Dakarmidi- Alors que nous lui rendions visite, Karim Wade et moi, le 1er novembre 2008, jour de la Toussaint, Amath Dansokho qui était de petite santé, nous affirmait avec détachement que « la mort était la chose la plus démocratique au monde ». A cette date, la mort commençait à l’habiter mais elle le faisait rire, pour parler comme Céline.
Dans la galerie des hommes politiques sénégalais, Amath Dansokho était une notabilité hors-sol. A lui seul, il était un monument qui valait le détour des politiques et des journalistes. Toujours décontracté, en chemise Pathé O les jours ordinaires, en cravate légèrement dénouée les grands jours, l’ancien secrétaire général du Parti de l’Indépendance et du Travail (P.I.T) était prêt à répondre à tout et à tous. D’une sociabilité enjouée, il était capable d’essuyer une larme avant de flinguer ses pires adversaires que paradoxalement, il aimait et respectait : le Président Abdoulaye Wade en tête.
Dansokho le rouge était également nostalgique de l’ancien monde : le communisme, catalyseur d’une société plus juste. Présent tour à tour en Guinée-Conakry auprès de Sékou Touré, en Guinée Bissau auprès d’Amical Cabral et à Cuba auprès de Che Guevara, ce journaliste formé à Prague était d’une indépendance d’esprit sans limite. Plusieurs fois ministre sous les Présidents Diouf, Wade et Macky, il était apprécié des Sénégalais mais mal-aimé du suffrage universel. Son amour de la patrie et son nationalisme étaient indépassables.
Au cours des 20 dernières années, son salon fut le témoin des plus grandes négociations et alliances politiques du Sénégal. A 82 ans, la disparition d’Amath vient nous rappeler que la mort est le premier des suffrages universels.
Tu as été un passant considérable ici-bas. Dors en paix tonton.
Dr Cheikh Omar Diallo