Dakarmidi -Que les prières d’Allah et Son Salut soient sur notre prophète Mohammed, ainsi que sur ses proches, et tous ses Compagnons !
Quoi qu’il puisse arriver au croyant, c’est un bien venant d’Allah. Sa vie est un bienfait perpétuel que la situation dans laquelle il évolue lui plaise ou non. Le destin est en fait une transaction dont les serviteurs d’Allah récoltent les fruits, comme il est une route qui mène à Lui. Un Hadith certifie que l’Imam que les gens vont suivre, le Jour où chacun sera appelé à suivre son Imam, a déclaré : « La vie du croyant est vraiment étonnante ! Tout destin qu’Allah lui écrit est un bien pour lui : Il est reconnaissant lorsqu’un bonheur lui arrive, ce qui est bien pour lui et il est patient lorsqu’un malheur lui arrive, ce qui est un bien pour lui. » [Muslim]. Tout événement prédestiné au croyant est un bien pour lui, s’il s’arme de patience dans les moments difficiles et s’il fait preuve de reconnaissance dans les moments de joie. Cette caractéristique du croyant fait partie intégrante de la foi. L’un des anciens assume en effet que la foi se divise en deux : une partie est faite de patience et une partie est faite de reconnaissance [1] comme le révèle le verset : « C’est en cela un signe pour les patients et les reconnaissants ». (Sourate Ibrahim Verset 5)
Si l’on considère la religion dans son ensemble, on se rend compte qu’elle revient en fait à ces deux notions : la patience et la reconnaissance.
Or, il existe trois sortes de patience :
Premièrement : patienter face aux obligations
Il faut patienter face aux obligations, car celles-ci réclament une certaine patience et une certaine endurance, comme elles réclament de faire un effort sur soi contre son ennemi intérieur et extérieur. En fonction de sa patience, l’individu s’investit dans les actes obligatoires, mais aussi dans les actes recommandés.
Deuxièmement : patienter face aux interdictions
Il faut patienter face aux interdictions afin de ne pas sombrer dans le péché. Les penchants de l’âme, les tentations du Diable et le mauvais entourage entraînent l’individu à commettre les interdits. En fonction de l’intensité de sa patience, il ne va pas succomber au péché. Certains anciens ont dit : « Les gens pieux et les pervers s’associent à faire les bonnes actions tandis que s’éloigner des mauvaises actions est le privilège des gens véridiques. »[2]
Troisièmement : patienter face au destin
Il faut patienter face au destin qui est indépendant de sa propre volonté. Ce genre de patience est de deux sortes :
- Une sorte consiste à patienter face aux malheurs qui sont au-dessus de la volonté des hommes telle que la maladie et toute calamité céleste en général. Il est relativement plus facile d’endurer ce genre d’épreuves étant donné que celles-ci témoignent de la manifestation divine à travers le destin. En outre, l’homme est impuissant face aux éléments, il doit donc patienter malgré lui, à défaut de le faire de son plein gré. Si en ouvrant son cœur, Allah lui permet de réfléchir sur les conséquences bénéfiques et les bienfaits immenses que celles-ci procurent, il passera dès lors du stade de la patience à celui de la reconnaissance, en se satisfaisant de son sort. Ainsi, le malheur se transforme en bienfait, en se rappelant sans cesse du fond du cœur et du bout de la langue : « Seigneur ! Aide-moi à T’évoquer, à Te remercier, et à T’adorer convenablement ! »[3]
Ce sentiment varie plus ou moins en fonction de l’intensité de l’amour que le serviteur voue à Son Seigneur. Chacun est capable de le constater en lui-même comme le décrit clairement le poète en reprochant à sa bien-aimée de lui avoir causé du tort :
Le mal que tu me fais me fait du mal Mais, il me plaît d’avoir traversé ton esprit
- L’individu doit patienter au mal que les autres lui font subir au niveau de sa personne, de son honneur, et de ses biens. Ce genre de malheur est largement plus difficile à supporter. Par nature, l’homme n’aime pas se faire dominer ; celui qui lui fait du mal hante constamment son esprit et seule la vengeance peut le soulager. Les prophètes et les véridiques sont les seuls à pouvoir endurer ce genre d’épreuves. Malgré les atteintes incessantes faites à sa personne, notre Prophète -sur lui la prière et le salut d’Allah – a déclaré : « Qu’Allah fasse miséricorde à Moussa ! Il a subi bien pire, mais il a su patienter. »[Al Bukhârî et Muslim ]. Après avoir été physiquement malmené par son peuple, l’un des prophètes s’est exclamé : « Ô Allah ! Pardonne-leur, car ils ne savent pas ! » [Al Bukhârî et Muslim ] Certaines annales rapportent que Mohammed – que la prière et la paix d’Allah soient sur lui- a prononcé la même parole en réaction aux attaques venant de son peuple.[4] Dans son invocation, il a ainsi réuni trois éléments : il a fait preuve de clémence à leur égard, il a demandé au Seigneur de leur pardonner, et leur a même trouvé une excuse en avançant qu’ils ne sont pas conscients de leurs actes.
Cette forme de patience a pour fruit de donner la victoire, de guider sur la bonne voie, de procurer la joie et la force en Dieu, de Lui vouer un plus grand amour, de recevoir aussi de la part des gens un plus grand amour et d’accumuler plus de science. C’est pourquoi, le Seigneur dit : « Nous avons fait d’une partie d’eux des exemples (Imam) guidés par Notre Ordre, en raison de leur patience et, car ils étaient convaincus par nos signes (ou versets) ».(Sourate La prosternation Verset 34). Grâce à la patience et à la conviction, on obtient ainsi l’autorité dans la religion. Si l’individu ajoute à la patience, la force de la conviction que représente la foi, il s’élève en échelon pour atteindre le bonheur grâce au Seigneur. Telle est la Faveur d’Allah qu’Il concède à qui Il veut parmi Ses créatures, alors que Sa Faveur est immense ! C’est pourquoi, Allah dit : « Rends le mal par le bien ; tu transformeras ainsi un ennemi avéré en un ami intime ; Seuls les gens patients peuvent y parvenir, seuls ceux qui ont un haut rang peuvent y parvenir ». (Les Versets détaillés Verset 33-35).
Tiré de l’épître Qâ’ida fi e-Sabr wa e-Shukr de Sheïkh el Islam ibn Taïmiya.
[1] Rapporté par el Baïhaqî dans Shu’ab el Imân (9715) qui le fait remonter au Prophète (sur lui la prière et le salut d’Allah ). Sheïkh Al Albânî a cependant considéré faible sa chaîne de transmission dansSilsilat Adh-Dha’îfa (625). L’auteur de la recension du texte d’ibn Taïmiya, D. Hishâm As-Sînî soutient toutefois que vraisemblablement, cette parole a été prononcée par certains savants.
[2] Rapporté par Abû Na’îm dans el Hulia (10/197), selon ‘Abd Allah ibn Sahl e-Tusturî.
[3] Rapporté par Abû Dawûd (1522), selon Mu’âdh ibn Jabal (qu’Allah l’agrée) avec cet énoncé.
[4] Rapporté par e-Tabarânî dans e-Tarîkh el Kabîr (5694) avec une chaîne de transmission Munqati’ (dont il manque l’un de ses éléments).