Dakarmidi – Le colloque sur les enjeux de l’exploitation pétrolière et gazière a pris fin samedi dernier. Le Professeur Ismaïla Madior Fall a profité de cette tribune pour appeler les acteurs politiques à rééquilibrer leurs discours et à ne pas utiliser le pétrole et le gaz comme rente politique.
Le Sénégal n’est pas encore un pays producteur de pétrole ou de gaz. Mais la polémique autour de l’exploitation de ces ressources minérales fait rage, depuis quelques années, avec les importantes découvertes. En novembre 2014, le gouvernement avait annoncé la découverte de deux blocs de pétrole brut : Rufisque offshore et Sangomar Offshore Profond. Pour le gaz, c’est en décembre 2015 qu’on avait fait l’annonce de Saint-Louis Offshore Profond et Cayar Offshore Profond. À chaque fois que des ressources pétrolières et gazières sont découvertes dans un pays, le syndrome de la malédiction des ressources naturelles hante les populations.
Cependant, le Sénégal a une chance qu’elle peut bien saisir : le pays d’une tradition démocratique doté d’une infrastructure démocratique solide », déclare le Professeur Ismaïla Madior Fall. Le président du Comité national de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE) a profité du dernier jour du colloque sur les enjeux de l’exploitation pétrolière et gazière en Afrique, qui s’est tenu du 26 au 27 mai à Dakar, pour faire cette observation.
Faisant une présentation sur la gouvernance démocratique du pétrole et du gaz au Sénégal », le proche collaborateur du Président Macky Sall informe que cette avancée démocratique peut être une chance pour le Sénégal dans l’exploitation de ces ressources. Toutefois, le Professeur Fall précise qu’il n’y a ‘’aucune corrélation automatique entre la nature du régime politique et les succès de l’exploitation pétrolière’’. La preuve, dit-il, le Qatar n’est pas un exemple de démocratie, mais l’exploitation des hydrocarbures a permis à ce pays de se positionner parmi les nations les plus prospères au monde. Mais à côté de ce géant arabe, d’autres pays africains qui n’ont pas une culture démocratique très avancée n’ont pas pu tirer profits de leurs ressources naturelles, à cause d’une gestion opaque.
La différence est que le Sénégal est un modèle de démocratie, à travers le monde, à ses yeux. La liberté d’expression est aussi une réalité. Pour cela, depuis l’annonce de ces découvertes, les acteurs politiques, de la société civile, des médias débattent à longueur de journée sur cette question. Mais attention aux dérives et aux dérapages, met en garde le constitutionnaliste.
D’après le Professeur de Droit à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, avec EnQuêtePlus, si le débat n’est pas bien orienté et que l’ensemble des acteurs soient bien informés, il y a des ‘’risques’’ que les choses dégénèrent. Surtout que les études montrent qu’il y a une augmentation du risque de conflictualité quand une ressource pétrolière est découverte dans un pays. En terme plus clair, il y a 25% de risques d’avoir des conflits dans les pays riches en pétrole.
La Rédaction