Les présidents de cinq pays du Sahel et de la France se sont dits convaincus, mardi, 30 juin, à Nouakchott, en Mauritanie, que la « victoire contre les jihadistes » était possible dans la région.
Mais plus consciencieux que ses homologues du G5 Sahel, l’hôte mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani a dit : « certes des « progrès significatifs » ont été accomplis. Mais ils sont « insuffisants eu égard à l’ampleur des défis à relever. L’extrémisme violent sous toutes ses formes continue à sévir dans plusieurs zones de l’espace du G5 Sahel et s’étend de manière inquiétante » à d’autres régions, a-t-il mis en garde.
Pour la simple raison que « l’extrémisme violent » est comme un « incendie ». Il a un « épicentre » qui l’alimente. Tant qu’il est épargné par les Sapeurs-Pompiers, ils peuvent contrôler l’incendie dans la périphérie, sans pour autant en venir à bout, du fait des départs de feu à intervalles, qu’émet l’épicentre.
C’est ainsi que le « terrorisme violent » au Sahel a son épicentre, qui est la région de Kidal, au Nord Mali, que Barkhane et le G5 épargnent dans leurs luttes contre les groupes armés, qui ont essaimé au Centre du Mali et vers les pays frontaliers.
En effet, tous les observateurs, y compris ceux des Nations Unies, n’ont eu de cesse à dénoncer en vain, les connections avérées entre les groupes armés qui contrôlent la Région de Kidal, et ceux qui ont essaimé au Centre du Mali, tout en mettant aux prises « Dogons » et Peulhs », et vers le Burkina, le Niger, et dès fois, vers la Côte d’Ivoire.
Ces groupes armées qui contrôlent le Nord du Mali, à Kidal, y ont été projetés par la France, une première fois dans la foulée de son agression contre le gouvernement Libyen, et une seconde fois, lors de son Opération Serval qui était destiné à chasser les djihadistes du Mali pour rétablir la souveraineté de l’Etat Malien sur tout son territoire.
Mais, en empêchant l’Armée malienne de participer à la libération de la Région de Kidal la livrant ainsi aux mêmes groupes armées qu’elle y a introduits, la France est parvenue, comme elle l’avait fait avec la Libye, à convaincre l’ONU, d’y envoyer une Force multinationale, la MINUSMA, pour aider à protéger les « Tourags » d’un éventuel génocide que l’Armée malienne allait y perpétuer, et à imposer au gouvernement du Mali des négociations de paix en Algérie avec ces groupes armés sous sa protection.
Et ce n’est pas par hasard que de temps à temps, l’Armée malienne est accusée « d’exactions » contre le peuple !
Depuis lors, le rejet des « Accords de Paix d’Alger » par le peuple malien qui y voit la partition de son pays avec « l’Autonomie » et les privilèges (40% des recettes budgétaires de l’Etat du Mali » qu’ils accordent aux groupes armés regroupés dans la « Coordination des Mouvements de l’AZAWAD »( CMA) qui occupent Kidal, « l’extrémisme violent » dont a parlé le Président de Mauritanien s’est répandu au Centre du Mali et dans les pays limitrophes, avec une telle intensité, qui lui a permis de relativiser les « fanfaronnades » de Macron.
Ainsi, tant que les groupes armés qui occupent Kidal ne sont pas totalement désarmés sous le contrôle de la Force Onusienne, la MINUSMA, et la souveraineté de l’Etat malien n’est pas rétablie dans la Région de Kidal, il est illusoire d’espérer vaincre le terrorisme au Sahel.
Mais, le peuple malien a compris par expérience, que cela n’est pas possible tant que la France continue à maintenir sa présence militaire au Mali et au sein de la MINUSMA, et que l’on continue à lui imposer les « Accords de Paix d’Alger ».
D’où sa mobilisation pour le départ des troupes françaises de son sol, et la renégociation des « Accords d’Alger », qui sont la cause de la crise politique et sociale qui déchire le Mali et de son insécurité grandissante.
C’et pour sortir de cette contrainte que la France a décidé de desserrer la pression sur Kidal et les « Accords d’Alger » pour la déplacer vers la Zone dite des « Trois frontières » où elle demande de mettre principalement l’accent dans la lutte contre le terrorisme au Sahel.
Mais ce serait oublier que la France ne peut pas être « Pyromane et Sapeur-Pompier » en même temps !
C’est en cela qu’il est étonnant de voir le Président du Mali, contrairement au Président de Mauritanie, soutenir les « fanfaronnades » de Macron dans un contexte politique dans son pays, où son peuple se mobilise pour son départ du pouvoir à cause de son entêtement à maintenir la présence militaire de la France au pays, et à appliquer les « Accords de paix d’Alger » !
Il vient de rater ainsi l’opportunité de se réconcilier avec son peuple en ne prenant pas son courage, en présence de ses homologues du G5 Sahel, pour situer les responsabilités de la France dans le déclenchement de la déstabilisation du Mali et du Sahel, et réclamer le départ de ses troupes du sol malien et de la MINUSMA !
C’est la seule manière d’éteindre l’épicentre du terrorisme violent au Sahel, et c’est ce que semble avoir compris le Président de Mauritanie en faisant sa mise au point à Macron !
Ne laissons pas le Président IBK du Mali, continuer à maintenir le feu dans son pays et au Sahel !
Ibrahima SENE PIT/SENEGAL
Dakar le 1er Juillet 2020