Dakarmidi – Je suis étudiante et professeure des écoles stagiaire auprès d’une classe de maternelle. Ce vendredi matin, j’assistais à un cours de la fac au musée du Louvre. Avec mes camarades, nous sommes entrés dans l’édifice à 9 heures pour étudier quelques œuvres. Un peu avant 10 heures, alors que j’étais en train de dessiner une œuvre de Raphaël, « Saint Michel terrassant le démon », un vigile s’est approché de moi et m’a demandé de suivre le groupe. Je lui ai répondu que j’étais seule, mes autres camarades étaient éparpillés dans la salle. Très rassurant et calme, il m’a expliqué qu’il fallait malgré tout que je suive les autres visiteurs. Nous devions être évacués. À ce moment-là, je ne savais absolument pas ce qui se passait. J’ai cru qu’il s’agissait d’un colis piégé. Je n’étais pas vraiment inquiète. Pendant plusieurs minutes, nous avons déambulé dans les galeries du Louvre. Je n’ai ni entendu, ni vu l’attaque.
Par la fenêtre, j’ai vu que la rue de Rivoli était bouclée
Autour de moi, les visiteurs n’étaient pas particulièrement stressés. Après plusieurs minutes de marche, nous avons traversé la salle des statues pour finalement atteindre les appartements de Napoléon III. C’est à ce moment-là que j’ai enfin pu enfin jeter un coup d’œil par la fenêtre : la rue de Rivoli était totalement bouclée par des policiers. Ça bougeait dans tous les sens. J’ai compris qu’il se passait quelque chose de grave. J’ai regardé sur les réseaux sociaux, mais il n’y avait aucune information, alors j’ai appelé ma mère pour la rassurer et pour m’informer. Elle est journaliste, je me suis dit qu’elle devait certainement être au courant de ce qui se passait dehors. Au téléphone, elle m’a confirmé qu’il y avait eu une attaque.
« Il y a eu des tirs »
Dans l’une des salles des appartements de Napoléon III, les agents de sécurité nous ont demandé de nous éloigner des fenêtres et de nous asseoir. On nous a alors annoncé avec beaucoup de calme : « Il y a eu des tirs dans le Carrousel du Louvre. Pour des raisons de sécurité, vous allez être confinés quelque temps. » En tant que professeure des écoles stagiaire, j’avais eu l’occasion de suivre les exercices anti-attentats avec mes élèves. Les indications étaient conformes à ce que j’avais appris. Je ne me suis donc pas posé de question, j’ai simplement fait ce que l’on me demandait.
Nous étions quelques dizaines : certains de mes camarades, des personnes âges, des touristes… Tous un peu serrés les uns contre les autres. Pourtant, personne n’a paniqué. J’ai rappelé ma mère pour la tenir au courant, puis les agents de la sécurité nous ont demandé de couper notre téléphone portable. Ce que j’ai fait. Je l’ai rallumé une ou deux fois pour envoyer des SMS.
L’équipe de sécurité du Louvre a bien fait son travail
Nous sommes restés presque deux heures dans la salle. L’atmosphère était calme et assez silencieuse. À côté, il y avait un groupe d’enfants, mais a priori tout s’est bien passé. S’il n’y a eu aucun mouvement de panique, je pense que c’est essentiellement grâce au travail de l’équipe de sécurité du Louvre. Durant tout ce temps, ils sont restés calmes, ont continué à nous informer du déroulement des opérations, tout en nous indiquant qu’il ne fallait pas hésiter à venir les consulter si nous ne nous sentions pas bien. Des policiers sont également arrivés en renfort.
Vers midi, nous avons été évacués par l’entrée de la Pyramide du Louvre, après avoir été tous fouillés. Dehors, j’ai pu retrouver d’autres camarades de classe. J’ai appelé mes proches pour les rassurer. Puis, j’ai regardé quelques articles sur mon téléphone pour en savoir davantage et j’ai appris qu’un homme avait agressé un militaire au couteau, avant de se faire tirer dessus par un autre. Cet après-midi, je devais travailler et retrouver mes jeunes élèves, mais je suis encore un peu bouleversée par ce que j’ai vécu. Pour éviter de leur transmettre mon stress, je pense qu’il est préférable de ne pas y aller.
Propos recueillis par Louise Auvitu
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