L’intellectuel musulman Tariq Ramadan, incarcéré depuis sept mois en France pour des soupçons de viols qu’il conteste, a été confronté mardi à sa deuxième accusatrice. Un face-à-face de plus de huit heures au terme duquel sa défense a annoncé déposer une troisième demande de mise en liberté.
“Je ne comprendrais pas qu’elle ne soit pas acceptée dans la mesure où il a été indiqué au mois de juillet que c’était l’absence de cette confrontation qui s’opposait à sa remise en liberté”, a déclaré son avocat Me Emmanuel Marsigny, à la sortie du bureau des juges d’instruction au tribunal de Paris.
Le théologien suisse de 56 ans, figure populaire et controversée de l’islam francophone, inculpé et écroué depuis le 2 février, avait été confronté le 19 juillet à Henda Ayari, sa première accusatrice. L’état de santé de la deuxième plaignante, surnommée “Christelle”, avait toutefois entraîné le report au 18 septembre de leur confrontation chez les juges.
État de santé
“Je rappelle que son état de santé s’aggrave, qu’il est maintenant handicapé, et qu’il est temps que cela cesse”, a ajouté Me Marsigny. Détenu à l’hôpital pénitentiaire de Fresnes, au sud de Paris, Tariq Ramadan est atteint d’une sclérose en plaques dont le traitement a été jugé administrable en prison.
L’intellectuel, qui réclame un placement sous contrôle judiciaire avec remise de son passeport suisse et une caution préalable de 300.000 euros, avait vu cette demande rejetée début août par la cour d’appel de Paris.
Confrontation âpre
“M. Tariq Ramadan a maintenu sa position, fermement: il n’a jamais eu de relations sexuelles avec cette plaignante”, a rapporté son avocat. “C’était une confrontation âpre” où “chacun a campé sur ses positions”, a déclaré pour sa part l’avocat de “Christelle”, Me Eric Morain.
Pas ennemie mais victime
“M. Ramadan voit des ennemis partout, c’est un adepte de la théorie du complot et ma cliente a pu lui dire droit dans les yeux qu’elle n’était pas son ennemie mais sa victime. Et que ça fait dix ans qu’elle traîne cette douleur”, a-t-il affirmé.
En Suisse, Tariq Ramadan est également visé par une instruction pour viol, ouverte mi-septembre à Genève à la suite d’une plainte déposée par une autre femme en avril.
En juin, le théologien a reconnu plusieurs relations extra-conjugales “consenties” et des “rapports fougueux, de domination” avec d’autres femmes, notamment avec une troisième plaignante apparue en mars et pour laquelle il n’est pas mis en examen à ce jour.
La Rédaction