Leader du mouvement Agir, Thierno Bocoum est de ces jeunes Sénégalais qui veulent changer le pays. D’où d’ailleurs la mise en place de son parti politique. Ses ambitions, il les a partagées avec ‘’EnQuête’’. De son enfance à sa vie d’homme politique, il revient sur tout. Il se prononce sur relations avec son ex-leader Idrissa Seck, son avenir politique, sa famille, ses loisirs… Entretien.
Parlez-nous de votre enfance ?
J’ai été éduqué par le grand frère de mon père qui était un administrateur civil. Donc, j’ai eu à faire énormément de déplacements durant mon parcours scolaire. Mes premiers pas à l’école primaire, je les ai faits à Diourbel. Je suis un Baol-Baol. Ensuite, j’ai été à Vélingara, à Kébemer, à Tivaouane, à Kaffrine… J’ai eu l’Entrée en 6e à Kébémer, le Bfem à Kaffrine et j’ai eu le Baccalauréat à Diourbel. Après, j’ai entamé des études supérieures en droit et j’ai un diplôme supérieur d’études en Communication, un Master en Science de gestion, en Droit des affaires parlementaires et là, je suis doctorant en Pêche dans les relations internationales et diplomatiques.
Vous n’avez peut-être pas eu une enfance stable, avec tous ces déplacements ?
Il faut dire que c’était assez bizarre, mais assez instructif, avec le temps. Nous étions coupés de nos amis, de nos professeurs et, parfois, en milieu d’année scolaire. J’ai eu, durant mon enfance, des relations ou des processus de connaissances qui ont été interrompus. C’était un peu compliqué, de ce point de vue. Mais nous étions plus ou moins habitués à cela, tout de même. C’était instructif, parce que cela nous a permis d’aller d’un milieu à un autre, de découvrir des gens et de connaitre le Sénégal. A partir de la seconde, il y a eu une certaine stabilité jusqu’en terminale, au lycée Cheikh Ahmadou Bamba de Diourbel.
Quel genre d’enfant étiez-vous ?
Je n’ai jamais était turbulent. Cependant, je me bagarrais, parce que je n’étais pas du genre à me laisser faire. A chaque fois que je fus dans une situation de me défendre, non seulement je me défendais, mais également je défendais les autres. Je ne permettais à personne de toucher à mes frères et sœurs, de même que mes amis. C’était une question d’honneur. Au fur et à mesure que je grandissais, je me suis beaucoup assagi. Je jouais bien au football, mais à un moment, il fallait choisir entre le foot et les études.
Avez-vous fréquenté les ‘’daara’’ ?
Je suis né dans une famille halpulaar très stricte concernant cette question. J’ai été au ‘’daara’’ avant d’entrer à l’école, et durant les vacances c’était obligatoire. Ce qui fait que j’ai fréquenté l’école coranique un peu partout. Les préceptes de l’islam sont à respecter, chez nous.
Etes-vous conservateur, du moment où vous êtes né dans une famille halpulaar stricte ?
Je suis halpulaar et j’en suis fier. Mais ce qui compte c’est d’être sénégalais. Je suis très ouvert, donc beaucoup pensent que je ne suis pas pulaar. Mais je suis très patriote et pense qu’au Sénégal, nous sommes tous des frères et des sœurs.
Quel genre de personne êtes-vous ?
J’aime bien entreprendre. D’ailleurs, j’ai créé ma première entreprise en 2008. Là, j’ai repris mes affaires. J’entreprends beaucoup. Je suis un libéral, pas dans le sens idéologique, mais dans le sens du comportement. J’aime bien écrire, suivre des documentaires. J’écoute rarement de la musique. J’en écoute que juste quand je suis dans ma voiture. Je ne sors pas la nuit, sauf parfois avec la famille pour aller au restaurant, mais je ne fréquente pas les boites de nuit. Je suis passionné de lutte et de football, mais pas comme ça se fait maintenant.
Quand je faisais mon Bac, c’était lors de la Coupe du monde. Mais je ne m’occupais pas des matches. Je suis de ceux qui, quand ils ont un objectif, essaient de tout faire pour l’atteindre. C’est mon fort. Je ne suis dépendant de rien. Je ne fume pas, ne bois pas. Quand je me rends compte que telle ou telle autre chose peut me contraindre à faire des choses que je ne souhaite pas ou m’ôter la liberté que j’ai, je préfère m’en éloigner. Je suis une personne libre et je tiens à cette liberté. Je préfère être libre de mes mouvements, de mes pensées, de mes décisions.
