Dakarmidi – Certains condamnés peuvent choisir de purger leur peine dans une prison municipale plus confortable que celle du comté. À condition de payer…
« C’est ici que vivait Kiefer Sutherland », explique Juan Lopez en montrant une grande pièce sans fenêtre éclairée par des néons blafards. « Il y a passé 48 jours en plein milieu de la série 24 Heures chrono. Il était préposé au lavage et au pliage des uniformes. Sutherland ? Lavage ? Uniformes ? Ce n’était pas le tournage d’un film. En 2007, l’acteur d’Hollywood a été arrêté pour conduite en état d’ivresse près de Los Angeles et comme c’était la quatrième fois, il a été condamné à une peine de prison. Mais pas dans n’importe quelle prison. En Californie, certains individus ont le droit – avec l’aval du juge – de choisir le lieu de leur détention. Ils peuvent décider d’aller dans l’établissement pénitentiaire du comté, à peu près aussi riant que les cachots de la Bastille ou opter pour une prison municipale qui leur garantit plus de confort et de sécurité. En échange, bien sûr, d’espèces sonnantes et trébuchantes.
Moyennant 90 dollars la nuit, ils ont la possibilité d’effectuer, comme Kiefer Sutherland, leur peine à Glendale, dans la banlieue de Los Angeles, pas loin des studios Disney. Le quartier des “pay to stay” (séjours payants), comprend un dortoir de dix lits superposés avec casiers métalliques, et une salle commune équipée d’une table, de chaises et d’un poste de télévision. Le tout peint dans des tons crème et corail, une couleur très innovante pour un centre de détention fait remarquer fièrement Juan Lopez, l’administrateur de la prison qui, en costume-cravate, ressemble plus à un gérant d’hôtel qu’à un maton.
Ce n’est pas tout à fait le Ritz. Il n’y pas d’oreiller en plume, le sol est en béton, les prisonniers sont tenus de se réveiller à 5 heures du matin et n’ont le droit d’apporter qu’un livre (on leur fournit savon et brosse à dents). Ils ne peuvent pas non plus zapper à leur gré et doivent se contenter de regarder la chaîne favorite du gardien-chef. “Mieux vaut que ce ne soit pas un amateur de dessins animés”, plaisante Juan Lopez qui insiste bien sur le fait que les détenus “n’ont pas de privilèges particuliers. Ce n’est pas une retraite pour l’élite d’Hollywood.” Mais c’est tout de même le grand luxe à côté de la prison du comté, sale, surpeuplée, où s’entassent malfrats et déséquilibrés en tout genre. À Glendale, il y a deux douches, des toilettes fermées par une porte et surtout il règne un calme total.
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