Dakarmidi – Depuis son exil londonien, Julian Assange vient de révéler un nouvel email d’Hillary Clinton. Dans ce courriel daté d’août 2014, elle écrit : « Nous devons aussi utiliser la voie diplomatique (..) pour faire pression sur le Qatar et l’Arabie Saoudite qui fournissent clandestinement un soutien financier et logistique à Daech et d’autres groupes sunnites radicaux de la région ». A l’époque, Mme Clinton n’est plus secrétaire d’Etat. Mais elle est une personnalité politique de premier plan. Elle adresse cette recommandation à John Podesta, son actuel directeur de campagne, qui est alors conseiller de Barack Obama.
Pourquoi la révélation de cet email est-elle une bombe ?
D’abord, parce que ce courriel découvre le pot aux roses du financement extérieur du terrorisme. La doxa disait que les millions de dollars qui remplissent les poches des terroristes provenaient du trafic de pétrole et d’extorsions diverses. On devinait que les armes lourdes, les uniformes et les 4X4 de Daech n’avaient pas été achetés au bazar du coin. Daech et les autres groupes du même acabit ne sont pas des bandes de pouilleux déguenillés, mais ils constituent une véritable armée, composée de mercenaires suréquipés.
Cette armée d’invasion qui mobilise une piétaille de desperados sans foi ni loi n’a pas surgi du néant. Manifestement, elle a bénéficié d’une logistique efficace et de puissants moyens financiers. L’email de Mme Clinton l’exprime sans détour. Avec cette nouvelle pièce versée au dossier, c’est donc l’hypothèse souvent ressassée du « terrorisme autofinancé » qui passe à la trappe. On se doutait un peu que les décérébrés du djihad global ne travaillaient pas seulement pour la gloire. On sait désormais qui s’emploie généreusement à garantir leur pouvoir d’achat.
Mais il y a plus. Le courriel de l’ex-secrétaire d’Etat cite les deux Etats concernés. Il ne vise ni une nébuleuse d’institutions où toute responsabilité serait diluée, ni l’initiative privée de milliardaires qui financeraient le djihad pour le plaisir. C’est un point essentiel. Les défenseurs des pétromonarchies invoquent toujours l’obscurité des circuits de financement (qui est réelle) pour disculper les gouvernements saoudien et qatari. Comme on ne peut pas remonter à la source des transferts financiers, ils affirment qu’il n’y a pas de source, et le tour est joué. Qui finance les terroristes ? On ne sait pas vraiment. Et comme on ne sait pas vraiment, on finit par dire que ce n’est personne.
L’email d’Hillary Clinton balaye ces arguments de faux-jeton qui servent à blanchir les vrais coupables. Le texte est clair et net. Il désigne la responsabilité directe du pouvoir saoudien et du pouvoir qatari. Il signale la participation des deux Etats au financement et à la logistique de l’infrastructure terroriste. Hillary Clinton ne fait aucune réserve. Devant son clavier, elle dit les choses comme elles sont. Et ce qu’elle nomme, c’est un terrorisme d’Etat.
Du coup, l’email révèle aussi l’ampleur de la responsabilité américaine. Il montre que le poison ne vient pas seulement des deux pustules wahhabites, mais des USA. Quand Hillary écrit ce courriel, sa main ne tremble pas. Pourquoi ? Parce qu’elle sait de source sûre ce qu’elle écrit. Comme tous les dirigeants de premier plan, elle sait de quoi il retourne. Barack Obama lui aussi le sait. Ainsi la révélation de cet email déchire le voile du mensonge tissé par les dirigeants occidentaux autour d’un terrorisme qui est leur bébé. Ces crapules savaient et n’ont rien dit parce que leur complicité est indicible.
Ce nid de scorpions, ils savent parfaitement qui le nourrit. Ce sont leurs amis. On se souvient que Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères, puis Manuel Valls, avaient réfuté en bloc des accusations aussitôt taxées de complotisme. « Je n’ai pas de raison de douter de l’engagement de ces deux gouvernements », déclarait le premier ministre français sur RTL, en novembre 2015, à propos du Qatar et de l’Arabie saoudite, ces « amis de la France ». Après la révélation de ce nouvel email, M. Valls devrait se regarder dans la glace. Il aura l’air fin.
Cerise sur le gâteau, cette affaire met à nu la corruption abyssale des Clinton. L’ex-secrétaire d’Etat a cautionné l’alliance avec les pétromonarchies pour détruire des Etats souverains en Libye et en Syrie. Elle y a semé le chaos et la désolation. Mais cela ne suffisait pas. Elle a aussi touché les dividendes de cette compromission. Les monarques du Golfe qui abondent les caisses des djihadistes sont les mêmes que ceux qui versent des millions de dollars à la Fondation Clinton. Et c’est avec eux que Washington a signé de fabuleux contrats d’armement (80 milliards de dollars en dix ans). Difficile de faire mieux dans la compromission et la corruption. Daech et Hillary, même profil ! Danseuses pour les Saoud. Mais le pire, c’est qu’elle risque d’être élue.
Oumma