« Sur le plan moral, Macky SALL n’est pas un homme honnête » Mody NIANG
C’est un adage bien connu : les tonneaux vides sont ceux qui font le plus de bruit. Les discours de matamore du candidat Macky SALL, ses pas de danse hésitants, et les images de foules compactes (des milliers de personnes ont été convoyés par bus et rémunérés pour faire de la figuration) sonnent comme un air de déjà-vu et ne trompent personne. Econduit subtilement par la Députée Aida MBODJ qui s’est ravisée au dernier moment en dépit d’une visite nocturne et des promesses mirobolantes, lâché par Serigne Mansour Sy DJAMIL qui a jeté son dévolu sur le candidat du PUR, le candidat Macky SALL (avec qui, plus aucune personnalité politique d’envergure et digne ne veut s’afficher) est habité par le doute et s’achemine inéluctablement, vers un second tour, synonyme de bérézina pour son camp. Pour parer à toute fraude de nature à confisquer le suffrage des sénégalais le 24 février 2019, le principe de précaution maximal doit être de mise, face à un homme prêt à toutes les forfaitures pour obtenir un second mandat.
1- La panoplie des fraudes
a- La fraude par soustraction de bulletins de vote (pénurie de bulletins)
L’attention doit être portée sur cette forme de fraude subtile, d’une extrême gravité, susceptible de modifier totalement le sens du scrutin. Pour mémoire, la DGE (Direction Générale des élections) a convié par lettre en date du 21 janvier 2019 (N°00035 M.INT/DGE) les mandataires 5 candidats pour les modalités relatives à l’impression des bulletins de vote de leur candidat. Le Ministre de l’Intérieur Aly Ngouille N’Diaye a précisé que 8 millions de bulletins de vote ont été confectionnés et imprimés pour chaque candidat. Le problème ne se situe pas au niveau du nombre de bulletins imprimés largement suffisant (8 millions), mais du nombre réel de bulletins disponible dans chaque bureau de vote le 24 février 2019. Le principe de la fraude par soustraction de bulletins de vote consiste à créer volontairement une pénurie artificielle de bulletins pour 1 ou plusieurs candidats de l’opposition le jour du scrutin. Par exemple, dans un lieu de vote (centre) de 10 000 électeurs, défavorable au régime, où un candidat de l’opposition est bien placé pour rafler potentiellement 8000 électeurs, il s’agit de planifier un nombre de bulletins inférieur au potentiel électoral dudit candidat (ex 3000 bulletins). Une fois que 3000 électeurs auront voté pour ce candidat, le plafond est atteint pour ce dernier. Bien qu’ayant bénéficié du vote significatif de 3000 électeurs, le candidat perd arithmétiquement 5000 électeurs potentiels, faute de bulletins suffisants. Le décompte est simple : 8000 électeurs potentiels – 3000 bulletins réels = 5000 électeurs qui n’ont pas pu voter pour le candidat de leur choix, faute de bulletins de vote. Il suffit de généraliser ce principe dans 50 bureaux de vote pour atteindre un manque à gagner de 250 000 voix pour ce candidat. Le rapport de la CENA sur les élections législatives du 30 juillet 2017 a mis en exergue le phénomène de la fraude par soustraction de bulletins (pénurie de bulletins). La fraude par soustraction de bulletins de vote est une fraude technique subtile, intelligente et indolore qui passe presque inaperçue. Si une telle fraude qui fausse les résultats du scrutin a lieu, c’est parce que les autorités administratives (DGE et CENA) ont failli à leur mission. Le 24 février 2019, dans chaque bureau de vote, les bulletins doivent être fournis en nombre égal, et suffisant pour chaque candidat. Les représentants des candidats de l’opposition, et les mouvements de la société civile doivent être particulièrement attentifs et veiller à ce que dans aucun bureau de vote, les bulletins du candidat Macky SALL ne soient supérieurs à ceux des candidats de l’opposition. Il faudra compter scrupuleusement les bulletins de chaque candidat, avant le démarrage effectif des opérations électorales.
b- L’ouverture différenciée des bureaux de vote et la gestion chaotique des files d’électeurs
Lors du scrutin du 30 juillet 2017, dans de nombreuses zones défavorables au régime, des Présidents de bureaux de vote (sur instructions ?) se sont pointés à 11h, voire 12H, retardant volontairement de plusieurs heures le démarrage des opérations électorales. Cette technique de fraude (indirecte) a pesé lourdement sur le résultat du scrutin et a eu comme conséquence, dans des zones stratégiques (Dakar et Thiès) de diminuer sensiblement la participation et le score de l’opposition (des dizaines de milliers d’électeurs ont rebroussé chemin). A contrario, à Fatick, au Fouta et dans tous les fiefs favorables au régime, aucun retard n’a été relevé dans le démarrage du vote. Le 24 février 2019, l’ouverture des bureaux de vote doit s’effectuer de manière identique sur tout le territoire national, suivant un strict principe d’égalité (gare à la tentation sélective de proroger le vote dans les fiefs du régime).
