Dakarmidi – Énigme autour d’une question capitale qui suscite de grandes passions au sein de la majorité présidentielle. Vers une redistribution des cartes, par l’élève du maître, devenu incontestablement maître en politique, car seul aux commandes de la barque. Il « liquide » ses adversaires politiques en leur offrant une portion de gâteau mi-figue mi-raisin, avec une toute petite cuillère pour une dégustation lente et délicieuse.
Le politicien se bat la plupart du temps pour bénéficier des dorures de la République et non pour aider le peuple à sortir de sa misère, et cela n’est qu’un discours de façade. Macky Sall a démontré à la face du monde qu’il a maitrisé ses cours politiques et les applique à la lettre. Aujourd’hui en un temps record, il a réussi à canaliser tout un monde pour se retrouver seul aux commandes. A six mois des législatives, il fait face à un tableau de bord qu’il manie avec intelligence. Dakarmidi tente de vous livrer ses manœuvres, lesquelles vous plongeront certainement au coeur des futures élections législatives prévues en juillet 2017 …
▪ « Les vieux caïmans » maitrisés…
Ousmane Tanor Dieng casé au Haut Conseil de Collectivités Territoriales, Aminata Tall parachutée au Conseil Economique Social et Environnemental, Moustapha Niass conduit à la retraite forcée ainsi que Dansokho, Abdoulaye Bathily, manœuvre à l’Union Africaine, la voie est ainsi tracée pour les futurs candidats, préssentis une fois les « vieux caimans » éliminés de la course.
▪ Aminata Touré, le train qui n’arrive jamais à l’heure ….
Mimi Touré a dû renoncer à un poste aux Nations Unies pour rester au cœur de la République, mais sa cote de popularité a beaucoup baissé depuis, avec les dossiers d’enrichissement illicite mal négociés et son passage à la primature qui a poussé le chef de l’Etat à faire appel à un technocrate. Son séjour à la Primature a été un cauchemar pour le Palais. À travers ses methodes incongrues, qui ne font pas bon menage avec nos réalités culturelles, le peuple s’est vu blesser, blesser dans son humanité, au point qu’il l’a reniée, en s’éloignant de toutes ses actions.
Au sein même de sa famille politique, elle ne fait l’unanimité, ni dans les instances de décision, ni même à Grand Yoff, où elle est sérieusement talonnée par le petit frère de la 1ère dame, Adama Faye ou encore par Cheikh Bakhoum de l’ADIE. À Kaolack, où elle tente de se frayer un chemin, il lui sera difficile de se faire une santé politique vu les réalités du terrain, le contexte et la présence de ténors trouvés sur place, s’ajoute à cela son idéologie qui a du mal à trouver jusque-là, preneur chez les populations sénégalaises des deux bords.
▪ Le ndiambour-ndiambour bon teint, Moustapha Diop brouille les pistes et manœuvre …..
Un jeune ministre émerge du lot, Moustapha Diop, apériste, fidèle parmi les fidèles de Macky Sall, en charge de la Micro finance, grâce à quoi, il a attiré autour de lui, des centaines de milliers de femmes qui sont toutes acquises à sa cause, à travers les financements qu’il leur accorde au nom de la politique inclusive du président. Son succès politique dépendra cependant de sa possibilité à transformer l’affluence forte de femmes autour de sa personne, en des voix électorales capables de peser sur la balance élective lors des prochaines législatives. Moustapha Diop aura en 2017, 42 ans, certes sans beaucoup d’expérience et sans agressivité intelligente pour défendre l’idéologie de Macky Sall. A cela se glisse son « léger » background, difficile alors pour lui, de porter un quelconque bilan du Président Sall même s’il faut lui prêter attention.
▪ Amadou Bâ émerge du lot, un cas atypique, un ennemi avéré du Contribuable sénégalais …
Quant au ministre de l’économie et des finances, Amadou Bâ, l’homme commence à avoir dans la frénésie, de nouvelles ambitions, autres que celles de marcher droit, tête et regard fixés sur les projets et l’avenir de Macky Sall. Il a fini par comprendre que son profil peut valoir beaucoup de satisfaction dans le landerneau politique.
En effet, Amadou Bâ s’est beaucoup enrichi ces deux dernières décennies.
Ses « amis » l’ont poussé dans l’arène, d’aucuns même lui demandent de voler de ses propres ailes, et ce message fort est compris par l’argentier de l’Etat, qui a surtout les moyens de sa politique du fait de sa bonne santé financière même si son origine douteuse est avérée.
M. Bâ est considéré par certains agents de l’Etat qui ont eu à travailler sous sa tutelle, comme un « brigand » financier et au sein de l’Apr, personne ne porterait son choix sur lui pour diriger la liste aux législatives.
