L’un des théoriciens patentés du régime Faye-Sall a repris du service, le 5 mai 2017, pour tenter de divertir la Coalition « Mankoo Taxawu Senegaal ». Pour développer sa thèse, il ne trouve pas mieux que de comparer le Sénégal, sous l’ère Macky Sall, au Venezuela, sous l’ère Nicolas Maduro.
Cet ancien communiste reconverti qui tremble chaque fois que l’on évoque la cohabitation au Sénégal, affirme péremptoirement : « L’opposition rêve de pouvoir utiliser son éventuelle position de pouvoir pour se donner les moyens de bloquer le régime de BBY deux années durant et /ou de créer les conditions d’une défaite du candidat de BBY à la Présidentielle de 2019. Un objectif donc de déstabilisation du pays, à l’exemple de ce que la majorité parlementaire fait aujourd’hui au Venezuela », dixit M. Ibrahima Sène du Pit S/c APR!
La mise sur pied d’une large coalition électorale, dénommée « Mankoo Taxawu Senegaal » a semé la panique dans le camp de la majorité présidentielle. Les militants de l’Alliance pour la République(Apr) se livrent une guerre interne fratricide, démontrant ainsi leur vrai visage : « Une meute d’intrus, conviés au festin éphémère, d’un régime en fin de règne, qui fait, par anticipation, son propre deuil ». Le frère du président, ami de Frank Timis, est au centre de cette vive polémique entre pourfendeurs et détracteurs qui fourbissent-quotidiennement- leurs armes et se donnent mutuellement des coups mortels, comme s’ils étaient dans l’enceinte de l’Arène Emile Badiane, transformée à l’occasion, en une arène de lutte avec frappe !
Les alliés, dans Bennoo Bokk Yaakar, s’en désolent et tentent de s’occuper de ce qu’ils savent faire le mieux : « spéculer, sans conviction, sur des sujets pompeux, pour faire plaisir au Prince, dans l’unique but de l’amener à proroger la durée de leur séjour dans les prairies marron-beige de la cour royale». L’un d’eux, Moustapha Fall « Che », Secrétaire général de l’Action patriotique de Libération(Apl), bombardé Pca de la SN-HLM, « accuse le Qatar d’être prêt à financer l’opposition par mille milliards de francs Cfa »… De son côté, El Hadj Momar Samb, Coordonateur national du RTA-S, actuel membre du Conseil économique, social et environnemental, évoquant la marche controversée du chef de l’Etat, Macky Sall pour le soutien de Charlie Hebdo à Paris, déclare : « j’estime qu’il n’y a rien à dire sur cette question de la présence du Président Macky Sall à cette marche. La France étant la capitale de la liberté et de la fraternité, nous devons nous indigner de ce qui se passe ailleurs… ». Ibrahima Sène membre de la direction du Pit, promu, lui aussi, Pca de la société Miferso s’érige en rempart contre tous ceux qui voudraient s’en prendre au régime Faye-Sall. Point n’est besoin de revenir sur les cas d’Ousmane Tanor Dieng, Secrétaire général du Parti socialiste(Ps), Président du Haut Conseil des Collectivités territoriales et Moustapha Niasse, Secrétaire général de l’Alliance des Forces du Progrès (Afp), président de l’Assemblée nationale, qui ont accepté de saborder leurs partis respectifs en contrepartie de strapontins éphémères.
En dépit de ses multiples compromissions et autres suicides politiques, il y a eu pourtant des signaux très positifs qui nous viennent du côté de la mouvance présidentielle.
Au niveau de la Ligue démocratique(Ld), l’ancien secrétaire général, le très respecté Mamadou Ndoye « Mendoza » a préféré démissionner de son poste de Secrétaire général du parti, plutôt que de se compromettre avec un régime moribond, dont les scandales de mauvaise gestion se suivent et se ressemblent. Coup de chapeau à M. Ndoye, grand visionnaire, respectueux des valeurs cardinales!
Il y a quelque quatre jours, M. Thierno Alassane Sall, Coordonateur communal de l’Apr à Thiès et patron des cadres du même parti, démissionnait avec fracas, de son poste de Ministre de l’Energie pour avoir refusé de cautionner l’inacceptable. Ainsi, il n’aura jamais apposé sa signature sur l’accord portant sur le permis de « Rufisque Offshore Profond », au sud de Dakar, dont Total sera opérateur en détenant 90% des parts, aux côtés de la Société nationale des pétroles du Sénégal (Petrosen) qui n’en détiendra que 10% » ! En pur Torrodo, Thierno Alassane Sall a fait preuve de courage et de patriotisme, qu’il importe de saluer et de magnifier. L’histoire retiendra son acte pour la postérité.
