L’Afrique du Sud entre ce week-end dans sa 5e semaine de confinement. Mais les habitants de certains bidonvilles du pays ont pourtant vu leurs abris construits illégalement être démolis par les autorités, notamment au sein de la communauté de Lawley, au sud de Johannesburg.
Avec notre correspondant à Johannesburg, Claire Bargelès
Le maire de Johannesburg s’est défendu de toute expulsion… Les « Fourmis Rouges », le nom donné à cause de leur tenue aux agents spécialisés dans la démolition d’habitations informelles, ont agi selon lui pour arrêter l’invasion illégale des terres.
Namhla porte ses jumelles de deux ans sous les bras. Elle contemple le terrain poussiéreux où se trouvait son abri il y a encore quelques jours. « Ils disent qu’ils ont détruit les constructions où personne ne vivait à l’intérieur. Mais dans la mienne, il y avait des couvertures, un matelas, et mes affaires … Mon voisin pareil, mais ils ont quand même tout détruit. Avec ce coronavirus, ils nous disent que l’on doit rester chez nous, mais je dois habiter avec ma voisine maintenant, et on est 6 ou 7 dans une seule pièce ! »
Des dizaines de ces maisons en tôle ont été détruites dans le secteur, en début de semaine. Certains ont commencé à les reconstruire, mais Howard préfère attendre. « J’étais à la clinique, et j’ai reçu un appel me disant que les « fourmis rouges » détruisaient tout ici. Aujourd’hui, je n’ai pas de travail, pas de nourriture, et pas d’abri. Et si on commence à reconstruire, ils vont nous dire : « regardez, ils construisent pendant le confinement, et c’est illégal ! » »
Depuis le début du confinement, des opérations similaires ont eu lieu en banlieue du Cap et de Durban. La ministre du Logement a condamné ces actions, promettant qu’aucune expulsion supplémentaire n’aurait lieu en période de confinement. Poussé par la commission des droits de l’homme, la ville de Johannesburg a finalement promis de reloger les habitants expulsés.
Les mesures de confinement devraient être assouplies à partir de vendredi prochain, en particulier pour les entreprises, mais les habitants sont toujours appelés à rester chez eux, alors que le nombre de cas de coronavirus continue à augmenter. Le pays a passé la barre des 4 000 cas recensés.