Dakarmidi – A la tribune de la deuxième Université de la Décentralisation initiée par le Cercle des communicants en Décentralisation, le Ministre Abdoulaye Diouf Sarr lançait sans ciller : » Les collectivités locales doivent être opérationnelles pour pouvoir attaquer le marché financier »!
Je lui rappelle que la Commune de Dakar les a trustés, ces marchés financiers. Avec un dossier béton. Qui a obtenu tous les visas. Et a procédé au lancement de son emprunt obligataire. Avant de se faire freiner. Inexplicablement.
Je lui rappelle également que l’entente CADAK CAR s’est vu ôter le pain de la bouche par ses soins.
A quoi cela sert alors, de théoriser une prétendue impulsion économique de la décentralisation, quand les ministres de la République refusent dans le même temps d’appliquer les directives du Président de la République les instruisant de signer des contrats de partenariat public avec les collectivités locales ?
Pourquoi parler d’impulsion économique quand des ministres du gouvernement bloquent insolemment des projets de développement de plusieurs milliards que sont prêts à financer les bailleurs de fonds internationaux, parce qu’ils ne veulent pas dans ces projets de collectivités territoriales dirigées par des opposants, oubliant par là que ce sont des populations sénégalaises qui en sont les bénéficiaires, et que ce sont elles qu’ils privent de formidables opportunités de développement?
Abdoulaye Diouf Sarr a d’autres chantiers plus urgents à finir, au préalable :
-Reprendre le Code Général des Collectivités Territoriales, finaliser dans cette foulée la définition d’une assiette fiscale pour les départements, et les pôles territoires pendant qu’il y est, et mettre en place un fonds de péréquation digne de ce nom, tout en créant les conditions justes d’un transfert financier des ministères concernés dans le cadre du transfert des compétences vers les collectivités territoriales qui en ont la charge désormais. Et que dire aussi des pôles, dont les contours géographiques ont été dessinés unilatéralement par le chef de l’État, lors du Dialogue national?
-Prendre les dispositions réglementaires pour finaliser les initiatives d’entente et d’intercommunalité, tout en mettant en place le dispositif financier d’accompagnement des acteurs qui y sont engagés.
-Dans le cadre des dispositions qu’il à finaliser aussi, il devra définir avec la Caisse de dépôt et consignations un mécanisme d’accompagnement dans la mobilisation de ressources financières sous forme de prêts à court et moyen terme à des taux préférentiels pour la réalisation d’investissement structurants et rentables.
Parler d’impulsion économique de la décentralisation c’est bien, mais puisque le fonctionnement et le pilotage de toutes ces initiatives sont encadrés par le Code Général des Collectivités Territoriales, M. Abdoulaye Diouf Sarr devrait d’abord travailler à la mise en place d’un dispositif réglementaire qui permette à ces collectivités territoriales d’être les acteurs de leur propre développement dans le cadre du principe de la libre administration, un principe galvaudé désormais, et réduit au rang de simple expression, au vu de la manière bien cavalière dont lui et ses homologues parmi lesquels M. Diene Farba Sarr usurpent les prérogatives des collectivités locales, pour dérouler avec l’autorité de la puissance publique et de manière unilatérale toutes les initiatives de nature à concurrencer, ou gêner ces dernières.
L’Acte III de la Décentralisation est en panne, du fait d’un défaut de pilotage, car ceux qui sont aux commandes ne peuvent conduire le bolide.
Cissé Kane NDAO
Président A.DE.R