Déjà, très tôt, El Hadj Malick Gakou, ancien N°2 de l’Afp et actuel Président du Grand Parti, a eu le flair pour comprendre que le navire de la deuxième alternance, tanguait dangereusement, et a ainsi décidé de démissionner de son portefeuille de Ministre du Commerce, tout comme les Professeurs d’université Malick Ndiaye et Amsatou Sow Sidibé avaient quitté volontairement leurs postes de ministres conseillers auprès du Président de la République, pour fustiger les nombreux dérapages du régime Faye-Sall.
L’un des faits le plus marquant, reste cependant, la décision historique de Serigne Mansour Sy Djiamil, vice-président à l’Assemblée nationale et leader de Bes Du Niakk, qui vient de quitter courageusement le navire qui chavire (coalition BBY) pour s’embarquer avec la coalition de l’espoir Mankoo Taxawu Senegaal. L’homme est un intellectuel de haut niveau, doté d’une double stature de chef religieux et d’homme politique clairvoyant. Fort de ces principes, imbu de ces valeurs islamiques, Serigne Mansour Sy a su faire une lecture correcte de la situation du pays, pour en tirer les leçons appropriées. Son acte est presqu’inédit, mais il ne surprend guère ceux qui connaissent l’ancien haut fonctionnaire de la prestigieuse Banque Islamique de Développement et petit fils du vénéré El Hadj Malick Sy (RTA).
On ne saurait taire, la résistance héroïque de Khalifa Ababacar Sall, maire de Dakar, de Bamba Fall, maire de la Médina et de Barthélémy Diaz, maire de Sicap-Mermoz, tous membres du parti socialiste. Ils ont refusé avec courage et détermination, le remorquage forcé par le régime Faye-Sall et ont subi stoïquement les conséquences anti-démocratiques venant de l’autre bord.
Pour en revenir à la comparaison faite par Ibrahima Sène, entre l’opposition du Sénégal et celle du Venezuela, nous lui suggérons de pousser la comparaison beaucoup plus loin, pour mieux illustrer ses propos qui ne sont pas dénués de fondement. Pour parachever son analyse, nous reproduisons dans ce qui suit, le tableau, dressé par la presse internationale sur le régime de Nicolas Maduro, (actuel Président du Venezuela) qui serait, selon la logique de M. Sène, la copie conforme du régime Faye-Sall :
« La crise au Venezuela est entrée dans une impasse économique, sociale, politique et institutionnelle. Quelle est l’origine de cette crise ? Le régime présidentialiste vénézuélien concentre ainsi tous les pouvoirs : exécutif, armée, justice et législatif. Et ce, alors que l’opposition …a remporté les législatives, fin 2015, pour la première fois en 17 ans…Le gros problème en ce moment au Venezuela, c’est l’insécurité et l’accaparement des rentes pétrolières par une mafia oligarchique, le taux d’homicides est énorme. Il y a entre 20 000 et 25 000 morts par an. Le problème de Maduro, c’est que les gens sentent qu’il n’est pas préparé, qu’il n’est pas à la hauteur de sa fonction. Et du coup, il y a beaucoup de doutes… La répression des manifestations a été assez violente et, face à la montée de la violence, le gouvernement a appelé au dialogue…Les opposants sont échaudés par le dialogue de 2014 devant les caméras de télévision, qui n’a débouché sur rien. Chacun a campé sur ses positions. (Rappelez-vous le fameux dialogue national du 28 mai 2016, initié par l’autre Maduro tropical, version sénégalaise!) ».
S’agissant du Président Nicolas Maduro lui-même, il est ainsi décrit par les observateurs avertis :
« Le dauphin, (parce qu’il a remplacé son mentor, l’ancien Président Chavez un homme de caractère et de conviction) tout juste adoubé semble alors, à 51 ans, écrasé par ce pesant héritage. Député et président de l’Assemblée nationale…, l’homme épris de divination chinoise( ou de khoye) en impose par son physique de joueur de rugby (on aurait dit au Sénégal : un physique de lutteur). Pour l’opposition, il est « l’homme de Cuba » (Ici on dira « l’homme de la France »). Son mandat de président socialiste de la République bolivarienne doit s’achever en 2019 (celui de notre Maduro national est prorogé également jusqu’en 2019. ( terrible coïncidence) ! ».
Quelle ressemblance, me diriez-vous ! L’on se rend compte, en effet, que M. Sène, n’aurait pas tellement tort de comparer la cohabitation vénézuélienne à celle prochaine du Sénégal. Sauf qu’il aurait volontairement ou involontairement arrêté la comparaison à mi-chemin. Or, la similitude entre les deux régimes est autrement plus intéressante. M. Sène semble également oublier, que le Sénégal n’est pas le Venezuela et que l’opposition sénégalaise n’est pas celle du Venezuela.
Mamadou Bamba Ndiaye
Ancien Ministre
Militant du Grand Parti