Les représentants de l’opposition doivent s’assurer du remplacement de tout Président de bureau de vote ayant accusé un retard de 30 minutes. A 8h30, le suppléant doit impérativement prendre le relais et assurer le démarrage des opérations électorales. Lors des élections législatives du 30 juillet 2017, l’attente a été interminable pour des centaines de milliers d’électeurs. Une gestion chaotique et désordonnée des files d’électeurs (sabotage volontaire) a été effectuée dans l’unique but de décourager les électeurs, et contraindre une bonne partie de nos concitoyens à renoncer au vote. De nombreux bureaux de vote, n’ont pu démarrer, faute de matériel électoral (cf rapport de la CENA). Après le fiasco du 30 juillet 2017, les autorités administratives qui ont disposé d’une marge suffisante (plus d’un an et demi) pour rectifier le tir ne peuvent se prévaloir d’aucune excuse. Avec 5 candidats, nos concitoyens doivent pouvoir accomplir leur devoir civique, en toute quiétude, dans un délai très court. Il faut veiller scrupuleusement à ce que dans certaines zones (FOUTA ou FATICK), le nombre de votants ayant émargé ne soit supérieur à celui des électeurs réellement inscrits sur les listes électorales, afin d’éviter le gonflement des listes électorales et l’établissement de faux PV, voire de PV fictifs. S’il est impossible pour les partis de l’opposition d’assurer une présence effective sur les 15 397 bureaux de vote, répartis sur tout le territoire national (certains bureaux ne sont pas significatifs), la présence de représentants dans tous les bureaux–tests (décisifs) est primordiale. Les candidats de l’opposition pourront mutualiser leurs moyens par une répartition de leurs représentants dans les lieux de vote stratégiques.
c- Chaque citoyen doit participer à la sécurisation du vote le 24 février 2019
La lutte contre la fraude électorale 24 février 2019 est l’affaire de chaque citoyen. La volonté populaire issue des urnes doit être claire et nette. Le 30 juillet 2017, les résultats ont été inversés à Dakar, à 2 heures du matin, avec la complicité active de 2 sites internet qui ont relayé les faux chiffres fournis par le Ministre de l’Economie et des Finances Amadou Bâ. Le 24 février 2019, tous les citoyens sont appelés à veiller, si besoin, toute la nuit, pour éviter que ce qui s’est passé à Dakar le 30 juillet 2017, se reproduise en pleine nuit. Le jour du scrutin, tout citoyen qui aura constaté des mouvements louches ou anormaux (des personnes se déplaçant avec des sacs contenant des centaines de cartes d’identité ou des mallettes d’argent) doit en informer les médias et les autorités policières. Toute fraude constatée doit être filmée, signalée en temps réel, et faire l’objet d’une diffusion massive. Toute personne surprise, en flagrant délit d’achat de conscience doit être dénoncée. A tous les citoyens à qui une somme d’argent est proposée pour voter pour Macky SALL : « Prenez l’argent et sanctionnez le dans les urnes !». Pour mettre en échec les corrupteurs échangeant des billets de banque contre des bulletins, il faut tout électeur ayant voté, de quitter le bureau de vote avec des bulletins (les bulletins non utilisés doivent être gardés à l’intérieur et mis dans des sacs poubelles régulièrement vidés).
2- Le mutisme consternant de la CENA, quasi-absente du processus électoral
Aux termes de l’article L.5 de la Loi n° 2017-12 du 18 janvier 2017 portant Code électoral (modifiée par la loi n°2018-22 du 04 juillet 2018 portant révision du code électoral), la Commission électorale nationale autonome contrôle et supervise l’ensemble des opérations électorales, veille à leur bonne organisation matérielle, assure la régularité, la transparence, la sincérité des scrutins et garantit aux électeurs, ainsi qu’aux candidats en présence, le libre exercice de leurs droits ». Le scrutin du 30 juillet 2017 a démontré que la CENA n’est qu’un faire-valoir, pour le régime en place. A la veille d’un scrutin capital pour le devenir des sénégalais, la CENA qui se terre dans un mutisme consternant, est quasi-absente du processus électoral, reléguée au second plan par le Ministre de l’Intérieur qui a la mainmise totale sur le processus électoral. La CENA va-t-elle sortir de son hibernation et prendre l’exacte mesure de sa mission le 24 février 2019 ? Après les écarts considérables relevés entre les chiffres du Ministre de l’Intérieur (12381 bureaux de vote) et ceux du Président de la Commission nationale de recensement des votes (13594) lors du référendum de 2016, avec une différence de 1213 bureaux de vote, le fiasco électoral du 30 juillet 2017 (rétention des cartes d’électeurs de plus d’un million de citoyens, sabotage du vote à Touba et inversion des résultats à Dakar), le monde entier est rivé sur l’organisation du scrutin du 24 février 2019. Parce que comme le dit le doyen Mody Niang, Macky Sall, n’est pas un homme honnête sur le plan moral, il appartient à tous les citoyens sénégalais de sécuriser leur vote. Compte tenu de la configuration politique, et des forces en présence, la théorie du passage au 1er tour relève d’une fiction et de la propagande politicienne. Ce n’est pas un hasard si Macky SALL s’est attaché les services de 15 avocats pour le scrutin du 24 février : l’homme est habité par le doute et craint une surprise.
Seybani SOUGOU