Dakarmidi – C’est un titre de gloire dont la capitale angolaise se serait bien passée. Luanda est devenue la ville la plus chère du monde pour les expatriés, selon l’étude annuelle publiée par le cabinet américain Mercer. Hong Kong et Tokyo complètent le podium.
C’est un phénomène bien connu des économistes. Quand les pétroliers sont là, les prix montent. L’arrivée massive d’expatriés occidentaux venus travailler à Luanda a créé en dix ans une bulle spéculative.
« Quand on est expatrié, le poste le plus cher, c’est le logement puisqu’on peut avoir des loyers jusqu’à 20 000 dollars [environ 18 000 euros] par mois. Quatre yaourts, on est à 12 euros. Le sac de riz de 8 kilos peut monter jusqu’à 60 euros. Un restaurant équivalent de la petite brasserie en France, ça va être 30 euros, un plat. Donc pour un expatrié en fait, il s’en sort avec 8 000 dollars », détaille Michel Abdelouahab, professeur d’économie à Luanda à RFI.
Mais les expatriés ne sont pas à plaindre en comparaison des Angolais. Même s’ils ne consomment pas de produits étrangers, leur vie est difficile en raison d’une inflation record d’environ 38% par an, et surtout d’une dépréciation brutale du kwanza, la monnaie angolaise, suite à la crise pétrolière de 2014.
« Le salaire minimum agricole est à 18 000 kwanzas par mois. Dans le tertiaire, le salaire minimum est à 25 000 kwanzas par mois. Avec le taux de change officiel, ça vous fait entre 100 et 150 euros par mois de salaire. Donc 90% de la ville de Luanda est constituée de ce qu’on appelle les musseques, c’est-à-dire les bidonvilles », ajoute Michel Abdelouahab.
Si la crise de 2014 a laissé des traces, le mal angolais est bien plus profond. Le pays n’a quasiment aucune industrie et importe la plupart de ses biens de consommation.
La Rédaction