Les jeunes filles de nos jours foulent aux pieds les mœurs et valeurs jadis connues dans les sociétés africaines en général et en particulier dans celle sénégalaise. L’on assiste à l’ère de la génération dite Y. Elles sont la plupart du temps collées à leurs portables, casques aux oreilles. Elles se soucient peu de leur avenir et se rebellent même parfois contre l’autorité parentale. Heureusement, il y a des exceptions. Certaines filles, conscientes que ce monde est éphémère, essaient d’incarner les valeurs qu’avaient nos vaillantes grand-mères et mères et qui font l’originalité de la culture sénégalaise ; Siny fait partie de ce lot ô que restreint.
Dès les premiers jours passés dans la nouvelle maison où ma famille et moi avons déménagé, le comportement d’une fille du voisinage a attiré mon attention. J’ai été ému par une routine ponctuelle constante. Les jours se multipliaient, les semaines se succédaient, les mois passaient et quatre années s’étaient écoulées. J’assistais toujours à la même scène, avec la même rigueur et la même détermination.
Chaque matin, Siny se lève à l’aube, là où le sommeil est plus profond, plus aisé, plus confortable car caressé par la brise matinale. Il faut être vraiment motivé, responsable et soucieux pour quitter le lit à ce moment-là. Le balai à la main, elle nettoie toute la devanture de la maison des «Sall». Siny est travailleuse , elle est vraiment travailleuse.
Il me plaît de la saluer quand je la dépasse. Elle est toujours là, toute calme, s’activant dans le noir et dans la solitude. Elle est si calme qu’on eût cru d’elle qu’elle était muette. Seul son balai faisait un bruit distinctif car même en répondant à mes «salaamaleks», elle avait une voix timidement aiguë.
Pourtant elle n’est pas la seule fille de sa famille, elles sont nombreuses dans la maison. Mais elle est la seule à effectuer cette tâche quotidienne, à une pareille heure. Son statut d’étudiante ne l’empêche guère de s’acquitter de ses tâches domestiques. Une de ses sœurs m’a confié qu’«elle est habituée au travail et qu’elle est pieuse». Jamais je ne l’ai vu s’habiller de manière incorrecte ou tenir des propos déplacés. En plus d’être travailleuse et pieuse, elle est aussi polie.
J’ai jugé nécessaire de lui rendre hommage à travers ma plume, en écrivant ces quelques lignes qui me viennent du fond du cœur. Car des jeunes filles comme elles, on les compte de nos jours sur le bout des doigts. Je l’encourage à continuer sur cette lancée. Par la même occasion, je rends hommage à toute jeune fille dont le comportement est salutaire, remarquable et peut être un exemple pour la femme africaine moderne.
N’est-ce pas l’adage qui dit : «Dis-moi quelle jeunesse tu as, je te dirai quel pays tu seras.»
Coumba Ndoffène Diouf, journaliste