Dakarmidi – Une semaine après avoir accusé réception de sa missive, le locataire du palais Sékoutouréyah, Alpha Condé, a adressé une réponse, purement imaginaire, à feu Lansana Conté, hôte de l’au-delà. La lettre partira d’un moment à l’autre dès qu’il y aura un porteur. Nous espérons que les lecteurs sauront pardonner notre inspiration et nous comprendre.
Cher général-président
C’est avec étonnement, surprise et déception, que j’ai lu ta lettre du 2 octobre 2016. Dans ce papier, j’ai l’impression que tu parles d’une autre Guinée. Soit la Guinée Bissau, la Guinée équatoriale ou encore la Nouvelle Guinée. En tout cas pas la Guinée- Conakry.
Très sincèrement, je me sens touché au fond de moi-même, tant la gravité des accusations est grande. C’est pourquoi, je voudrais aujourd’hui te répondre moi-même. L’opposition me rend la vie infernale ici, voilà que d’autres veulent compliquer mon arrivée à l’au-delà. En te lisant, j’ai l’impression que j’ai plus d’opposants là-bas que des partisans. Je me demande que font les Fodé Soumah, Biriki Momoh, Bamba Camara à l’au-delà.
Mais comme je n’ai pas ma langue en poche, je voudrais éclaircir des zones d’ombre. Au commencement, tout ce que j’ai lu est faux de la première à la dernière ligne ! Je dirais au directeur de la RTG, Kaba Condé, de rédiger un démenti cinglant dans les heures. Cette fois, il doit s’abstenir de lire le démenti sur son portable de peur qu’il se plante.
Je rappelle que ce ne sont ni les agences de presse, ni les radios étrangères, ni les journaux, encore moins internet qui dirigent la Guinée. Je me suis battu pendant quarante ans pour la démocratie. Pendant ce temps, mes opposants d’aujourd’hui gouvernaient le pays, et on sait comment. Le président béninois Boni Yayi m’a dit un jour : « Tu es président, mais tu te comportes toujours comme un opposant ». Dans un sens, il a raison : je ne cesserai jamais de m’opposer à ceux qui veulent piller la Guinée.
Donc, je te dis tout ceci parce que je n’ai aucune leçon à recevoir dans ce domaine de qui que ce soit. Ces anciens premiers-ministres qui ne comprennent rien. Ils parlent d’économie, des petits comptables. On va démontrer qu’ils ne connaissent rien. Ce sont des nains politiques qui font du grand bruit dans les radios et racontent du n’importe quoi.
Ensuite, pour revenir aux accusations de Jean Marie Doré, je tombe des nues. Sérieux ! J’ai toujours dit et je répète qu’on doit les élections en Guinée à Sékouba Konaté. Certes, la gestion du pays lorsqu’il était président n’a pas toujours été au-dessus de tout soupçon. Mais Sékouba n’était pas Premier ministre et il ne cessait de dire : « Je ne suis pas un économiste, je signe tous les contrats que vous me présentez, mais vous vous expliquerez avec celui qui me succédera. » Il ne connaissait rien à ces histoires- là.
Donc, je ne le considère pas comme responsable de ces contrats léonins que nous remettons en cause aujourd’hui. Les vrais coupables, ceux qui ont guidé sa main, ont tenté de le dresser contre moi pour se protéger. Ils lui font croire que je le vise. À tort. Et ce sont ces gens-là, qui me dénigrent partout même à l’au-delà.
Conté, je ne répondrais pas à ceux qui disent qu’ils savent ceux qui ont empoisonné en 2010 et qui partent sans le dire. Ces gens qui s’agitent-là, c’est leur problème. Je m’en fous, c’est leur affaire. Ils n’ont qu’à s’agiter comme des cabris, ce n’est pas mon problème. Apparemment, ils ont juré de m’empêcher de réussir là où ils ont échoué, quitte à ramener les Guinéens à l’âge de pierre. Mais je ne les laisserai pas faire. Ceux qui y parviendront ne sont pas encore nés.
Dans ta lettre, j’ai appris aussi que 2 500 morts d’Ebola passent toute la journée à l’au-delà en train d’incriminer mon gouvernement. Quelle foutaise ! Si Ebola a tué, c’est par la faute de l’opposition. Ebola a éclaté à la veille des élections, et comme tu le sais, tous les arguments sont bons. Je suis professeur en droit, pas en médecine. Pour savoir qu’Ebola existait, il a fallu attendre la réponse du laboratoire de Dakar. C’est le moment choisi par l’opposition pour répandre que Bernard Kouchner et moi avions introduit Ebola en Guinée. Quand nous avions donné des consignes d’éviter de se saluer, l’opposition a initié une « journée nationale de poignée de main ». Juste pour saboter.
