Cette décision a été prise lors d’une réunion entre experts de musées et responsables politiques nationaux et régionaux organisée à l’initiative de Mme Grütters. «
Nous voulons contribuer à la compréhension et à la réconciliation avec les descendants de ceux dont les trésors culturels ont été dérobés pendant la colonisation », a-t-elle indiqué dans un communiqué. « Nous prévoyons les premières restitutions au cours de l’année 2022 », a-t-elle ajouté.
Les musées devront d’ici au 15 juin publier une liste détaillée de l’ensemble des bronzes en leur possession. Une nouvelle réunion fin juin devra déterminer le calendrier des restitutions. Cette décision constitue « un tournant dans notre rapport à notre histoire coloniale », a estimé le chef de la diplomatie allemande Heiko Maas dans un communiqué.
Les bronzes du Bénin figurent parmi les artefacts les plus réputés de l’art africain. Ces plaques, avec leurs bustes et sculptures en laiton fabriquées entre le XVIe et le XVIIIe siècle, décoraient le palais royal du royaume du Bénin, dans ce qui est aujourd’hui le sud-ouest du Nigeria. Elles avaient été réparties dans plusieurs musées européens après le pillage du pays par les Britanniques à la fin du XIXe siècle.
Plus de 400 bronzes
Le musée ethnographique du Forum Humboldt de Berlin, qui devrait accueillir cette année ses premiers visiteurs après une rénovation complète, possède environ 530 objets historiques, dont plus de 400 bronzes issus de l’ancien royaume du Bénin. Cette collection est présentée comme la plus importante du genre après celle du British Museum de Londres.
La réouverture du Forum Humboldt, sur la célèbre Ile aux musées de la capitale allemande, s’est accompagnée d’une vive controverse sur l’opportunité d’exposer de telles œuvres. L’ambassadeur du Nigeria en Allemagne, Yusuf Tuggar, avait à cette occasion demandé leur restitution. « Une approche sincère de l’histoire coloniale inclut également la question de la restitution des biens culturels », avait déclaré fin mars M. Maas.
En Europe, la plupart des anciennes puissances coloniales ont lancé ces dernières années des réflexions sur la réappropriation de leur patrimoine par les anciens pays colonisés, surtout africains. Le British Museum s’est prononcé pour un retour de certaines œuvres au Nigeria, mais sous la forme de prêt.
Le Nigeria veut construire un nouveau musée pour exposer les précieux bronzes. Le futur bâtiment devrait sortir de terre à la fin 2024 à Benin City (Etat d’Edo), à partir d’un financement initial de 3,4 millions d’euros, auquel participe le British Museum.
Fin 2020, la France a approuvé la restitution de 26 pièces pillées en 1892 dans l’ancien royaume du Bénin.