RESPONSABILITÉ ET LUCIDITÉ PAR Seydina Omar Ba
Le constat est amer : la présidentielle ne s’est pas tenue le 25 février. On sait tous que matériellement, elle ne pourra pas non plus se tenir avant le 2 avril 2024. Qu’on le veuille ou non, Macky Sall a réussi le report de l’élection en outrepassant allègrement ses prérogatives et en poursuivant jusqu’à présent ses pratiques dilatoires.
L’heure est maintenant à la responsabilité de tous ceux qui sont préoccupés par l’avenir du Sénégal. L’urgence est désormais de définir un schéma institutionnel de sortie de crise en ayant comme unique objectif le sort de notre pays.
Macky Sall n’est plus notre adversaire. De plus, il est disqualifié pour organiser cette sortie de crise. D’ailleurs, il ne s’occupe désormais que de son propre sort. En témoigne la curieuse loi d’amnistie qu’il s’entête à faire voter pour sauver sa peau.
Ma conviction est que la pression nécessaire doit s’accompagner d’une forte dose de lucidité. Les positions va-t-en guerre ne feront que creuser une crise déjà prodonde, qui a causé tant de dégâts à notre pays.
Si les candidats de l’opposition ont eu raison de ne pas prendre part à ce semblant de dialogue, il est désormais de leur responsabilité de prendre une part active dans la définition d’un schéma de sortie de crise avec réalisme et lucidité. L’opposition doit être force de proposition en sortant d’une adversité désormais dépourvue du principal adversaire. Insister sur la tenue de l’élection avant le 2 avril est une pure chimère politique.
Ma proposition est que la suppléance soit assurée par le président de l’assemblée nationale à compter du 3 avril avec comme mission principale l’organisation de l’élection dans les 90 jours. Continuer à évoquer les 3 conditions de la suppléance (décès, empêchement et démission), c’est s’enfermer dans un juridisme de mauvais aloi. La Constitution ayant déjà été largement torpillée, j’estime que la solution la plus réaliste et la moins catastrophique serait cette suppléance par le président de l’assemblée nationale. Autrement, nous courons deux risques : le maintien de Macky au pouvoir ou la prise du pouvoir par ces fameuses forces dont il faisait allusion. Car il est clair que ce pays ne saurait rester sans un chef à sa tête.
J’ajoute que le Conseil Constitutionnel n’est pas un simple lecteur de la Constitution. Il est interprète et producteur de droit à chaque fois que la situation l’exige. Cette attribution du CC a d’autant plus de pertinence dans ce contexte de crise qui a besoin du génie et du courage de ses membres pour nous éviter le chaos.
Telle est ma conviction !
Seydina Omar Ba