C’est facile d’accuser mon gouvernement mais cela ne nous fait ni chaud, ni froid. Pour preuve, quand 10.000 personnes ont assisté en fin décembre 2015 à Conakry, au méga concert organisé pour célébrer la fin d’Ebola en Guinée, l’opposition y était en grand nombre pensant que c’était le moment de se partager tous les fonds récoltés autour d’Ebola.
C’est pourquoi, si j’entends aujourd’hui Dr Fodé Oussou Fofana dire de changer le changement, je souris parce qu’il sait, avant mon élection, Conakry se limitait au pont 8 novembre et la Guinée au Km 36. Mais cinq ans après, Conakry est allée jusqu’au Km 36 et la Guinée hors des frontières. Pour preuve, en 2013, des militaires guinéens ont occupé Kpéaba, village ivoirien proche de Sipilou. Ils ont retiré le drapeau ivoirien pour hisser celui de la Guinée et destitué le chef du village pour installer un chef venu de la Guinée.
Pendant ce temps, nos militaires guinéens sont au front à Kidal. Bientôt, la Guinée s’étendra jusqu’au Nord-Mali. N’eut-été la fermeture de la frontière sénégalaise, on aurait annexé une partie du Sénégal. J’ai dit : « Guinea is back ». S’il plait à Dieu, je le ferais.
Les gens parlent, je ne réponds même pas. Je suis venu pour développer la Guinée. On peut annexer tous les pays, ne soyez pas pressés. On fait de notre mieux. Nous sommes sur la voie du changement. Ceux qui parlent, n’ont qu’à nous montrer ce qu’ils ont fait quand ils étaient au pouvoir. S’ils pensent que la Guinée va reculer, ils sont fous.
Cher Conté, je suis allé visiter la sous-préfecture de Dalein, d’où est originaire Cellou Dalein Diallo. Bien qu’il ait passé une décennie au gouvernement, en tant que ministre et Premier ministre, il n’y a rien à Dalein, ni marché, ni maison de jeunes, ni villa, ni hôpital. Rien. Il faudrait donc que je laisse Dalein croupir sous prétexte qu’il y a un scrutin? Non. Je suis président et, parmi mes obligations, il y a celle de visiter toutes les préfectures du pays. Ce que personne parmi eux n’a fait avant moi. J’en ai visité 120 en cinq ans.
A ceux qui disent aussi, à l’au-delà, qu’ils sont victimes de la répression policière, je leur réponds tout de suite. Je dis souvent que la Guinée est un véhicule à quatre roues. Mais sans une roue, la voiture ne bouge plus.
Dès mon élection en 2010, j’ai donné la primature à mes oncles les Soussous, la présidence de l’Assemblée nationale à la Guinée forestière. Je n’ai même pas fini de faire le partage, les autres ont pris les cailloux. Pourtant, je souhaitais mettre en place un gouvernement d’union nationale. Mais depuis Dakar, Cellou Dalein a aussitôt répondu qu’il ne voulait pas travailler avec moi.
Aujourd’hui, il m’accuse de tuer ses militants. Ce qui est faux. Depuis que je suis président, aucun politicien, aucun journaliste n’a été mis en prison. Sous mon règne, la réconciliation est devenue une réalité aujourd’hui. Si tu veux des preuves, je t’en donne. Tous les membres de ton cercle présidentiel qui se battaient hier se sont réconciliés aujourd’hui. Chantale a soutenu Cellou en 2010. Cellou fréquente Sylla Futurelec. Sidya a été au mariage de la fille de Kassory. Fodé Bangoura et Tidiane Souaré sont des amis.
Lors de la fête de Tabaski, l’imam de la mosquée Fayçal, Elhadj Mamadou Saliou Camara, le seul qui avait osé ôter le collier autour de ton cou, a été clair dans son sermon.
« C’est à notre président, le professeur Alpha Condé, que Dieu a confié la Guinée aujourd’hui. Il n’est plus du RPG mais le père de toute la nation guinéenne. Il est le père de l’UFDG, mais aussi de l’UFR. Il est le père de Cellou Dalein, de Sidya Touré et de Lansana Kouyaté. Donc, quiconque l’insulte aura insulté son père. Si tu l’insultes, tu auras insulté ton frère, ton chef parce que c’est à lui que Dieu a donné la Guinée aujourd’hui ».
J’ai appris enfin qu’on t’a dit que Cellou a gagné les élections, mais c’est du mensonge. Quand tu es décédé, le guinéens ont juste changé la lettre « t » de ton nom par « d » de mon nom. Et quand tu prends mon entourage, je n’ai fait que te remplacer. Le reste du groupe, je l’ai maintenu intact. Dan ce cas, comment Dalein peut prétendre être le vainqueur ?
Etant en instance de voyage sur Lomé au sommet des Chefs d’Etat de la CEDEAO sur la sécurité maritime, je m’arrête là tout en souhaitant un repos éternel au royaume céleste.
Amen !
Note de l’auteur : seuls les personnages sont vrais, la lettre relève purement de la fiction