualité. Depuis l’affaire Weinstein, la parole des femmes s’est libérée et a notamment montré l’ampleur du problème du harcèlement et des violences sexuelles dont elles sont victimes.
Emmanuel Macron s’est en effet donné le temps de la réflexion et n’est pas intervenu sur les différentes affaires de harcèlement sexuel révélées récemment.
Dans l’intervalle, la secrétaire d’Etat à l’égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, a été chargée de préparer le terrain. Elle a porté la parole gouvernementale sur des questions sensibles comme l’allongement de la prescription pour les crimes sexuels, la présomption de non consentement pour les enfants, le harcèlement de rue…
Loi en préparation
A charge pour le président de la République de signifier lui-même le niveau de son engagement pour faire bouger les choses, lui qui a dit qu’il voulait faire de l’égalité femmes-hommes la grande cause nationale du quinquennat.
Une loi contre les violences sexistes est en préparation. D’autres mesures sont envisagées : campagne de communication, sensibilisation dans les collèges, aide aux victimes pour porter plainte… Des mesures qui ont un coût. Le chef de l’Etat est donc attendu sur la question de l’investissement financier du gouvernement.
Après avoir lancé ses grandes réformes économiques, multiplié les prises de positions sur la scène internationale, Emmanuel Macron passe à une nouvelle étape et s’empare d’une question de société. En France, une femme sur dix est victime de violences.
■ « Les femmes parlent souvent, mais on ne les entend pas »
En France, les agressions conjugales sont les violences à l’encontre des femmes les plus répandues, mais depuis l’affaire Weinstein, le phénomène du harcèlement sexuel au travail, longtemps passé sous silence, fait la une de l’actualité. Comment protéger les femmes de toutes ces agressions ? Quelles actions mener ?
La priorité numéro un est d’ordre pédagogique. Selon Ernestine Ronai, responsable de l’Observatoire départemental des violences envers les femmes et coordinatrice de la formation diplômante dédiée à cette problématique à l’université Paris VIII, il faut d’abord faire évoluer les mentalités par des campagnes de prévention : « Il y a des moyens déjà de sensibilisation de l’opinion publique : les affiches, les téléfilms, cela va aider. Et c’est important qu’on sensibilise toute la société parce que tout le monde ne sait pas que toucher une partie sexuelle du corps, ça s’appelle une agression sexuelle, que c’est puni par la loi. »
Deuxième priorité : renforcer la formation des professionnels. Il ne s’agit pas seulement de les sensibiliser à la réalité des violences. Il faut aussi que leurs pratiques changent : « Les femmes parlent souvent, mais on ne les entend pas. Donc il faut plutôt que de dire aux femmes « brisez le silence, parlez », il faut que les professionnels facilitent cette parole. Par exemple, les médecins peuvent interroger les femmes quand elles viennent parce qu’elles ont très mal au ventre ou le bras cassé etc. Les violences existent, maintenant il faut qu’elles soient révélées pour que les personnes puissent sortir de ces violences. »
Signe encourageant, depuis le scandale Weinstein, suivi en France d’une vague de signalements sur les réseaux sociaux, la police française enregistre une hausse significative des plaintes pour violences sexuelles. Preuve concrète que la parole est en train de se libérer.
Source : RFI