Après trois semaines de recherches, les corps ont été localisés dans une fosse commune à Omdurman, ville jumelle de Khartoum.
Les corps de vingt-huit officiers de l’armée soudanaise, auteurs d’un coup d’Etat raté en 1990 pour renverser l’ex-président Omar Al-Bachir, ont été découverts dans une fosse commune à Omdurman, ville jumelle de Khartoum, a annoncé, jeudi 23 juillet, le procureur de la république. Il s’agit du second charnier découvert depuis la chute de l’autocrate, qui avait dirigé le pays d’une main de fer durant trente ans.
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C’est sur la base d’informations recueillies par une commission d’enquête mise en place par les services du procureur, après le renversement d’Omar Al-Bachir, que la fosse commune a été trouvée. « Il aura fallu trois semaines et la participation de vingt-deux experts de différents services pour la localiser. Des opérations sont en cours pour exhumer les corps et des médecins procèdent à des tests pour les identifier », a détaillé dans un communiqué le procureur Tagelsir Al-Hebr.
Ces officiers avaient encerclé le quartier général de l’armée ainsi que plusieurs casernes avant d’être arrêtés et exécutés sommairement.
Version officielle contestée
A la mi-juin, une fosse commune renfermant les corps de dizaines de soldats, exécutés en 1998 par le régime d’Omar Al-Bachir alors qu’ils tentaient de déserter, avait été mis au jour par la commission chargée d’enquêter sur les meurtres commis dans le camp militaire d’Ailefoum, au sud-est de Khartoum.
En avril 1998, plusieurs dizaines de jeunes conscrits avaient été tués en tentant de s’échapper du camp insalubre d’Ailefoum où se déroulait leur formation, afin de rejoindre leurs familles pour la fête musulmane de l’Aïd Al-Adha.
Rejetant les accusations qui leur étaient adressées, les autorités soudanaises d’alors, répondant à l’ex-président Omar Al-Bachir, avaient affirmé que les jeunes soldats étaient morts noyés dans le Nil bleu. Officiellement, 55 corps ont été repêchés après que le bateau transportant les conscrits eut coulé.
Cette version officielle a rapidement été contestée par des rescapés, des familles de victimes qui n’ont jamais reçu les dépouilles de leurs proches, ainsi que plusieurs groupes d’opposition qui estiment à des centaines le nombre de victimes.
Poigne de fer
Le régime militaire de Bachir, chassé du pouvoir en août 2019, utilisait les conscrits comme contingent dans sa guerre contre les rebelles du Sud, région riche en ressources pétrolières qui a fait sécession en 2011.
Depuis août 2019, le Soudan s’est doté d’un gouvernement civilo-militaire de transition, chargé de diriger le pays durant trois ans. Résolu à rompre avec l’ancien régime, ce dernier cherche à rétablir la vérité, longtemps étouffée, sur les exactions et les massacres commis sous la dictature de Bachir.
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Reconnu coupable de corruption en décembre 2019, M. Bachir, qui est actuellement détenu à la prison de Kober, à Khartoum, est également sous le coup de deux mandats d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour « crimes de guerre », « crimes contre l’humanité » et « génocide » au Darfour.
Le conflit au Darfour (ouest), qui a éclaté en 2003 entre le régime à majorité arabe de Bachir et des insurgés issus de minorités ethniques, a fait environ 300 000 morts et contraint près de 2,5 millions de personnes à l’exil, selon les Nations unies.
Un procès inédit
L’ex-président soudanais a comparu mardi devant une cour spéciale à Khartoum où il doit répondre du coup d’Etat qui l’avait porté au pouvoir en 1989, un procès inédit dans le monde arabe. La première audience n’a duré qu’une heure car la salle n’a pu accueillir les 191 avocats de la défense. La cour spéciale formée de trois juges a fixé au 11 août la prochaine audience.
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L’ex-autocrate âgé de 76 ans et 27 autres accusés risquent la peine de mort pour avoir renversé le gouvernement démocratiquement élu du premier ministre, Sadek El-Mahdi, il y a trente et un ans.
Parmi eux figurent des militaires et des civils, qui étaient regroupés dans des cages, ainsi que les anciens vice-présidents Ali Osman Taha et le général Bakri Hassan Saleh. La majorité des détenus portaient l’habit blanc traditionnel et une coiffe de la même couleur.