Pour eux, cela serait un suicide politique que le Chef de l’Etat en fin tacticien ne commettra jamais. Il peut aussi, à tout moment « poignarder » Macky Sall, bien qu’il ne le montre ni à ce dernier, ni même à ses partisans. Certaines pontes de la République demande avec insistance son limogeage et qu’une épée de Damocles soit placée au-dessus de sa tête pour l’empêcher de manoeuvrer.
L’homme ne cherche plus le gain, il en a assez, assez pour s’éloigner du « Macky », et cela est redouté au palais et dans l’entourage direct du couple présidentiel. Il a ses réseaux, ses forces mais ses faiblesses aussi. Sa « boulimie » du pouvoir est flagrante, d’aucun le surnomme le « géniteur » du PSE, tromperie ou réalité? That’s the question. Mais au demeurant, faut-il stigmatiser Amadou Bâ, ou faut-il tout simplement l’attendre au tournant, pour qu’il s’explique enfin, sur son colossal patrimoine?
▪ Le président et son cabinet
Dans le cabinet du Président, aucun profil ne pourrait être pointé du doigt pour diriger la liste, ni chez les dames ni chez les hommes. Le Président a du boulot, un grand boulot d’ailleurs, même si à l’Apr, les couteaux des militants, déjà aiguisés, n’attendent que le signal pour partager ce nouveau gâteau. Nombre de ses partisans sont déjà servis, mais cela est loin de régler l’épineuse équation de la liste qu’il aura à présenter en 2017.
N’empêche, un choix s’impose loin des projecteurs et des manœuvres! Le Chef de l’Etat est dans l’obligation de réagir, de se fixer sur celui qui sera en mesure d’être aux commandes avec à l’arrivée, une victoire ou un suicide collectif, dans tous les cas, seul le peuple décidera de leur sort! Les doués de raison sont encore interpellés, la conscience mise en exergue. Le Président sort d’une visite d’Etat en France, qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive, des accords, des décorations, des non-dits, des déclarations. Bref Macky Sall était en France, pour encore faire vivre, osons le dire, la « France-Afrique »?
▪ Le cas Mankeur Ndiaye
Les autorités françaises n’auraient pas apprécié le comportement inélégant de Mankeur Ndiaye lors de la visite d’Etat, un comportement qui a suscité la colère de certains proches du président. Mais cela peut-il se répercuter sur son profil, car quoi que l’on puisse dire, il demeure fidèle à son maître.
▪Harouna Dia, le « big outsider »?
À l’hôtel Bristol, on apercevait très souvent le président Macky Sall aux côtés de Harouna Dia, cet ami proche au background à la fois riche et lourd, qui continue, malgré les fusillades à croire Au chef de l’Etat et à son projet de société, la presse est allée jusqu’à parler de réconciliation entre les deux hommes, un scénario qui a fait jaser les maîtres chanteurs qui ne vivent que des conflits. Harouna Dia est un homme riche et calme qui jouit d’un bon sens de la gestion des affaires et d’une influence forte qui peut faire basculer tout un système…
▪ Le PM, Mahammed Boun Abdallah Dionne la constance…
Autre homme, le Premier ministre Mahammed Boun Abdallah Dionne, que le président ne cesse de féliciter à chaque fois que l’occasion lui est offerte. En plus d’être un « bon » PM, Dionne est surtout un homme de confiance, loyal au service exclusif du maitre qui, il ne cherche qu’à satisfaire. Macky Sall a besoin d’un tel profil, pour éviter toute dualité au sommet. Dès lors, Dionne jouit d’un rang de choix dans cette course effrénée.
▪ Quel rôle les hommes d’affaires sénégalais doivent-ils jouer avant, pendant et après les législatives de 2017?
Simple comme question, mais qui doit être coupler d’une réponse avec une précision chirurgicale : la franchise et l’engagement. Ces hommes d’affaires, régulateurs sociaux par ailleurs, ont eux aussi du pain sur la planche, car au-delà de leur participation à la stabilité sociale, ils ont un devoir moral et par patriotisme de se battre avec les moyens qu’ils ont obtenus des marchés publics pour une cause fondamentale et noble qu’est l’identité nationale qui englobe tout. Les hommes pour qui, ce paragraphe est étiqueté sauront se reconnaître naturellement.
▪ L’équation en question …
Macky Sall attendu sur la ligne d’arrivée, a fort à faire avec ses « pions ». Le président qui tient tant à sa volonté de finir sa grande ambition en marche pour le pays portée par le fameux plan Sénégal Emergent, sait qu’avec les législatives, il doit faire face à une étape cruciale de son règne dont la prochaine étape primordiale dépend de ses joutes. Alors quelle direction orienter le choix de la tête de liste de l’Apr à quelques six mois des législatives.
Même si le Président fait beaucoup d’efforts, un devoir moral, les législatives s’annoncent compliquées pour le camp présidentiel… Et si le Président s’enventurerait à mettre à disposition la gigantesque machine APR aux « pieds d’argile », il risquera gros au point de nous rappeler les moments de bicéphalisme qui avait plombé la République dans les années 60-70.
La Rédaction