Après la sortie du Premier ministre Ousmane Sonko sur la reddition des comptes, Mamadou Lamine Ndiaye, membre du Mouvement National des Cadres Patriotes ( MONCAP) nous a accordé une interview ce 6 août pour appuyer les propos du chef du gouvernement. Commissaire aux enquêtes économiques, Il n’a pas omis de revenir sur les résultats inédits réalisés sur la baisse des prix opérée le 24 juin 2024.
« Un pays en lambeaux »
Pour le politique, les propos du Premier ministre tenus lors de la journée de » Sétal Sunu Réew » tenus le 3 août passé sont sans équivoques. » C’est un constat qui a été fait par le Premier ministre après 100 jours à la tête du gouvernement, le tout basé sur un diagnostic méticuleux de toutes les défaillances du régime précédent. Mais tout celà va être davantage éclairci dans les jours à venir dans le cadre de la déclaration de politique générale » a-t-il assuré.
Pour le membre de la Cordination de Pastef/ Kaolack, cette sortie du chef du gouvernement est corroborée par les faits constatés sur le terrain. » Dans aucun pays sérieux on ne pourrait imaginer que l’Etat soit dépossédé de son patrimoine au profit de personnes privées. Qu’un cartel de quelques individus se soit accaparé de tous les marchés publics en violation de toute la réglementation durant les 12 ans passés » a-t-il ajouté.
» Une justice piétinée sans ménagement »
Continuant son argumentaire, M. Ndiaye a encore donné en exemple l’état de la justice qui, en un moment donné, ne pouvait plus garantir l’égalité des citoyens devant la loi car subissant le diktat de l’exécutif. » Dans ces conditions, nous ne sommes pas seulement dans un Etat en ruine mais également dans ’une république en décrépitude. Maintenant, nous n’en sommes qu’au début du processus et le PM aura l’occasion avec sa DPG de revenir sur tous ces éléments pour éclairer la lanterne des sénégalais » a-t-il argumenté.
Pour le retard dénoncé dans la reddition des comptes, le membre du MONCAP préconise la prudence tout en dénonçant la démarche adoptée par le président Macky Sall en 2012 avec la Cour de la répression de l’enrichissement illicite ( CREI). Selon lui, cette cour n’était pas en adéquation avec les standards judiciaires d’un État de droit par l’absence d’un double degré de jugement mais aussi par l’inversion de la charge de la preuve.
» Après des années d’exercice, et des sommes colossales du contribuable dépensées dans des commissions rogatoires, la CREI avait peu de résultats comptables car tous les milliards annoncés n’ont jamais été recouvrés. En plus, sur une liste de 25 personnalités seules 2 ont été sacrifiées sous l’autel de la politique politicienne à savoir le secrétaire général du parti démocratique sénégalais (PDS) Karim Meïssa Wade et M. Robert Bourgi » a rappelé M. Ndiaye.
» Avec le président Diomaye, le temps de la justice »
Avec l’avènement du régime de son Excellence le président Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko, l’Etat veut sanctionner les coupables de détournement de deniers publics, les coupables de corruption et délits assimilés ainsi que les infractions liées aux marchés publics mais aussi récupérer leurs biens amassés illicitement, tout en respectant la présomption d’innocence et les droits des présumés coupables, a assuré M. Ndiaye.
» Après l’instauration de toutes ces garanties, il est clair que la finalisation des propositions issues du dialogue national sur la réforme de la justice est primordiale dans cette dynamique de la reddition des comptes. Aujourd’hui, certains magistrats sont disqualifiés pour traiter de ces affaires de corruption vu leur accointances avec l’ancien régime. Le pool financier judiciaire serait l’organe la plus habilité à traiter de ces dossiers » a proposé M. Mamadou Lamine Ndiaye.
Pour répondre aux détracteurs de la reddition des comptes et ceux qui epiloguent déjà sur une éventuelle » justice des vainqueurs « , le Cadre de Pastef rétorque que la justice des vainqueurs suppose, soit de sanctionner des innocents sans aucune preuve de leur culpabilité, soit faire sanctionner des personnes par des juges ou des autorités qui n’en ont pas la compétence. En l’espèce il n’en est rien. Ceux qui ont toujours inscrit leur gestion dans la transparence et la rectitude, n’ont pas peur de cette reddition des comptes. Par contre, ceux qui crient déjà à la vengeance préparent l’opinion à leur probable condamnation car ils ne sont pas exempts de reproches » a-t-il démontré.
» Une baisse des prix pérennisée »
M. Mamadou Lamine Ndiaye, Commissaire aux enquêtes économiques en service à la Direction du Commerce intérieur au ministère de l’industrie et du commerce a balayé d’un revers de main, les rumeurs sur d’éventuelles résistances de commerçants et la non effectivité de la baisse des prix sur le marché.
» C’est une affirmation hasardeuse qu’aucune donnée statistique ne peut corroborer. Sur les 6 produits dont les prix ont été homologués, 5 ont eu un taux d’application record de plus 90% d’effectivité dans la région de Dakar au bout de 40 jours. Seul le sucre connaît une tension est celà est liée à la disponibilité du produit au niveau des grossistes et des demi-grossistes. S’y ajoute également un problème d’ordre métrologique relatif au respect du poids de 50 kg dénoncé par certains détaillants en ce qui concerne le sucre. » a-t-il constaté.
Mais, il s’empresse d’ajouter que les services du ministère du Commerce et la Compagnie sucrière sénégalaise ( CSS) sont en train de travailler pour pallier à tous les problèmes et que des solutions pérennes vont être trouvées dans les meilleurs délais. » En définitive, on peut dire qu’on n’a jamais eu des résultats aussi satisfaisants en matière de baisse au bout de 40 jours. Et celà est dû à l’implication citoyenne mais aussi l’engagement patriotique des opérateurs économiques comme les importateurs, les grossistes, les demi-grossistes et même les détaillants » a-t-il conclu.
B. TOURÉ