C’est pour cela que je dis toujours que le projet pour subvenir à mes besoins est personnel. Mais le projet politique que j’ai, c’est un problème d’intérêt national. Donc, je ne suis pas entré en politique pour m’enrichir ou pour avoir des privilèges ou de l’honneur. Je préfère garder ma liberté et travailler pour les intérêts des populations. Maintenant, quand il s’agit de nourrir ma famille ou de m’enrichir, je le fais à la sueur de mon front. C’est pourquoi je n’ai pas de sens interdit dans ce pays et je regarde tout le monde les yeux dans les yeux. Je suis très passionné par les questions de société, parce que je considère que le monde est en mutation et que nous devons de plus en plus réfléchir sur les relations que nous devons avoir avec les autres.
Vous écoutez quel genre de musique en voiture ?
J’adore le rap galsen. Je trouve qu’il y a beaucoup de colère et de messages forts qui relatent l’exactitude de la situation du pays. Je pense vraiment qu’on doit prêter une oreille attentive aux rappeurs. J’écoute également le mbalax qui est notre musique nationale. J’aime bien la musique sénégalaise.
Le Real Madrid vient de remporter la Champions League. Vous supportiez quel club ?
Je ne supportais aucune équipe ; je supportais Sadio Mané. Quand il a marqué un but, je l’ai aussitôt mis en statut sur mon WhatsApp. Je suis un patriote. J’ai soutenu des équipes, parce que tout simplement il y avait des Sénégalais ou un Africain. Malheureusement, Sadio a perdu. Mais les querelles Real-Barça, je ne suis pas dedans. Il m’arrive rarement de regarder ces matches. Certains me disent que je ne sais pas ce que je rate, mais je leur dis : vous aussi, vous ne savez pas ce que vous ratez, parce qu’il y a tellement d’autres choses à faire dans cette vie. Mais quand le Sénégal joue, c’est les rares fois où je suis stressé, parce que je suis toujours zen dans tout ce que j’entreprends. Mais quand le Sénégal joue des matches d’une certaine ampleur, c’est autre chose. C’est pourquoi, parfois, il m’arrive d’être tellement content ou en colère, comme un enfant de 10 ans, à cause ou grâce, c’est selon, l’exploit ou la performance de notre équipe.
Donc, vous préparez la Coupe du monde ?
Si on devait désigner un supporter numéro un, je me porterais volontaire et tout ce que cela demande pour que l’équipe gagne. Très franchement, je le ferais. Cette question, je n’aimerais pas qu’on la politise. Si l’équipe gagne, c’est le Sénégal qui gagne et je suis tellement patriote que je ne vois pas de conséquence politique ou quoi que ce soit. Je veux que l’équipe gagne et nous devons tous travailler pour qu’elle puisse avoir une performance remarquable, lors de cette Coupe du monde. Quand le président Macky Sall a parlé d’une certaine manière de l’équipe de 2002, j’ai protesté sur ma page Facebook pour dire qu’il n’avait pas le droit de parler ainsi de cette équipe, parce qu’elle nous a fait rêver. Elle nous a apporté quelque chose d’extraordinaire. Donc, j’encourage l’équipe actuelle également à faire les mêmes résultats ou même plus et c’est possible.
Vous dites que vous êtes passionné de lutte. C’est qui votre lutteur préféré ?
Ça, je ne le dirai pas (il éclate de rire). Je suis des Parcelles-Assainies et Modou Lo est quelqu’un de très bien, non seulement, mais il est aussi performant et est un grand lutteur. Je le connais personnellement. Quand mon fils est décédé, il est venu chez moi pour me présenter ses condoléances et vraiment j’étais très ému par cette démarche. C’est quelqu’un que je supporte et pour qui j’ai beaucoup d’estime. Les autres lutteurs aussi ont du talent et, entre Sénégalais, je regarde avec l’œil du sportif. Pour moi, c’est le meilleur qui doit toujours gagner, voir celui qui fait beaucoup plus d’efforts. Par contre, quand Modou Lo lutte, je le supporte.
Vous parliez de la perte de votre fils. Comment avez-vous surmonté la douleur ?
