Une nouvelle étape politique vient d’être franchie ce dimanche. Le porte-parole de l’armée a annoncé ce dimanche à la télévision d’Etat la nomination d’un gouvernement de transition.
Des manifestations réprimées
Pendant cette période de transition, Mahamat Idriss Déby concentre pratiquement tous les pouvoirs. Entouré de 14 généraux, tous fidèles à son père, il a dissous l’Assemblée nationale et le gouvernement et s’arroge les titres de président de la République et de chef suprême des armées. Des manifestations contre la junte à l’appel de l’opposition et la société civile qui dénonce un « coup d’Etat institutionnel » ont fait le 27 avril six morts à N’Djamena et dans le Sud, selon les autorités, neuf selon une ONG locale. Plus de 650 personnes ont été arrêtées lors de ces manifestations interdites et durement réprimées.
Des élections « libres » promises dans 18 mois
Le nouveau portefeuille de la Réconciliation nationale et du Dialogue a été confié à Acheick Ibn Oumar, ancien chef rebelle devenu en 2019 conseiller diplomatique à la présidence. Opposant historique à Idriss Déby Itno, Mahamat Ahmat Alhabo du Parti pour les libertés et le développement (PLD), a été nommé ministre de la Justice.
Le principal opposant, Saleh Kebzabo, ne fait en revanche pas partie du gouvernement. « On reconnaît le Conseil militaire de transition (CMT), sinon on ne va pas être au gouvernement », a déclaré ce dernier à l’AFP dimanche. Deux membres de son parti ont été nommés dimanche dans le nouveau gouvernement de transition, aux postes de ministre de l’Elevage et de secrétaire général adjoint du gouvernement.
Plusieurs anciens ministres du dernier gouvernement d’Idriss Déby Itno ont été reconduits ou nommés à d’autres ministères. Porte-parole du dernier gouvernement, Chérif Mahamat Zene est nommé ministre des Affaires étrangères, poste qu’il a déjà occupé de 2018 à 2020. Lydie Beassemda, première femme candidate à une présidentielle en avril dernier, qui fut ministre sous Idriss Déby Itno, est nommée à l’Enseignement supérieur et la Recherche.
Le CMT a promis des « élections libres et démocratiques » dans 18 mois. En attendant, la Charte de transition prévoyait la mise en place d’un gouvernement de transition, dont les membres sont nommés et révoqués par le président du CMT. Les principaux partis d’opposition, ainsi que syndicats et société civile, ont vu dans l’arrivée au pouvoir du fils d’Idriss Déby Itno un « coup d’Etat institutionnel » et ont appelé à une « transition dirigée par les civils ».