Sous un ciel de printemps, des employés du Mémorial du génocide de Kigali taillent les haies, nettoient les parterres de fleurs et lessivent les sols. Jeudi 27 mai vers 10 heures, Emmanuel Macron devait visiter le site situé à Gisozi, un district au nord de la capitale rwandaise, et tout doit être impeccable.
Le déplacement du président français au
– suivi le lendemain par une visite officielle en Afrique du Sud – est considéré par l’Elysée comme « une étape finale de normalisation des relations » entre Paris et Kigali, après un quart de siècle de tensions parfois vives.
Devant les cinq fosses communes recouvertes d’une dalle de ciment et dans lesquelles sont inhumés les restes de plus de 250 000 personnes tuées pendant le génocide des Tutsi au printemps 1994, le président français devait déposer une gerbe de fleurs. Près de la flamme du souvenir, il devait prononcer, vers 11 heures, un discours très attendu. La question des excuses, formulées ou pas au nom de la France, est déjà dans tous les esprits.
« Je laisse au président Macron le choix des mots. Des excuses ne peuvent venir à la demande », a déclaré au Monde Paul Kagame, le président rwandais, lundi 17 mai.
Mais la plupart des associations de victimes les attendent. « Je ne peux pas concevoir que M. Macron vienne jusqu’à Kigali et que devant tous ces morts, la France ne s’excuse pas », assure Alain Gauthier, président du Collectif des parties civiles pour le Rwanda.
La visite du président français survient deux mois après la parution du rapport de la commission Duclert, chargée d’étudier le rôle de la France au Rwanda de 1990 à 1994. En concluant à « un ensemble de responsabilités lourdes et accablantes » mais en écartant une complicité de l’Etat français dans le génocide qui a fait 800 000 morts selon l’ONU, les historiens ont fait émerger une vérité historique et donné un coup d’accélérateur à ce réchauffement diplomatique soutenu par les deux chefs d’Etat.
Des milliers d’archives et de témoignages
Après Nicolas Sarkozy, en février 2010, Emmanuel Macron est le deuxième président français en exercice à visiter ce mémorial inauguré en 1999 et géré par l’ONG britannique Aegis Trust en partenariat avec le gouvernement rwandais. Bordé par un jardin en étages, le site s’étend sur trois hectares et se présente comme un lieu de recueillement mais aussi de transmission de la mémoire, puisqu’il rassemble des milliers d’archives et de témoignages. Dans le cadre du 27e anniversaire du génocide et, comme chaque année au moment des commémorations, le mot kwibuka (« souviens-toi », en kinyarwanda) s’affiche partout.