Je n’ai jamais pensé que j’allais dépasser cet épisode de ma vie. A un moment, je pensais que j’allais laisser la politique, voire même tout laisser. A un moment donné, je ne ressentais plus rien pour la vie, parce que c’est un enfant qui m’était trop proche. D’ailleurs, le fait que je sois comme ça à nouveau avec mes enfants m’étonne même. A un moment donné, je ne voulais même plus m’approcher de mes enfants, parce que j’avais subi un coup très, très dur, et je ne pensais pas m’en sortir. Aujourd’hui, je rends grâce à Dieu. J’en parle sans pleurer, sans aucune émotion, car je me suis soigné et battu contre cette douleur atroce et inqualifiable. Mais, mon fils, je ne pourrais jamais l’oublier, il fait partie de ma vie. J’ai écrit ce livre pour aider les autres, parce que je me rends compte que si la personne n’a pas l’aide de Dieu, comme je l’ai eu, des choses pareilles peuvent emporter n’importe qui. Ce sont des douleurs qui peuvent te porter préjudice durant toute ta vie. Ce que j’ai vécu a été extrêmement douloureux. Et là, Alhamdoulilah (je rends grâce à Dieu) j’ai un enfant qui porte son nom, Vieux Barky Bocoum.
Comment passez-vous vos journées durant le mois de ramadan ?
Rien n’a changé. Au contraire, le ramadan, il n’y a que la prière qui nous détourne du travail. On a tout le temps durant ce mois. J’ai commencé à jeûner à l’âge de 7 ans, pas tout le mois, juste quelques jours, quand on n’allait pas à l’école. D’ailleurs, c’est ce que font mes enfants. C’est une période qui me permet d’accéder à certaines choses, de me pencher sur pas mal de choses et d’avoir une pensée pieuse vers notre Seigneur.
Vous mangez quoi d’habitude ?
Malheureusement, je suis un Sénégalais qui a du mal à se départir du riz. Il a parfois ses inconvénients, mais si je n’en mange pas, que ça soit du “thiebou dieun”, du “thiebou yapeu”, du “mafé”, c’est comme si je n’avais rien mangé. Je prends toujours un plat de résistance, ça peut être du poulet ou autre et après manger quelque chose de consistant. Je me couche très tard, parce que je prends le temps de digérer, de prier et de faire beaucoup de choses. Je ne dors pas beaucoup, c’est juste ce qui fait défaut durant ce mois. Je ne fais pas le ‘’kheud’’ aussi. Je me lève juste pour boire quelque chose.
On va aborder les questions politiques. Vous êtes chef de parti aujourd’hui. Pouvez-vous revenir sur vos débuts en politique et qu’est-ce qui vous a motivé en tant que jeune ?
Je faisais partie des jeunes cadres de ce pays qui n’étaient pas très intéressés par la question politique. Quand j’ai commencé à travailler, il y a eu l’affaire des chantiers de Thiès, en 2004. J’étais juriste interne dans un cabinet d’avocat. J’étais un peu choqué par la légèreté des accusations contre le président Idrissa Seck. J’avais des notions en sciences politiques. Je ne pouvais pas comprendre qu’on accuse un Premier ministre de détournement des fonds de l’Etat qui étaient destinés à la réalisation de chantiers de l’Etat. Puisqu’un Premier ministre n’est ni ordonnateur de dépenses ni administrateur des crédits. C’était quand même un peu bizarre à mon niveau.
Je m’étais intéressé à ce dossier et j’ai commencé à manifester mon soutien à Idrissa Seck. Après cela, il a été emprisonné. Durant son incarcération, je me suis organisé avec d’autres jeunes pour le défendre de plusieurs manières. Nous avions créé la Jdi (Jeunesse pour la défense d’Idrissa Seck). C’était ma première participation à une association qui a une obédience politique. A sa sortie, il m’a reçu et m’a proposé d’intégrer son staff. Il n’avait pas encore créé le parti Rewmi. Il avait juste mis en place un staff technique qui l’accompagnait dans ses déplacements politiques. Quand Rewmi a été créé, on m’a élu chargé de la communication adjoint dans le Secrétariat national, avant que je ne devienne responsable de la communication du parti.
Qu’est-ce qui vous a poussé à mettre en place votre mouvement ?
C’est à partir d’un constat, après avoir quitté Rewmi. Mais il faut noter que, Agir ou pas, j’allais quitter. C’est à travers un constat de la situation de notre pays que nous pensons qu’il faut des personnes qui prennent leurs responsabilités et agissent avant que cela ne soit trop tard. Nous considérons, au niveau de notre génération, quand il y a eu cette affaire, en Libye, de vente d’esclaves, il y a eu des compatriotes sénégalais qui en faisaient partie. A chaque fois qu’on parle de morts dans la Méditerranée, il y a des Sénégalais qui tombent. Ce qu’on peut constater par rapport à tout cela est que tous ces jeunes-là sont partis pour gagner leur vie.
