Dakarmidi – Parmi eux, celui de Gibraltar. Pour le plus grand bonheur des clients qui ont pris d’assaut les rayons du magasin de plus de 2 mille mètre carré.
« AUCHAN NOUS DÉPANNE »
La preuve ! En provenance de Thiaroye pour se rendre aux Hlm où elle gère son atelier, Rama Ndiaye a vite fait de se garer, narre-t-elle : « je n’y croyais pas quand j’ai vu qu’ils ont ouvert. Depuis avant-hier, je me renseignais pour savoir si le magasin n’avait pas subi de dommages. J’étais dans mon véhicule mais j’ai sursauté quand j’ai vu les portes ouvertes. Je me suis empressée de me garer pour entrer. Que Dieu leur prête longue vie. Je suis en train de faire mes achats. J’étais très fatiguée ces derniers jours parce que c’est Auchan qui me dépannait. On a tout dans cette grande surface. Ces opportunités sont vitales pour moi. Même si l’appellation est française, c’est nous dans nous. Je dis stop aux saccages des magasins Auchan. »
« JE SUIS TRÈS CONTENTE »
Madame Seydi choisit soigneusement ses gombos au rayon légumes. Accompagnée de ses deux petites-filles, elle coupe les bouts pour vérifier leur fraicheur. Son soulagement est perceptible car dit-elle : « je suis très contente et on remercie Dieu pour le retour de la paix. J’ai vécu ces derniers jours difficilement. C’était angoissant avec tout ce qu’il y a eu comme troubles. Que Dieu nous assiste. »
« Depuis qu’Auchan a ouvert, je ne m’approvisionne que chez eux, nous explique un retraité qui a requis l’anonymat. Non seulement, ils ont des produits de qualité mais aussi ils arrangent les populations. Un jour, laissez-moi vous dire que j’ai vu une femme, pour préparer son ’’thiébu dieun’’, est venue prendre une carotte, un navet, et un morceau de manioc, et cela lui a coûté moins de 400 F CFA. Par exemple, si vous voulez un steak, on vous vend un steak, ce que vous ne pouvez pas avoir chez le boucher. Si vous voulez un poisson, on vous le vend. On ne vous impose pas le pesage ou l’achat par kilogramme. »
HAUSSE DES PRIX ?
Tout en soupesant un poivron rouge, il précise que depuis que leurs filles sont mariées, il vit avec son épouse à Sacré Cœur. Et pour un couple, inutile d’acheter en gros, motive-t-il, par ailleurs.
Au-delà du soulagement, des clients déplorent, toutefois, une « hausse » sur les prix. Ce que les gérants se sont empressés de démentir. « Depuis qu’on a repris, il n’y a aucun changement. Il n’y a pas de hausse », rectifie la manager du rayon frais, Ndèye Tacko Badiane.
Centenaire était un des foyers de tension lors des violentes manifestations. Des jeunes menaçaient d’attaquer le magasin. Les stigmates sont visibles d’ailleurs, les vitres de la porte d’entrée présentent plusieurs fissures laissées par des projectiles.
UN DISPOSITIF SÉCURITAIRE POUR PARER À TOUTE ÉVENTUALITÉ
« Déjà, on avait mis en place un dispositif sécuritaire fort de plus de quinze éléments que nous a envoyés la Direction. Mais cela n’a pas suffi. On a dû négocier avec les manifestants en les conscientisant sur les conséquences de leurs casses. On leur a dit qu’on est 1 730 Sénégalais qui travaillent à Auchan. Et ça a marché », rassure le chef de rayon Produits de Grande Consommation (PGC), Alioune Badara Daff.
Un dispositif est mis en place pour éviter tout débordement : « on est en train déjà d’anticiper sur les commandes parce qu’il faudra un stock, avec tous les magasins qui sont fermés, les clients vont se rabattre sur nous. En plus de ça, on a un dispositif sécuritaire qui n’est pas visible à quelqu’un qui n’est pas de la maison. Aussi, on a dans le magasin des gens en civil qui sont en train de veiller à la sécurité des clients et du personnel. »
PAS ENCORE DE CHIFFRES SUR LES PERTES
En tant qu’employé comment avez-vous vécu ces derniers jours ? » C’est triste de voir partir en fumée autant de magasins. C’est des montants colossaux d’investissements mais aussi nous avons senti notre emploi menacé et aussi peiné pour tous nos collègues qui sont en chômage technique même si Auchan n’a licencié personne. Tout le monde garde son emploi. On a même reçu du renfort des autres magasins pour vous dire que c’est une belle initiative quand même de la part de l’entreprise malgré tous les dégâts. Certes le danger guette mais il y a le dispositif sécuritaire pour parer à toute éventualité. Quand il y a un problème, on va agir en conséquence ».
Contacté par Emedia, le chargé de communication d’Auchan, Pape Samba Diouf nous a indiqué qu’ils ne disposaient pas encore des données financières pour l’estimation des pertes. Une chose est sûre, elles sont colossales. Car sur les 33 magasins ouverts au Sénégal, une vingtaine n’est pas fonctionnelle. Pour certains, tout est à refaire après avoir été incendiés.
Les personnes interrogées ne sont pas insensibles aux troubles de la semaine dernière.
Trouvée aux rayons des épices, Rama Ndiaye demande au Gouvernement de revoir sa politique en faveur de la jeunesse : « les jeunes sont également fatigués. Je connais un carreleur qui travaille chez moi et il a un Master 2. Ce n’est pas bon ça. Que ceux qui doivent aller à la retraite le fassent et cèdent la place aux jeunes. Il est temps ».
Emedia