Après l’annonce hier de la détection de 3 cas « communautaires » au Sénégal, il faut que nous comprenions que la situation est TRÈS sérieuse, très sérieuse. L’heure est grave, très grave.
Un cas «communautaire » est une personne qui a été contaminée, sur le territoire sénégalais, donc ne venant pas de l’étranger ne faisant pas partie des cas « contact » d’une personne contaminée déjà connue et traitée et ne faisant pas partie de la liste de personnes surveillées quotidiennement par les autorités sanitaires. Cela signifie que ces personnes ont été contaminées sans que l’on ne puisse dire comment, quand et par qui. La vérité, malheureusement est que le virus circule donc désormais « librement » dans notre pays.
« Le Sénégal, comme la majorité des pays africains, n’a pas la capacité de gérer une épidémie de cette ampleur. Le système de santé n’est pas assez performant pour ça. Manque de moyens techniques et humains. Il n’y a pas plus de 100 lits de réanimation équipés de respirateurs fonctionnels sur tout le territoire, structures publiques et privées réunies. Cela veut dire que si le pays dépasse un certain nombre de cas, les personnes contaminées qui vont présenter une détresse respiratoire aiguë seront quasiment condamnées. La mortalité sera bien supérieure à celle annoncée dans les pays industrialisés.
Nous n’aurons ni masques ni gants en quantités suffisantes. Ne nous voilons pas la face, si les pays ayant des centaines d’hôpitaux et des milliers de lits de réanimation n’y arrivent pas, ce n’est pas nous qui allons y arriver. » nous a confié un médecin. Cela veut dire que « si nous ne faisons pas ce qu’il faut pour arrêter rapidement l’augmentation du nombre de cas, avec une rigueur absolue, cela va être une hécatombe dans tous les domaines. La majorité de la population sera contaminée et les pertes en vies humaines seront très importantes. »
Que faut faire alors pour freiner la propagation du virus ? Depuis début Mars, après la détection du 1er cas, une batterie de mesures a été prise, par l’Etat. Sont-elles suffisantes ? Selon toute évidence NON.
Face à l’augmentation des cas, le risque d’une propagation du virus dans la population générale, ne faut-il pas passer nécessairement par le confinement à domicile, comme on le voit en France, en Espagne, en Italie et dans d’autres pays du monde ?
Selon le Dr Boubacar SIGNATE, médecin urgentiste, le confinement aura, à coup sûr, un gros impact au point de vue économique, mais peut stopper net la propagation du virus. Mais sommes-nous prêts à le faire ? L’Etat en est-il capable ? Ne pouvons-nous pas alors décider d’un confinement régional. Toujours selon le Dr Boubacar SIGNATE) « Puisqu’on n’a ni les moyens, ni l’autorité ni le courage de décider d’un confinement à domicile, on peut proposer un confinement régional, qui peut s’articuler ainsi. Interdire les déplacements entre les régions, pour toute personne qui ne possède pas une autorisation délivrée par l’autorité, sauf pour le transport de produits essentiels, par, au maximum deux convoyeurs. Les convoyeurs seront contrôlés à l’entrée et à la sortie de chaque région, par des agents sanitaires avec screening oral, prise de température et désinfection du véhicule.
Doter le personnel sanitaire de contrôle et les convoyeurs de masques de protection. Le confinement régional peut aider à circonscrire le virus dans une région, il faudra concentrer les moyens in-situ pour le combattre, confiner à domicile dans cette région et pas dans les autres régions. Si ce mode de confinement ne suffit pas, alors il faut décréter l’État d’urgence et procéder à un confinement à domicile très rapidement. » a-t-il dit sur sa page facebook. Même son de cloche chez Birahime Seck du Forum Civil. En effet selon lui, « l’orsqu’il s’est agi d’achats dans le cadre de la lutte contre le Covid-19, nous avons noté une très grande célérité de soustraire les marchés y afférant au code des marchés publics (décret n°2020-781 du 18 mars 2020). Maintenant, nous sommes en droit d’attendre la même très grande célérité pour couper la circulation du virus des zones infectées vers des zones non encore contaminées (connues).
Il est urgent de faire application de toutes les mesures d’exception que la situation actuelle demande et cela, sans concession pour sauver des vies. » Mais qui pour faire appliquer les mesures d’exception ? A défaut d’un confinement à DOMICILE, ne pouvons pas appliquer le confinement REGIONAL ? En tout état de cause, des grandes décisions doivent être prises, mais par un président, mais bien par UN CHEF. Il y va de l’avenir de la nation.
YAYA CISSOKHO, Journaliste