C’est un réflexe de survie. Ils savent qu’ils peuvent mourir à tout moment, mais cela ne les empêche pas d’y aller. Et cette tension, on a l’impression qu’elle n’est pas perceptible ou bien mesurée par nos dirigeants, et c’est très dommage. Quand au Sénégal des personnes retraitées battent le macadam pour réclamer une hausse de leur pension de retraite, c’est parce que la tension est très forte dans les maisons. Il s’agit d’un combat de familles et c’est les jeunes qui doivent être au-devant. C’est pourquoi nous avons appelé à une alliance générationnelle. On ne peut pas gérer ce pays en voulant faire de l’appareil d’Etat un appareil de jouissance et oublier totalement les populations. L’Etat va dire qu’il a mis en place des bourses sociales, c’est de la poudre aux yeux.
Donc, une alliance avec le président Macky Sall n’est pas envisageable en 2019 ?
Une alliance avec le chef de l’Etat est complètement exclue. Nous voulons changer de paradigme, car nous considérons que ce gouvernement a échoué. Il y a deux formes de continuité que nous voulons éviter. La première, c’est de remettre Macky Sall au pouvoir en 2019 et la seconde, c’est d’enlever le président et de mettre quelqu’un qui fera la même chose ou pire.
Jusque-là, on ne connaît pas encore les vraies raisons qui vous ont poussé à quitter le parti Rewmi ?
J’ai été clair. J’ai parlé de convenance personnelle qui est une raison de quitter une entité politique qui est une association privée, libre entrée, libre sortie. C’est par convenance personnelle que j’ai intégré Rewmi. Personne ne m’a accompagné ou influencé. Si, à un moment donné, je juge que je vais partir, je ne peux que le faire, parce que je suis un homme totalement libre. Les derrières décisions me reviennent en tant que personne responsable. Je ne suis pas du genre à jouer un jeu auquel je ne crois pas. Je suis du genre à prendre mes responsabilités, quand il le faut. A un moment donné, je me suis dit que je devais partir et suis parti. Ce qui m’avait motivé à partir, j’en avais discuté avec l’intéressé (Idrissa Seck) avant de partir. On a eu une discussion et cela s’en est arrêté-là.
Certains disent que vous avez quitté parce que vous n’avez pas été investi, lors des élections législatives.
Cela n’a rien à voir avec les législatives, parce que si c’était une frustration, ce serait une frustration à retardement. C’est le 30 mai, qui était le dernier jour des dépôts des listes, que j’ai su que je n’allais pas être investi. Cela ne m’a pas empêché de battre campagne avec mes propres moyens pour la victoire de la liste. J’étais même le responsable de la direction de campagne de notre coalition. De la même manière que j’ai été député, d’autres ont la possibilité d’être députés. Je n’ai pas de problème à ce niveau.
Idrissa Seck s’est prononcé, récemment, sur le conflit israélo-palestinien. Quel commentaire en faites-vous ?
Aucun. Je pense que ce dossier doit être clos et qu’on passe à autre chose. Il y a tellement de sujets importants dans ce pays à débattre, du point de vue politique. Maintenant, du point de vue religieux, chacun a le droit de dire ce qu’il pense de la question. Comme je ne suis pas un religieux, je suis un musulman et je considère juste que c’est un dossier qu’on doit dépasser.
Qu’est-ce qui vous a motivé alors à faire un témoignage sur la question ?
J’ai fait un témoignage, parce que nous sommes des musulmans et je suis une personne foncièrement juste dans ma vie. Quand on dit que telle ou telle personne est musulmane, c’est par rapport au respect des préceptes de l’islam. J’ai été avec Idrissa Seck et je sais qu’il les respecte. Donc, j’ai fait ce témoignage naturellement, parce que je considère que ça serait grave que quelqu’un qui pratique la religion de cette manière puisse être considéré comme quelqu’un qui n’est pas musulman. Quant à ses propos et ce qu’il y a eu comme réactions, je ne commente rien du tout. Ce n’est pas mon problème, très franchement. Donc, je n’entre pas dans le fond de la question. Je considère qu’il y a eu une demande de pardon et en tant que croyant, nous devons savoir pardonner.
