Réunie en mi semaine dans un hôtel de la place, l’Académie nationale des sciences et techniques du Sénégal (ANSTS), a revisité la loi portant sur le diagnostic fait par les partenaires au développement dans les années 90.
Ceci concernait le système hospitalier sénégalais non performant du fait de la faiblesse des plateaux techniques, d’un déficit en ressources humaines qualifiées, mais surtout de son mode de gestion.
« En effet, la gestion des structures hospitalières de l’époque était fondée sur une logique purement administrative sans référence à la notion de performance. Par conséquent,les hôpitaux manquaient de souplesse et n’étaient que les relais d’une administration centrale, chargés d’appliquer des directives et d’utiliser les crédits alloués par leurs ministères de tutelle.
Les dysfonctionnements notés dans ces structures de santé ont conduit les gouvernants à réorganiser le secteur à travers une loi portant réforme hospitalière votée en février 1998.
L’objectif principal de cette loi était de faire évoluer la gestion hospitalière, de la logique administrative et de moyens vers celle d’entreprise et de performance, tout en réaffirmant la mission de service public que l’Etat confiait à ces établissements de santé. En réalité, le but principal de cette réforme était d’améliorer les performances des hôpitaux sur le plan de la gestion et de la qualité des soins et des services. Vingt-cinq ans années se sont écoulées depuis l’adoption de ladite loi et on peut légitimement s’interroger sur l’atteinte des objectifs assignés aux hôpitaux en termes de bonne gouvernance et d’amélioration de la qualité des services offerts aux populations.
Force est de reconnaitre que malgré la mise en oeuvre de cette réforme et les efforts et de ressources humaines), les acteurs du système de santé hospitaliers (Ministère de la Santé et de l’Action Sociale, usagers et hospitaliers) ne sont pas pour l’essentiel toujours satisfaits des services rendus par ces établissements publics de santé (EPS). Les contre-performances notées dans pratiquement tous les hôpitaux du Sénégal s‘expliquent surtout par la faiblesse des ressources financières devant leur permettre de faire face à leurs charges de fonctionnement et à leurs besoins en investissement. Ces problèmes financiers ont entrainé un accroissement de la dette de la plupart de ces établissements. Cet endettement est lié à un accroissement des dépenses de personnel, lui-même dû à une augmentation des effectifs et du coût salarial moyen. Les hôpitaux sont aussi affectés par l’accroissement des pertes financières liées aux patients non solvables et aux politiques de gratuité (Plan SESAME, CMU) préconisées par l’Etat. Par ailleurs, les tarifs appliqués par les hôpitaux pour leurs prestations datent de 2005 sans qu’un lien avec leurs coûts réels n’apparaisse clairement.
De plus, la subvention d’exploitation allouée par l’Etat n’est pas basée sur des données objectives qui reflètent réellement les charges supportées par les établissements.
Enfin, l’inexistence d’un système d’évaluation et de suivi standardisés des EPS peut aussi expliquer leur contre-performance. Afin de promouvoir la redevabilité et la culture de la performance, le MSAS tente de mettre en place des contrats de performance pour le suivi de l’utilisation efficiente des ressources disponibles au niveau des EPS. Le contrat de performance est la traduction de l’engagement du MSAS et des EPS dans la démarche d’amélioration de l’efficacité et de la qualité du service public dans les hôpi p ar la promotion de soins et de prestations conformes aux standards.
Ces contrats pourraient constituer un moyen pour contribuer à l’atteinte des objectifs principaux de la réforme hospitalière à savoir, l’accès aux soins, l’amélioration de la qualité des services et la bonne gouvernance financière des EPS. », nous explique le docteur Moctar Touré, président de l’académie nationale des sciences et techniques du Sénégal.
FMF