Dakarmidi – L’Union des magistrats Sénégalais (UMS) a organisé, ce jeudi, un atelier portant sur le thème « Etat de droit et Indépendance de la Justice : enjeux et perspectives de réformes ». Selon le président de l’UMS Souleymane Téliko, s’ils insistent autant sur la thématique de l’indépendance de la justice, c’est parce que les magistrats ont pris l’exacte mesure des enjeux de cette thématique.
A son avis, le droit de critiquer ne doit pas tourner au culte du déni. Puisque, des centaines, voire des milliers de décisions sont rendues dans des conditions de transparence totale et dans des délais plus que raisonnables. « Tout cela, on le doit à la qualité de la formation dispensée par le Centre de formation judiciaire (CFJ) ainsi qu’aux efforts en équipements fournis par les autorités étatiques », a déclaré Souleymane Téliko.
Toutefois, précise-t-il : « le devoir d’objectivité nous oblige aussi à reconnaître que notre système judiciaire comporte des limites certaines que nous gagnerions à identifier et à corriger, pour le bien de tous. Par conséquent, certaines critiques qui émanent de nos concitoyens, au nom de qui nous rendons justice et dont on ne peut contester le bien fondé, doivent être accueillies avec humilité et traitées avec clairvoyance ».
Poursuivant son propos, le président de l’UMS soutient que les magistrats ont la redoutable et exaltante mission de rendre la justice. « Beaucoup d’entre nous font preuve, dans l’exercice de leurs fonctions, d’une abnégation et d’une ardeur qui en disent long sur l’amour qu’ils portent à Dame Justice. Aussi est-ce avec beaucoup de peine que nous entendons nos concitoyens adresser des critiques parfois acerbes à cette institution judiciaire à laquelle nous sommes si attachés », a expliqué le président de la Cour d’appel de Thiès.
« SANS INDÉPENDANCE, LA JUSTICE PERD EN CRÉDIBILITÉ »
Pour lui, le service public de la justice peut, certes, souffrir de dysfonctionnements liés au manque d’équipements, de locaux ou de personnel ; il n’en perdra pas pour autant, nécessairement, sa crédibilité. Mais, martèle-t-il : « Dès lors qu’aux yeux du public, elle donne l’impression de manquer d’impartialité ou d’indépendance, la Justice perd une bonne partie de ce qui fait sa force : la confiance des justiciables ». Et d’ajouter : « sans une indépendance garantie et assumée, la justice perd en crédibilité et en autorité. Car, ce n’est pas la force qui fait la justice, mais, plutôt, la justice qui fait la force ».
Par conséquent, il estime que les magistrats doivent travailler à préserver ce lien primordial de confiance qui constitue un devoir pour chacun de nous.
Etayant ses propos, il explique : « Ce « nous » s’adresse, en premier lieu, aux acteurs de la justice qui doivent adopter, en toute circonstance, une posture de neutralité et incarner la figure de tiers impartial et désintéressé. Ce « nous » s’adresse, aussi, aux décideurs et responsables de tous bords, qui doivent tout mettre en œuvre pour préserver la respectabilité de l’institution judiciaire et, le cas échéant, l’ajuster aux standards modernes d’une justice indépendante et impartiale ».
En effet, d’après Souleymane Téliko, l’Etat de droit est une œuvre jamais achevée et une conquête de tous les jours. Le Sénégal peut se targuer d’avoir, de l’indépendance à nos jours, franchi bien des paliers à travers la consécration de droits et libertés dans des domaines aussi cruciaux que ceux de la liberté de la presse ou le pluralisme politique.