Dakarmidi – En marge de la visite de son homologue du Burkina Faso, Roch Marc Christian Kaboré, le président de la République a exprimé son dépit, pour ne pas dire sa colère, suite au débat suscité par l’annonce du professeur Babacar Guèye sur la possibilité d’un troisième mandat pour lui. Ce débat » puéril et sans intérêt pour le développement du pays », est selon le président de la République le fait d’intellectuels. « Même un analphabète, si tu lui fais une traduction du texte, il va le comprendre. Mais les intellectuels aiment nous compliquer la vie, se livrer à de grandes réflexions pour se mettre en valeur mais ce débat « moom nagn ko tek feulé » a crié Macky Sall. Pour dire haut et fort que la charte fondamentale du Sénégal ne lui offre aucune possibilité d’un troisième mandat.
Mais on aura beau dire, il restera que « chat échaudé craint l’eau froide ». Nous n’en sommes pas à un premier débat sur l’éventualité d’un troisième mandat présidentiel. On l’a connu avec maître Abdoulaye Wade ancien mentor du Président Macky Sall. Lui aussi comme son successeur, avait convoqué la charte fondamentale pour dire qu’il était dans l’impossibilité de se représenter à la fin de son deuxième mandat. Sur les plateaux de la chaîne française TV5, l’ancien Président déclarait crânement : « Je ne peux pas prétendre à un troisième mandat. J’ai verrouillé la constitution ». Les délices du pouvoirs et ses ambitions politiques pour son fils l’ont conduit à se dédire. Ils se paiera même les services de spécialistes français du droit constitutionnel pour infirmer les avis de juristes sénégalais réticents à sa candidature pour un troisième mandat présidentiel. Et malgré la pugnacité de l’opposition d’alors et de la société civile, la question fut tranchée en sa faveur par le Conseil constitutionnel. Wade fut candidat.
Et puis, le Président Macky Sall n’avait il pas lui aussi clos le débat sur la réduction de son mandat devant des journalistes de cette même chaîne de TV française. Avant de faire volte face sous la pression des apparatchiks de son régime, pour la maintenir à sept ans. pourtant il a été élu en partie sur la base de l’engagement qu’il avait pris à ce sujet.
Rappelons au Président que le chemin de l’enfer est pavé de bonnes intentions. Pour dédouaner les intellectuels, qui tous, se sont annoncés là, où ils sont attendus. Leur rôle étant un rôle d’avant garde, de veille et de contrôle de la démocratie. De poser le regard et le verbe là où il faut, dans le seul intérêt du peuple qui a confié sa confiance et ses biens à un homme. Pour rappeler à ce dernier qu’il n’est ni un roi, ni un prince et que la volonté populaire est la seule qui vaille en démocratie.
C’est dire que ce débat est loin d’être puéril. Il est même nécessaire dans ce sens qu’il peut avoir une portée dissuasive par rapport à tous les partisans qui pourraient se lever demain, pour exploiter ce vide dans la constitution, qui ( existe bel et bien) pour pousser le Président vers une troisième candidature. Les mêmes causes produisant les même effets, le dernier mot reviendra au Conseil constitutionnel. Dans sa nouvelle composition, allez savoir ce qui s’en suivra !
La rédaction