C’EST CE JEUDI 31 AOUT 2017 que les Pèlerins aux Lieux Saints de l’Islam célébreront le 1385e anniversaire du dernier Sermon que le Prophète Mouhamed (psl) prononça au neuvième jour de Zoul Hijja (mois en cours du calendrier musulman), à l’occasion de son premier et dernier pèlerinage. C’est le jour du cantonnement des pèlerins dans la vallée Uranah du Mont Arafat, ce site sacré où le Prophète Mouhammad s’adressa pour la dernière fois à la Communauté Humaine, à travers un sermon testamentaire, indiquant la Voie de la Rectitude et du Salut Éternel.
La «Station d’Arafat» (« Taxawaayu Arafat »), est l’étape la plus important du Pèlerinage. Elle symbolise le parachèvement de la Religion. Et préfigure le jour du Jugement Dernier. C’est le jour par excellence de la rémission des péchés et de l’affranchissement de l’Enfer. Lors de cette étape, des centaines de milliers de pèlerins scanderont en chœur « Labaïka Allahouma labaïk » (me voilà, Seigneur, répondant « présent » à ton Appel). En ce jour béni de la «Station d’Arafat», les musulmans, non-présents sur les lieux du Pèlerinage, auront l’opportunité d’observer un jeûne surérogatoire et de méditer sur la Toute Puissance du Créateur. Ce jeûne méritoire, spécialement recommandé par le Messager d’Allah, a la spécificité, en ce jour de Miséricorde où les Anges porteurs de la Clémence de Dieu envahissent l’univers, d’absoudre les péchés de l’année en cours autant qu’il favorise la rémission de ceux de l’année écoulé, selon un Hadith authentique rapporté par Imam Mouslim. Et que nous rappelle la vénérable Mère Aïcha (radiyallahou ann-ha) : «Il n’est pas de jour pendant lequel Dieu affranchit autant de serviteurs que le jour d’Arafat».
SCEAU DES PROPHÈTES, fondateur de la Cité-État de Médine, orateur charismatique, philosophe, mari et père modèle, Mouhamed (psl) constituait l’incarnation humaine la plus élevée de la sagesse, de la vertu, de la patience, du courage, de la générosité et de l’intelligence. Il a inspiré des millions de personnes à travers le monde et à travers les siècles, au point d’avoir fasciné de grands intellectuels et penseurs internationaux non-musulmans, dont certains n’ont pas hésité à publier de hautes appréciations sur le Prophète Mouhamed : Alphonse de Lamartine (dramaturge, romancier et homme politique français) : «Si la grandeur du but, la modestie des moyens et le gigantisme des résultats sont les trois critères du génie humain, qui ose comparer un quelconque personnage de l’histoire à Mouhamed?» ; Mahatma Gandhi (leader pacifiste indien) : «Je suis plus que convaincu que ce n’est pas l’épée qui a fait gagner à l’Islam la place qu’elle occupe présentement. C’était la simplicité rigoureuse, l’abnégation totale du Prophète, son respect scrupuleux des promesses, sa dévotion intense, sa grande générosité de cœur envers ses compagnons et ses adeptes, son courage, sa confiance absolue en Dieu et en sa propre mission». Pour ne citer que ces exemples. Le Créateur rappelle dans le Saint-Coran, au sujet de Mouhamed (psl): «Nous ne t’avons envoyé qu’en témoignage de Notre Miséricorde pour l’univers» (Coran 21:107).
CE DERNIER SERMON du Prophète fut un véritable rappel, destiné aux fidèles, mais aussi une importante mise en garde adressée à la communauté humaine, tout en confirmant la fin de sa mission prophétique. Un prêche émouvant et non moins prémonitoire :
«Ô peuple! Écoutez attentivement, car je ne sais si, au-delà de cette présente année, je serai encore parmi vous. Écoutez donc avec attention et transmettez ce message à ceux qui n’ont pu être présents parmi nous aujourd’hui. Tout comme vous considérez ce mois, ce jour, cette cité comme sacrés, considérez aussi la vie et les biens de chaque musulman comme sacrés. Retournez à leurs légitimes propriétaires les biens qui vous ont été confiés. Ne blessez personne afin que personne ne puisse vous blesser. Souvenez-vous qu’en vérité, vous rencontrerez votre Seigneur et qu’effectivement, Il vous demandera compte de vos actes. Dieu vous a défendu de pratiquer l’usure, donc tout intérêt non-payé est désormais annulé. Votre capital, cependant, vous revient. N’infligez ni ne faites endurer aucune injustice. Méfiez-vous de Satan, pour le salut de votre religion. Il a perdu tout espoir de pouvoir vous amener à commettre les grands péchés; attention donc à ne pas le suivre dans les péchés mineurs.
