Le ridicule ne tue pas. Au moment où certains Sénégalais font preuve de solidarité en donnant, qui des fonds, qui des denrées alimentaires, qui des produits antiseptiques et autres produits de prévention du Covid 19, d’autres, sans scrupule cherchent à tirer profit de cette situation inquiétante qui préoccupe le monde entier.
En effet, après le scandale des flacons de gel contrefait commercialisés dans ce contexte de lutte contre la pandémie, une pratique déshonorante est en cours dans certaines préfectures. Il s’agit de la vente des autorisations spéciales de circuler d’une région à une autre. Le 31 mars 2019, un minicar de transport de voyageurs a été contrôlé par des gendarmes à Thiès avec à son bord, vingt (20) passagers.
Entres autres documents, le conducteur a exhibé une autorisation spéciale de circuler délivrée par un préfet de la Région de Diourbel. Ce qui est étonnant, c’est qu’il a bien été mentionné sur ladite autorisation spéciale que le véhicule bénéficiaire est un minicar de transport en commun ! Comment alors le conducteur a-t-il fait pour bénéficier de ce sésame ?
L’enquête a révélé que le document a été acheté par l’intermédiaire de courtiers qui encaissent entre dix mille (10.000) et vingt mille (20.000) francs. Il a été délivré pour se rendre de DAKAR à TOUBA alors que le préfet qui l’a signé est établi dans la région de Diourbel.
De source bien informée, il s’agit d’un réseau de trafic des autorisations spéciales, en connexion avec des transporteurs qui réclament entre vingt-mille (20.000) et vingt-cinq mille (25.000) pour faire du transport interurbain. Sur la ligne « Motif du voyage », rien n’a été mentionné, preuve qu’il s’agit bien d’un document de complaisance. Sur une autre autorisation délivrée par une autre préfecture toujours dans la région de Diourbel, il a été mentionné comme « Motif du voyage » : accompagner sa sœur à un mariage. Les personnes approchées ont mis en évidence une pratique consistant pour les autorités administratives à délivrer en masse des autorisations à des marabouts qui, à leur tour, les échanges contre espèces sonnantes et trébuchantes. Il s’agit là de pratiques qu’il faut non seulement dénoncer, mais sanctionner avec la dernière rigueur.
Les autorités de tutelle sont donc interpellées. Ces personnes cupides et égoïstes doivent être démasquées et mises hors d’état de nuire pour avoir foulé aux pieds la décision présidentielle de restriction de la circulation des personnes et pour avoir mis en danger la vie des populations transportées en commun dans ce contexte alarmant de pandémie du Covid 19. La lutte contre la propagation de ce virus ne s’en portera que mieux.