Depuis fin mai, l’Égypte a bloqué une soixantaine de sites Internet, ont indiqué lundi des défenseurs des droits de l’Homme et des professionnels de la presse.
Parmi les nouveaux sites concernés figurent Al-Badil et Al-Bedaya, connu lui aussi pour ses positions critiques vis-à-vis du gouvernement. Le rédacteur en chef d’Al-Bedaya, Khaled Elbalshy, a indiqué à l’AFP avoir présenté une plainte au syndicat des journalistes afin de déterminer les raisons du blocage, précisant qu’on ignorait quelle entité étatique avait pris cette initiative.
Khaled Elbalshy a toutefois indiqué que ces mesures « coïncidaient avec le débat au Parlement concernant l’accord controversé des îlots de Tiran et de Sanafir » dans la mer Rouge que le gouvernement souhaite rétrocéder à l’Arabie saoudite, malgré une forte contestation au sein de l’opinion publique.
« Le syndicat des journalistes et le Conseil supérieur des médias se coordonnent pour envoyer une circulaire aux autorités compétentes, afin de connaître les raisons du blocage et l’entité qui en est responsable », a indiqué à l’AFP le secrétaire général du syndicat, Hatem Zakaria. Les autorités égyptiennes n’ont pas communiqué sur la question.
62 sites bloqués
Selon l’Association pour la liberté de pensée et d’expression, une ONG égyptienne, le nombre total de sites bloqués s’élevait à 62 lundi 12 juin.
Au total, dix sites d’information égyptiens sont concernés, ainsi que « plusieurs sites offrant un service VPN » (réseau privé virtuel), qui permet de contourner la censure antiétatique, a indiqué l’Association sur son site Internet.
« Certains sites ont été temporairement débloqués, avant d’être bloqués à nouveau », a indiqué à l’AFP l’avocate des droits de l’Homme Fatma Serag, qui travaille pour l’Association.
Les autorités avaient déjà bloqué une vingtaine de sites Internet le 24 mai, notamment ceux de médias qataris comme la chaîne Al-Jazeera, le site indépendant égyptien Mada Masr connu pour sa liberté de ton, ou encore Huffpost Arabi, le site en arabe du média américain The Huffington Post.
161e au classement mondial de la liberté de la presse
Les organisations de défense des droits de l’Homme accusent régulièrement le président Sissi, l’ex-chef de l’armée qui a destitué son prédécesseur islamiste Mohamed Morsi en 2013, de réprimer toute voix dissidente.
Au classement mondial de la liberté de la presse 2017 publié par Reporters sans Frontières, l’Égypte est au 161e rang sur 180.