Dakarmidi – Le Zimbabwe à la croisée des chemins. Le pays de l’Afrique australe est toujours en attente du renouveau tant espéré après la chute du leader de longue date Robert Mugabe. Mais les espoirs tendent à s‘évanouir vu la situation actuelle du pays.
Le 14 novembre 2017, des chars de l’armée zimbabwéenne investissaient les rues de Harare, la capitale du pays. Objectif allégué, écarter des “criminels” de l’entourage du président du pays, Robert Mugabe, en réaction au limogeage du vice-président d’alors Emmerson Mnangagwa. Un fait inédit dans ce pays qui vivait depuis 37 ans sous le règne de Robert Mugabe.
Ce coup de force de l’armée a été salué par une population zimbabwéenne exaspérée qui est par la suite descendue dans les rues exigeant la démission de son président. Finalement, au bout de pressions de l’armée, de la population et de son entourage politique, Robert Mugabe a démissionné le 21 novembre. Harare a exulté, s’imaginant un retour au miracle économique des décennies passées.
Puis, une année s’est écoulée depuis l’arrivée au pouvoir d’Emmerson Mnangagwa, confirmé chef de l’Etat à l’issue des élections de juillet. L’euphorie s’est estompée, l’horizon est toujours aussi obscur pour beaucoup de Zimbabwéens.
Il faut dire qu’entre le Zimbabwe d’avant novembre 2017 et celui d’aujourd’hui, pas grand chose a changé. La crise économique reste autant proéminente. Depuis plusieurs semaines, le pays a renoué avec le manque de liquidités, créant de longues files d’attente devant les banques. En septembre, l’inflation a atteint son plus haut niveau depuis 2010. Les magasins et pharmacies sont en rupture de stocks. Pour ne rien arranger, le pays a été victime d’une épidémie de choléra qui a fait au moins 50 morts dans la capitale Harare.
Des épisodes qui font craindre un remake de 2009, lorsque le Zimbabwe a connu un effondrement de son économie caractérisé par une hyperinflation qui a atteint les 500 milliards % selon le FMI. Dans la foulée, une épidémie de choléra avait tué 4 000 personnes.
On n’en est pas encore là. Et le nouveau gouvernement zimbabwéen pense que des efforts sont faits pour améliorer les conditions de vie dans le pays. Si la situation économique reste critique, Harare se réjouit par contre d’une plus grande liberté d’expression et d’association. “(…) Les choses qui étaient taboues dans le passé sont maintenant enracinées et fortifiées désormais”, a déclaré à l’Associated Press Energy Mutodi, ministre adjoint à l’Information. “Les barrages routiers de la police, où les automobilistes étaient régulièrement harcelés pour obtenir des pots-de-vin, ont été supprimés, par exemple”, a-t-il ajouté.
À son arrivée au pouvoir, Emmerson Mnangagwa a promis une transformation radicale du Zimbabwe, notamment sur le plan économique et des droits humains. Pour renflouer les caisses de l’Etat, il a imposé une taxe de 2 % sur toutes les transactions électroniques. Il a par ailleurs appelé les investisseurs étrangers à rejoindre le capital des entreprises zimbabwéennes.
Mais ses initiatives ont été mises à mal par son élection contestée de juillet à l’issue de laquelle six personnes ont été tuées dans des affrontements entre l’armée et partisans de l’opposition. Des événements dénoncés par la communauté internationale. L’interdiction de manifestations anti-gouvernementales et l’arrestation de syndicalistes ces dernières semaines font du reste craindre un retour dans le passé.
Africanews
La rédaction