Une peine de 20 ans de prison a été requise jeudi par la justice congolaise contre Vital Kamerhe, allié politique et directeur de cabinet du président de la République démocratique du Congo (RDC), principal accusé d’un procès anticorruption sans précédent.
Le procureur a requis 20 ans de “travaux forcés” (prison) et dix ans de déchéance de ses droits civiques à l’encontre de M. Kamerhe, 61 ans, jugé avec deux coaccusés pour le détournement de fonds public.
La même peine de 20 ans a été requise contre le premier des deux coaccusés de M. Kamerhe, l’entrepreneur libanais Jammal Samih, 78 ans, que le Parquet souhaite voir quitter le territoire congolais à l’issue de sa peine.
Une peine supplémentaire de 15 ans a également été requise contre MM. Kamerhe et Samih pour “corruption aggravée”.
Le cumul des peines ne doit cependant pas dépasser “20 ans de travaux forcés ou de servitude pénale”, a indiqué le procureur du Tribunal, qui siège dans la cour de la prison centrale de Kinshasa.
MM. Kamerhe et Samih s’y trouvent en détention préventive depuis début avril.
Ils sont jugés en compagnie d’un troisième accusé, Jeannot Muhima, fonctionnaire de l’Etat, qui était chargé du service import-export à la présidence de la République.
Le Parquet a également demandé la “confiscation des fonds” sur les comptes bancaires de l‘épouse de M. Kamerhe, de la fille de celle-ci et d’un cousin de l’accusé, ainsi que “la confiscation des propriétés immobilières acquises avec les fonds détournés pendant la période allant de janvier 2019 à ce jour”.
Ancien président de l’Assemblée nationale, M. Kamerhe est une figure centrale de la vie politique congolaise. Candidat déclaré à la présidentielle du 30 décembre 2018, il s‘était désisté au profit de Félix Tshisekedi un mois avant le scrutin.
Détournement présumé
Les deux hommes avaient conclu un accord prévoyant que M. Kamerhe soit à son tour candidat à la présidentielle suivante, en 2023.
Elu président, M. Tshisekedi avait nommé M. Kamerhe au poste de directeur de cabinet du chef de l’Etat.
Dans ce procès sans précédent, M. Kamerhe est poursuivi pour le détournement présumé de quelque 50 millions de dollars de fonds publics.
Cet argent devait financer un volet des travaux d’urgence du programme des “100 jours” lancé par le chef de l’Etat à son arrivée au pouvoir.
Ce volet portait sur la construction de logements sociaux pour militaires, sous la forme de 1.500 maisons préfabriquées.
Le marché avait été passé avec l’homme d’affaires libanais Jammal Samih.
La défense a commencé ses plaidoiries après le réquisitoire de près de deux heures du Parquet. La date du verdict n’est pas encore connue.
AFP