«Ô peuple! Il est vrai que vous avez certains droits à l’égard de vos femmes, mais elles aussi ont des droits sur vous. Souvenez-vous que c’est par la permission de Dieu que vous les avez prises pour épouses et qu’elles vous ont été confiées par Dieu. Si elles respectent vos droits, alors à elles appartient le droit d’être nourries et habillées convenablement. Traitez donc bien vos femmes et soyez gentils envers elles, car elles sont vos partenaires et elles sont dévouées envers vous. Il est de votre droit qu’elles ne se lient d’amitié avec des gens que vous n’approuvez pas, et qu’elles ne commettent jamais l’adultère. Écoutez bien : adorez Dieu, faites vos cinq prières quotidiennes, jeûnez pendant le mois béni de Ramadan, et donnez de votre richesse en zakaat. Accomplissez le Hajj si vous en avez les moyens.
«Ô peuple! Toute l’humanité descend d’Adam et d’Ève. Un Arabe n’est point supérieur à un non-Arabe, pas plus que celui-ci ne l’est envers un Arabe; les Blancs ne sont point supérieurs aux Noirs, autant ces derniers ne le sont vis-à-vis des Blancs. Aucune personne n’est supérieure à une autre, si ce n’est en piété et en bonnes actions. Vous savez que chaque musulman est le frère de tous les autres musulmans. Vous êtes tous égaux. Vous n’avez aucun droit sur les biens appartenant à l’un de vos frères, à moins qu’on ne vous en ait fait don librement et de plein gré. Par conséquent, ne soyez pas injustes les uns envers les autres.
«Ô peuple! Souvenez-vous, un jour vous vous présenterez devant Dieu et répondrez de vos actes. Prenez garde donc, ne vous écartez pas du droit chemin après ma mort. Ô peuple! Aucun prophète ni messager ne viendra après moi, et aucune nouvelle religion ne naîtra. Raisonnez bien, ô peuple, et comprenez bien les mots que je vous transmets. Je laisse derrière moi deux sublimes héritages: le Coran et la Sounnah, comme modèle. Si vous les suivez, jamais vous ne vous égarerez. Que ceux qui écoutent transmettent ce message à d’autres, et ceux-là à d’autres encore; et que les derniers puissent le comprendre mieux que ceux qui m’écoutent présentement.
«Sois témoin, ô Allah, que j’ai transmis Ton message à Tes serviteurs».
Le Prophète termina ainsi son dernier sermon. Et, alors qu’il se tenait près du sommet de Arafat, le verset coranique suivant lui fut révélé par le biais de Seydina Djibril (l’Ange Gabriel) : «Aujourd’hui, J’ai parfait votre religion pour vous; J’ai accompli Mon bienfait sur vous. Et Je vous ai choisi l’islam comme Religion» (Coran 5:3).
Souvent repris par les Imams et Oulémas, lors de leurs prêches du Vendredi, ce sermon testamentaire se révèle être un condensé des principes fondamentaux des Droits de l’Homme ; un code d’éthique, sensé régir les rapports entre les individualités, garantir les droits de la Femme, tout en préconisant des relations équilibrés entre les différents segments de la communauté humaine ; notamment par la promotion de la solidarité, du respect des différences et de la défense des plus faibles.
Bien que le Messager d’Allah (psl) ne soit plus de ce monde, son sermon d’adieu demeure toujours vivant et plus que jamais d’actualité! Qu’Allah (swt) nous accorde Sa Miséricorde et répande Ses Meilleures Bénédictions sur tous les Pèlerins.
Mame Mactar Guèye
Sg Rds, vice-pdt Jamra