Ne craignez-vous pas que cela induit à des clivages entre les tarikhas ?
Il ne faut pas qu’on en arrive à ça. Il y a eu quelques dérives et un souci de recadrer, c’est pourquoi il faut d’avantage apaiser la situation, parce que le Sénégal ne connait pas ce genre de choses et on ne peut pas regarder se dérouler en face de nous des scissions entre tarikhas. Ça, il faut l’éviter. C’est pourquoi, il y va de l’intérêt de toute la population d’aller vers un apaisement.
Vous entretenez toujours de bonnes relations avec Idy ?
Bien sûr ! Mais, quand même, j’ai quitté le parti et je suis sur la fréquence Agir. Donc, je n’ai pas de relations particulières avec le Rewmi. Je ne suis plus avec lui et je ne compte pas retourner à Rewmi. C’est mon ancien parti et Idrissa Seck mon ancien leader. Là, nous travaillons sur le déploiement et la massification de notre mouvement.
Du moment où vous avez un parti politique, vous êtes prêt à être candidat à l’élection présidentielle ?
Au début, ma réponse était de dire que c’est possible. Aujourd’hui, je vais évoluer dans ma réponse en disant que c’est très probable. Dans les prochaines semaines, les Sénégalais en sauront quelque chose. Nous sommes en train de travailler à avoir une décision dans ce sens.
Agir est-il assez solide pour s’engager dans une élection présidentielle ?
On appréciera. Je ne vous en dirai pas d’avantage. Nous sommes dans les 45 départements du pays et les 8 départements de la diaspora, et nous travaillons très sérieusement.
Quel est votre programme pour le développement du Sénégal ?
C’est le point le plus important de notre mouvement. Avant même que la question de la candidature ne soit évoquée, nous travaillons à mettre en place un programme et il y a une équipe de Sénégalais de l’intérieur et de la diaspora qui y travaillent tous les jours. Nous essayons d’avoir une démarche inclusive. C’est-à-dire le fait d’aller vers les populations nous permet de recueillir leurs avis sur pas mal de questions. Nous allions deux choses : l’expérience et l’expertise. Notre ambition, c’est de changer le paradigme. La manière dont ce pays est géré doit changer sur pas mal de choses, parce que les mêmes causes ont toujours entrainé les mêmes effets et nous considérons qu’il faut changer de pratique et de gestion, afin que le Sénégal puisse sortir de l’ornière.
Comment appréciez-vous la situation politique du pays ?
La situation politique est délétère. Il y a une absence de dialogue dans le pays. Ce n’est pas parce que le président de la République demande à dialoguer que le refus de dialogue soit la faute de l’opposition. On l’a vu avec le processus électoral, quand il est allé jusqu’à introduire le parrainage en disant que cela a été un point de désaccord et que lui président a arbitré pour que le parrainage soit proposé aux députés, alors qu’il y a eu d’autres points de désaccord, notamment sur le bulletin unique. Cela veut dire tout simplement que le dialogue, aujourd’hui, n’est qu’un prétexte pour pouvoir faire passer des décisions prises au préalable et habiller cette décision d’un manteau de démocratie et d’ouverture et, malheureusement, l’opposition ne peut pas continuer à être utilisée pour faire passer des décisions. Nous devons aller vers un dialogue franc et travailler à avoir un processus de développement transparent, parce qu’il va de l’intérêt de tout le monde.
Que pensez-vous des candidatures de Khalifa Sall et de Karim Wade ?
Dans une démocratie comme le Sénégal, nous devons faire en sorte que tous ceux qui aspirent à devenir président de la République puissent avoir la chance de présenter leur programme et d’avoir la sanction des populations. Je m’offusque du fait que Macky Sall puisse décider de qui vont être ses adversaires ou pas. Ce n’est pas du tout normal qu’on veuille leur priver de leur droit d’avoir des ambitions.
Qu’est-ce que vous avez retenu de votre passage à l’Assemblée ?
Cela a été une expérience heureuse, une opportunité que j’avais pour défendre les intérêts des populations. Comme je suis foncièrement patriote, je considère qu’être député est une manière de défendre les intérêts des populations. C’est énormément d’opportunités. Ce qui est le plus important est qu’est-ce que j’ai fait de mon mandat. Je pense que j’ai fait ce que j’ai pu pour représenter les populations. Dans la vie, il n’y a pas qu’être député, donc j’ai eu à faire mes preuves. Là, j’aspire à être autre chose.
HABIBATOU WAGNE (Enquête)