Le Sénégal vient de perdre un homme discret mais essentiel. Sady Badiane, courtier et agent immobilier bien connu au Point E, s’est éteint dans des circonstances tragiques. Son décès n’est pas seulement une perte pour ses proches ou pour ses nombreux clients, à qui il a toujours su trouver des solutions ; c’est un drame révélateur d’un mal profond qui gangrène notre système de santé.
Professionnel irréprochable, d’une disponibilité constante et d’une générosité légendaire, Sady Badiane incarnait les valeurs de travail, d’humilité et de solidarité. Il était aussi un patriote sincère, très sensible à la marche de son pays, qu’il servait à sa manière à travers son engagement local et son dévouement professionnel.
Il y a une dizaine de jours, Sady a commencé à souffrir de violents maux de tête. Conduit à l’hôpital Gaspard Camara, il y a été rapidement réorienté vers l’hôpital Fann, qui n’a pu le recevoir faute de place. Il a alors été interné dans une clinique privée qui, malheureusement, ne disposait ni des compétences ni des moyens adéquats pour traiter son cas. Lorsque son état s’est aggravé, il a été transféré à l’Hôpital Principal, où il est tombé dans le coma avant de rendre l’âme.
Ce drame aurait pu être évité.
Sady Badiane n’est pas mort uniquement de sa maladie. Il est mort des défaillances d’un système censé protéger les vies, un système incapable de garantir une prise en charge rapide, coordonnée et efficace des cas urgents. Ce qui lui est arrivé peut arriver à chacun d’entre nous, quel que soit notre statut ou notre situation.
Ce cas met en lumière des carences structurelles bien connues mais toujours non résolues :
-L’absence d’un véritable service d’urgence centralisé et opérationnel.
-Le manque de lits, de personnel qualifié et de plateaux techniques dans les hôpitaux publics.
-L’inadéquation de nombreuses structures privées face aux cas critiques.
-Le flou total dans l’organisation des premiers secours, où le citoyen est seul face à l’urgence.
La santé avant tout ! Le décès de Sady doit être un électrochoc. Il nous oblige à repenser en profondeur notre système de santé, à sortir des discours de façade pour agir concrètement, avec courage, ambition et humanité. Car sans santé, il n’y a ni développement, ni justice sociale, ni dignité. Nous devons faire de la santé une priorité nationale réelle, et non un simple slogan. C’est un devoir moral, un impératif républicain.
Nous devons cesser de normaliser l’inacceptable.
Nous devons à Sady, et à tant d’autres avant lui, la vérité, la mémoire, mais surtout le changement.
Repose en paix, cher ami. Ton souvenir nous accompagne. Que ta mort ne soit pas vaine.
Abdoulaye DIENG – Entrepreneur