L’imam Tafsir Babacar Ndiour de la mosquée Moussanté de Thiès a appelé dimanche, dans son sermon de la Korité, à l’avènement d’un “nouvel ordre national et sous-régional”, dans le but de faire face aux nombreux défis mis à nu par la pandémie du coronavirus.
“Il est un devoir de faire usage d’un autre ordre dans notre pays, un ordre national dans le domaine de la politique, de l’économie, de la finance, de l’agriculture, de l’élevage et dans tout ce qui promeut le progrès de l’homme”, a dit l’imam Ndiour.
Le religieux a indiqué dans son sermon suivant la prière de l’Aïd el-Fitr, que le pays devait “se repositionner dans tous les domaines”, à la fin de cette pandémie du Covid-19. “Avec cette pandémie, nous nous rendons compte que nous ne pouvons pas nous nourrir nous-mêmes. C’est grave”, a martelé l’imam.
Il a souligné l’importance pour les pouvoirs publics d’accorder une grande attention à l’agriculture, pour développer la production et parer à toute éventualité. Ce qui passe par un soutien aux producteurs en matériel, en intrants et le développement de l’irrigation.
Il faut y adjoindre des valeurs, des bons comportements et la foi, la crainte et l’obéissance à Dieu, a-t-il dit. Pour l’imam Ndiour, l’Etat doit saisir cette occasion pour renforcer les sociétés nationales. Cela passe, estime-t-il, par le développement de banques nationales, auxquelles il appelle les Sénégalais à contribuer.
Relevant que cette pandémie a révélé la faiblesse du plateau technique des structures de santé, pendant que des responsables “dépensaient des fortunes pour aller se soigner à l’étranger”.
Il invite l’Etat à relever le plateau technique des hôpitaux, améliorer les conditions de travail des agents de santé dont il a salué le ‘’dévouement’’ durant cette crise sanitaire.
L’imam Tafsir Babacar Ndiour a aussi plaidé pour “une collaboration entre tradipraticiens et médecine moderne pour trouver des remèdes, et faire face à la tyrannie des firmes pharmaceutiques”, a-t-il noté.
Au plan social, la pandémie a mis en exergue le fait que “la majorité des Sénégalais n’ont pas de quoi vivre par jour pour rester chez eux”, déplore l’imam Ndiour. Il recommande que l’Etat développe “à grande échelle” les inventions et le savoir-faire que les Sénégalais montrés, lors de cette pandémie, pour apporter des solutions à la population.
A côté de ce nouvel ordre national, l’imam suggère un “autre ordre régional ou sous-régional, avec les pays voisins qui partagent les mêmes maux” que le Sénégal. “Quant au nouvel ordre mondial, aucun Africain n’y a voix au chapitre, parce que c’est après avoir (décidé) qu’ils vous donnent des injonctions”.
“C’est comme s’il y avait un gouvernement mondial qui veut anéantir les Etats-nations”, a dit l’imam, qui relève que dans chaque domaine, les Etats s’en remettent à un organe supranational.
Il souligne le caractère incontournable des Nations-Unies, “quelle que soit l’indépendance d’un pays”.
Les pays africains doivent, de ce fait, écouter les directives de l’OMS, pour ce qui est de la pandémie, et dans le commerce, c’est l’OMC qui fixe les règles. “Dans le domaine des finances, la Banque mondiale et le FMI s’occupent de nos affaires, dans l’agriculture, c’est la FAO, le FIDA et consorts”.
Il déplore que ces organismes “pensent à notre place, pour nous dire ce que nous allons faire, alors qu’ils ne connaissent pas vraiment notre mal, notre quotidien, les priorités de nos peuples”.
Pour tout cela, le religieux est d’avis que le chef de l’Etat “a raison” de plaider pour l’annulation de la dette qui, dit-il, “étrangle” le Sénégal.